Cette situation est plus fréquente que nous le pensons ! Des chercheurs, en consultant une base de données, ou un sommaire de revues, ou par un message d’un collègue découvrent a posteriori qu’ils étaient auteurs d’un article. Dans de rares cas, ces chercheurs ne sont pas contents, mais plus souvent ils se contentent d’ajouter une ligne à leur CV ! Deux données :
- Le blog RetractionWatch a expliqué la situation de David Cox, un directeur d’un laboratoire IMB d’intelligence artificielle à Cambridge, USA. Il a découvert par hasard fin 2020 qu’il était co-auteur de deux articles dans la revue Cluster Computing : un article de 2017 et l’un de 2018. Les auteurs étaient chinois et l’auteur correspondant à Macau, et D Cox ne les connaissait pas. Son adresse email avait été inventée, mais son affiliation était exacte. Il a protesté, les auteurs ont reconnu et la revue a d’abord voulu corriger les articles en enlevant son nom de la liste des auteurs.. Le propriétaire de la revue, Springer, a été plus efficace que la rédaction de Cluster Computing ! Puis D Cox a insisté, la rédaction de la revue a revu sa décision et finalement les deux articles ont été rétractés. L’histoire complète est dans deux billets de RW : le 26 janvier 2021. et le 1 février avec les rétractations. Voici la note de rétractation : ‘After publication, it has come to the Editors’ attention that the email address provided for Dr. David Cox as part of the submission did not belong to him. The corresponding author and Dr. Cox have confirmed that Dr. Cox did not contribute to the article. Dr David Cox’s name has been removed from the author list and his biographical information included in the article pdf has been redacted. Moreover, post-publication peer review found that the methods and results are inadequately described to support the conclusions presented in the article. The Editors-in-Chief therefore no longer have confidence in the reliability of the work presented.‘
- Avec E Decullier, j’ai étudié cette question par des interviews de cliniciens (Hospices Civils de Lyon) sur leurs pratiques de publications en 2003 (39 cliniciens) et en 2019 (26 cliniciens). Les résultats ont été publiés dans Journal of Medical Ethics avec pour titre : Have ignorance and abuse of authorship criteria decreased over the past 15 years? En bas du tableau 5, il y a la question ‘Avez-vous découvert après la publication d’un article que vous étiez l’un des auteurs ?‘ La réponse a été OUI pour 62 % en 2003 et pour 42 % en 2019.
Gardons à l’esprit que la moitié des chercheurs ont été auteurs sans en avoir été avertis lors de la soumission d’un manuscrit. ETONNANT ! NON !
2 commentaires
Cher Hervé,
N’êtes-vous pas en train de faire une généralisation « Les chercheurs » d’un échantillonnage très réduit de 65 « cliniciens (Hospices Civils de Lyon) » et probablement pas représentatif ?
Cordialement.
Bonsoir
ce n’est pas généralisable à des domaines comme les science sociales et beaucoup de sciences dures, y compris biologiques
Par contre en médecine clinique, les pratiques d’auteurs sont particulières
Vous avez raison, difficile de généraliser… Mais par contre à 15 ans d’écart, beaucoup de similitudes, bien que les revues aient amélioré l’information des co-auteurs
Merci pour votre commentaire
MERCI