Il s’agit d’un article d’opinion dans la bonne revue Accountability in Research le 6 janvier 2022. L’auteur se nomme Jason Scott Robert, School of Life Sciences, Arizona State University, Tempe, Arizona, USA. Il aborde un sujet qui mérite attention. Le titre annonce le plan : Misconduct in research administration: What is it? How widespread is it? And what should we do about it?
Voici une traduction du résumé de l’article qui fait 21 pages : La quasi-totalité de la littérature scientifique sur la conduite responsable en recherche (RCR) se concentre sur l’intégrité des scientifiques – notamment pourquoi les scientifiques se comportent mal, et comment améliorer la formation et le respect des politiques institutionnelles et fédérales pour prévenir l’inconduite en matière de recherche. Ce que cette littérature n’aborde pas encore, c’est l’intégrité des personnes responsables de l’administration de la recherche. Cet article explore la conduite responsable de l’administration de la recherche et le potentiel d’inconduite administrative. Il met en évidence les façons dont un manque d’intégrité dans l’administration de la recherche peut compromettre les progrès de la science, la carrière des chercheurs et la réputation des institutions tout autant que l’inconduite en matière de recherche. En conséquence, j’appelle à des recommandations et à une surveillance appropriée de l’administration de la recherche qui soient à la hauteur des recommandations et de la surveillance régissant l’inconduite des scientifiques en matière de recherche.
L’article est bien construit, apportant plutôt des axes de solution, sans condamner. l’auteur propose une taxonomie de ces méconduites, avec 3 catégories : abus de pouvoir, déviation des tâches, et manque de responsabilité.
Bien que très américain, avec des exemples du système américain, cet article apporte des réflexions généralisables à tous les pays. Les dysfonctionnements de l’administration de la recherche ont été décrits, mais pas sous l’angle intégrité. Nous connaissons les retards, les liens d’intérêts et autres comportements. Faut-il élargir les missions des référents intégrité scientifique (RIS) ? Il existe aux USA, avec les documents de l’ORI (Office of Research Integrity) quelques recommandations pour les RIS.
L’auteur propose 7 recommandations à la fin de l’article tout en reconnaissant qu’il faudrait d’abord plus de données sur ces méconduites administratives et faire des recherches.
4 commentaires
L’attitude des « administrateurs de la recherche » (mais que recouvre exactement ce vocable en France ? je n’ai peut-être pas la même définition que les autres), dans mon expérience personnelle, est la suivante : fermer les yeux, se boucher les oreilles, ne rien dire… Surtout pas de vagues, apaisons, apaisons… Laissons les fraudeurs et les imposteurs frauder en paix, ce sont les lanceurs d’alerte qu’il faut museler, ils perturbent le bon fonctionnement de l’unité (de la faculté, de l’université, de l’institution, selon le niveau). La consigne : ne pas répondre aux « provocations ».
Quand je me suis insurgé lorsqu’un « pôle de compétences » sur les « compléments alimentaires » a été mis en place par l’université de Bordeaux, assaisonné d’une « rencontre » avec leur syndicat, aucun officiel n’a daigné me répondre…
je suis d’accord avec l’e commentaire précédent. Il y a une opacité du financement de la recherche dans plusieurs domaines et surtout des budgets qui s’y rattachent. La rémunération des SIGAPS; MERI MIGAG est rarement transparente, certaines structures ayant la fâcheuse habitude de tout phagocyter.
Abus de pouvoir, abus de pouvoir.
Cela me rappelle une altercation avec une responsable financière, début des années 2000. Nous avions besoin d’un four très haute température et les devis suite à la mise en concurrence étaient arrivés. Je prépare le dossier commande et vais voir la responsable pour signature.
Réponse : « le quota des commandes de fours a été dépassé par l’université (de Poitiers) et donc il n’est plus possible de faire cette commande ; arrangez-vous avec ceux qui ont fait cette commande avant-vous. »
C’est des très rares fois ou je me suis énervé. Devant une telle bêtise (il y a des mots plus forts), de retour au labo j’ai pris beaucoup de temps pour contacter le fournisseur et passer d’une commande de four à une commande d’un ensemble de matériels permettant la construction d’un « appareil pour études thermodynamiques ». Le cout de chaque élément devait être inférieur à un montant fixé par l’administration mais qui restait faible étant considéré comme consommable. Donc liste mise en point avec le fournisseur et commande. La mention four ne devait pas figurer.
Cout en temps très important, moral et rendement scientifique en baisse.
Cet épisode m’a marqué pour une très longue période, mais heureusement la gestion effectuée par le CNRS a pu prendre la relève.
Et nous n’étions pas les seuls.
merci de m’avoir lu,
Charles Kappenstein
Bonjour
merci pour tous vos commentaires et rapports d’expériences. Très intéressant pour des pratiques insuffisamment étudiées, méconnues mais qui existent réellement.
MERCI