Nos collègues sont naïfs surtout quand ils veulent une publication rapide. J’ai fait plusieurs billets sur cet éditeur dont les profits s’envolent d’année en année ! Il est courageux, et dangereux, de voir que des chercheurs affirment leurs opinions sur cet éditeur qui publie des revues ni légitimes ni vraiment prédatrices. Des organisations demandent à leurs chercheurs d’éviter MDPI dont les pratiques sont orientées vers le profit plutôt que la dissémination d’une science de qualité.
Un article publié en août 2021 dans la revue Research Evaluation, signé par un économiste de Séville (Espagne) contient de nombreuses données sur des revues de MDPI. Ce groupe de Bâle (Suisse) mais avec des employés en Chine a été créé en 1996 avec le nom Molecular Diversity Preservation International, avant l’arrivée du Gold Open Access, et le nouveau nom de Multidisciplinary Digital Publishing Institute. En 2019, les 218 revues avaient publié 106 152 articles. Il y a 67 207 rédacteurs, et un temps de publication moyen de 39 jours après la soumission. Cet article est astucieux car c’est une analyse de 53 revues de MDPI en comparaison de 53 revues légitimes d’éditeurs MDPI, et choisies car proches des revues MDPI (ces dernières ont parfois des noms proches de revues légitimes). Le tableau 2 de l’article compare ces 53 paires de revues pour la taille des comités de rédaction et les taux d’auto-citations…. éloquent ! Y-a-pas photo : les pratiques de MDPI sont inquiétantes et ne correspondent pas aux pratiques de la profession. Inquiétant car la plupart des revues MDPI sont indexées dans les grandes bases documentaires. Le tableau 3 analyse les auto-citations au sein des revues du groupe (pour ne pas être vu par la police des bases documentaires). Des taux de citations d’articles de revues MDPI au niveau de 30 % en général, et parfois au delà de 50 %. Tout cela pour augmenter le facteur d’impact et satisfaire nos pairs qui croient encore que le facteur d’impact évalue la qualité des articles, alors que c’est un indicateur de notoriété.
Cet article a une mise en garde, et des commentaires sur PubPeer, dont celui provenant de MDPI… faisant suspecter que MDPI a peut-être lancé ses avocats…. L’article de Research Evaluation est à charge, mais avec des arguments. Le commentaire de MDPI relève des erreurs probables, est documenté… mais le fonds de l’affaire mérite réflexion avant de soumettre à ce groupe.