J’ai évoqué un problème connu en Chine, avec la prise d’organes de prisonniers pour les transplantations. Les revues scientifiques ne devraient pas accepter des publications non éthiques. Les équipes chinoises ont une expérience des transplantations et ce phénomène est connu des transplanteurs. C’est la première fois que je découvre un article fait à partir d’articles primaires de langue chinoise. La littérature chinoise est très abondante, mais totalement inexploitée dans notre monde occidental. Ce travail est signé par deux chercheurs d’Australie et d’Israël.
Cet article du 4 avril 2022 dans la revue American Journal of Transplantation (facteur d’impact de 8) a pour titre ‘Execution by organ procurement: Breaching the dead donor rule in China‘, et il est en accès libre. L’originalité est qu’il a pris en compte la littérature en langue chinoise, car en langue anglaise, il y a peu d’articles sur ce sujet. Cette revue systématique a inclus 71 articles chinois dont les détails sont dans une annexe électronique de 25 pages. Tout semble bien référencé. La stratégie de recherche est dans une autre page. Je ne retiens que quelques paragraphes.. car c’est insupportable.
Nous avons utilisé l’analyse de texte automatique pour effectuer une revue scientifique de 2838 articles tirés d’un ensemble de 124 770 publications en langue chinoise sur les transplantations. Notre algorithme a recherché des preuves de déclarations problématiques de mort cérébrale lors de l’obtention d’organes.
Selon trois sources officielles, dont l’actuel responsable du secteur des transplantations, le nombre de donneurs d’organes volontaires (c’est-à-dire non prisonniers) en Chine était, en 2009, de 120 ou 130, ce qui ne représente qu’environ 0,3 % des 120 000 organes officiellement déclarés comme ayant été transplantés au cours de la même période (en partant du principe que chaque donneur volontaire a donné trois organes). Le responsable du secteur des transplantations en Chine a écrit en 2007 que 95 % de toutes les transplantations d’organes provenaient effectivement de prisonniers.
Le nombre d’études comportant des descriptions de BDD (règle du donneur mort ou dead donor rule) problématiques était de 71, publiées entre 1980 et 2015. Les BDD problématiques ont eu lieu dans 56 hôpitaux (dont 12 étaient militaires) dans 33 villes de 15 provinces. Au total, 348 chirurgiens, infirmiers, anesthésistes et autres travailleurs médicaux ou chercheurs ont été répertoriés comme auteurs de ces publications.
La lecture est terrifiante avec l’explication des brigades qui viennent tirer une balle dans le cerveau du futur donneur, ou de chirurgiens donnant la mort. Des exemples de Taiwan dans la discussion. Et pourquoi ces auteurs publient ? Cette analyse s’arrête à 2015… qu’en est-il en 2022 ? Ce serait officiellement arrêté !
Merci à Sophie Teboul
Un commentaire
La question que cette horreur soulève est aussi de savoir qui « bénéficie » des transplantations… infirmier en hémodialyse et transplantation pendant plus de 12 ans, on entendait parler de réseaux en Thaïlande, ou en Australie en lien avec la Chine, qui pouvaient accélérer les attentes de greffe, et ce n’était pas si cher que ça… ce trafic ignoble continue-t-il aujourd’hui ? Quién sabe ?