Le numéro 10369 du 17 décembre 2022 du Lancet contient plusieurs articles sur les apports de Louis Pasteur à la science. L’éditorial ‘Pasteur’s legacy in 21st century‘ nous précise qu’il est né le 27 décembre 1822 et liste les articles de ce numéro avec les messages principaux. J’ai parcouru les articles et lus certains en détail. J’ai repris une des images de l’article ‘Innovation for infection prevention and control—revisiting Pasteur’s vision‘, dont le premier auteur, Gabriel Birgand, a une affiliation à Nantes. Cette image expose les innovations ayant suivi les découvertes de Pasteur. Voici une traduction d’extraits de cet éditorial, avec de vous plonger sur l’article qui vous plaira :
Né en France, Pasteur était un jeune polymathe lorsqu’il s’est engagé sur la voie de découvertes d’une grande importance pour la société. À l’âge de 40 ans, il était un héros national et une autorité internationale en matière de microbiologie, de vaccins et d’immunologie. Sa théorie des germes de la maladie a jeté les bases de l’hygiène et de l’assainissement dans le domaine de la santé publique et mondiale. Il a mis au point le premier vaccin contre la rage humaine en 1885. Avec d’autres grands scientifiques de son époque, Pasteur a amélioré le raisonnement et la communication scientifiques, créant ainsi un héritage qui a catalysé les progrès en matière de santé humaine, progrès qui se sont poursuivis au cours des 150 dernières années. Pourtant, les maladies infectieuses continuent de causer des millions de décès inutiles. Avant même la pandémie de COVID-19, les données relatives à la charge mondiale de morbidité (global burden of disease GBD) indiquaient que les infections étaient responsables de plus de 20 % des décès dans le monde. Une étude sur la charge mondiale de morbidité publiée dans ce numéro spécial à thème de The Lancet indique que 13,6 % des décès dans le monde sont associés à seulement 33 agents pathogènes bactériens.
- Alison Holmes et ses collègues examinent les technologies et les stratégies qui ont fait progresser le contrôle et la prévention des infections dans le contexte des établissements de soins de santé. La plupart des infections nosocomiales peuvent désormais être évitées. Pourtant, la lutte contre les infections reste problématique dans les pays à faible revenu où la mise en œuvre de pratiques simples est difficile et souvent laissée de côté.
- Bernadette Abela-Ridder et ses collègues examinent le fardeau disproportionné de la rage, qui tue encore une personne toutes les 10 minutes environ, dans les milieux pauvres, malgré des vaccins efficaces pour briser les chaînes de transmission entre les humains et les chiens.
- Salim Abdool Karim et Izukanji Sikazwe évoquent l’obstruction des efforts de l’Afrique pour fabriquer des vaccins COVID-19.
- Giles-Vernick et ses collègues traitent des inégalités et des problèmes sociétaux qui remettent en cause les mesures de santé publique. Il apparaît clairement que l’incapacité à offrir une protection égale à tous est la conséquence des inégalités en matière de santé qui sont propagées par les environnements socioculturels et politiques, l’insécurité civile et l’inefficacité des messages et de l’engagement communautaire.
Au XXIe siècle, le paysage des maladies infectieuses est en pleine mutation. Des agents pathogènes anciens et nouveaux apparaissent sous la pression croissante des forces anthropiques. Le changement climatique affecte la distribution et la transmission des agents pathogènes. La résistance aux antimicrobiens (RAM) et les zoonoses émergentes constituent des menaces profondes, aujourd’hui et dans un avenir immédiat. Chaque année, plus d’un million de personnes – et ce chiffre est appelé à augmenter – meurent à cause de la RAM bactérienne, ce qui affecte de manière disproportionnée les populations où les infrastructures de soins de santé et d’assainissement sont les plus faibles. Les pandémies deviendront plus fréquentes, mais les leçons de COVID-19 sont ignorées. Pour lutter contre ces menaces, la Commission du Lancet sur les leçons à tirer de la pandémie COVID-19 appelle à la prosocialité, en réorientant les gouvernements et les institutions vers des systèmes multilatéraux qui favorisent la collaboration et la solidarité internationales en matière de santé publique.
Le contexte social et politique instable dans lequel nous vivons crée de nouveaux défis de santé publique. Une infodémie a vu la diffusion rapide de fausses informations qui trouvent un écho auprès des gens, contrairement aux conseils des experts. L’hésitation à se faire vacciner constitue désormais un obstacle majeur à la lutte contre les maladies infectieuses, en particulier dans les pays à revenu élevé. De nombreux parents hésitent à faire vacciner leurs enfants en raison d’inquiétudes quant à la sécurité des vaccins, malgré les assurances données par les médecins et les autorités de santé publique. Cette hésitation reflète un effondrement plus général de la confiance dans l’État et dans les scientifiques. Comme le notent Ilana Lowy et William Bynum, Pasteur a façonné son image publique pour soutenir ses recherches. Il a compris le pouvoir de la connaissance, du savoir-faire et de la diffusion de l’information dans sa relation avec le public. Aujourd’hui, plus que jamais, la communauté de la recherche médicale doit aiguiser des compétences créatives et authentiques en matière de communication scientifique et d’engagement du public pour rétablir la confiance avec une société divisée, afin que son travail puisse sauver des vies.
« En notre siècle, la science est l’âme de la prospérité des nations et la source vive du progrès. Sans doute, les fatigantes discussions quotidiennes de la politique semblent être notre guide – vides d’apparences !- ce qui nous fait vraiment avancer, ce sont quelques découvertes scientifiques et leurs applications. » Ces mots de Pasteur ne pourraient être plus poignants dans un 21e siècle qui s’annonce dominé par des politiques polarisantes et nuisibles à la santé. Pasteur avait compris que la science est fondamentale pour la santé humaine, et ses valeurs – une présence scientifique et un engagement dans les crises de santé publique – sont au cœur des efforts de lutte contre les maladies infectieuses.
Un commentaire
Grand merci de nous faire partager ce bel hommage du Lancet à Louis Pasteur. Et les revues médicales françaises, que font-elles pour célébrer cet anniversaire ?