En 2019, j’ai été impressionné par la conférence plénière d’Alan Finkel lors du congrès mondial de l’intégrité scientifique à Hong Kong, sans diapos mais passionnant. L’anglais est facilement compris et de nombreuses données exposées lors de cette conférence sur l’état catastrophique de la recherche… la mauvaise reproductibilité, les rétractations, etc… Je l’ai ré-écoutée avec plaisir.
Il explique que son chef publiait deux articles par an !!!
Belle carrière pour ce neuroscientifique entre fondateur de sociétés jusqu’à Australia’s Chief Scientist from 2016 to 2020. Il a présenté la règle des cinq pour un CV dans un éditorial de Nature : pas plus de cinq articles des cinq dernières années. Dans sa conférence, il laissait entendre que cinq n’était pas gravé dans le marbre. Il a utilisé des exemples de sa carrière dans l’industrie en Californie… sur l’assurance qualité !!! Les milieux académiques pourraient s’inspirer des pratiques de l’industrie ! Il ne faudrait prendre en compte que des articles publiés dans des journaux qui suivent un PPQA (Publication Process Quality Insurance).
‘Top 10 in 10’ policy
En juillet 2023, j’ai contacté Alan Finkel pour savoir si cette règle était toujours employée, et il m’a suggéré de contacter Anne Kelso qui lui a succédé et qui était directrice du NHMRC (National Health and Medical Research Council) jusqu’à ce jour. Un extrait de sa réponse : Previously, applicants had provided a full list of their publications for the past 10 years, highlighting their top 5 publications with an explanation for their selection. In 2022, we changed this to require applicants to provide no more than their top 10 publications over the past 10 years with an explanation for their selection (‘Top 10 in 10’ policy); their full publication list was no longer provided to peer reviewers.
Mme Kelso m’a donné le lien de la page du site NHMRC qui explique cette politique (image ci-dessus). Le système a été évalué mais le rapport n’est pas public. Cela va faire cinq ans que ce système est employé pour évaluer des dossiers de demandes de ressources.
Les problèmes :
- est-ce qu’un jury français a le temps de lire des articles alors qu’un indicateur manipulé (le facteur d’impact) compte automatiquement des haricots ?
- pourquoi les journaux scientifiques n’ont pas de système d’assurance qualité ?
2 commentaires
En tant qu’ancien Vice-Président Recherche du CHU de Strasbourg, c’est une solution que je prône depuis plusieurs années pour les hospitalo-universitaires. Les candidats à un poste HU devraient ne présenter que (par exemple) leur 5 meilleures publications. Cela aurait plusieurs conséquences à mon avis favorables : (1) chacun ne ferait que 5 à 10 publications de manière à pouvoir choisir vraiment dedans lesquelles sont les meilleures (2) par voie de conséquence, on aurait le temps de faire de bonnes publications plutôt que d’en faire beaucoup de mauvaise qualité et (3) cela laisserait le temps aux membres de jurys de lire lesdites 5 publications et de voir ce que vaut vraiment le candidat, quelles sont ses compétences en matière scientifique. Si les 5 meilleures ne sont pas bonnes, le candidat est mauvais. Inutile d’en faire plus. Et en même temps, cela n’empêche pas de faire beaucoup de bons articles si l’on en est capable. Devant un jury il est toujours possible de placer le fait qu’outre les 5 très bonnes publis présentées, on en 10, 15, 20 autres.
Évidemment, cela remet en cause l’IF et les SIGAPS et tout la partie du financement des CHU basé sur ces SIGAPS mais nos énarques sont certainement capable d’inventer une règle de financement basé sur la qualité plutôt que sur la quantité.
Bonjour,
merci pour votre commentaire, et vous n’êtes pas isolé… mais le système ne change pas très vite…
Cordialement