Un éditorial a été publié simultanément par plus de 100 journaux scientifiques en août 2023. En accès libre, il a été signé par les rédacteurs de revues prestigieuses, BMJ, Lancet, NEJM, JAMA et autres… Son titre : Reducing the risks of nuclear war — The role of health professionals. Il m’a fait prendre conscience de l’activisme de communautés de chercheurs pour essayer d’alerter, voire de lutter, contre les risques de guerre nucléaire.
Deux prix Nobel de la paix pour réduire les armes nucléaires (1985 et 2017)
Les professionnels de santé, dans les années 80s, période de la guerre froide, ont suivi les initiatives des physiciens. La création et les combats d’une société savante, l’Association internationale des médecins pour la prévention de la guerre nucléaire (connue sous l’acronyme anglais IPPNW) ont marqués ces années. Des initiatives pour éduquer le public et les décideurs ont été si nombreuses et bien perçues que le prix Nobel de la paix de 1985 a été attribué à l’IPPNW. C’est une organisation pacifiste de médecins qui s’engagent pour le désarmement nucléaire, fondée en 1980 par des médecins américains et russes et basée à Boston. Ces initiatives ont conduit en 2017 à la signature à l’ONU du traité sur l’interdiction des armes nucléaires. Et ensuite prix Nobel 2017 de la paix à l’ICAN, ONG basée à Genève.
Un autre éditorial a été écrit par l’un des fondateurs de l’IPPNW (James Muller) dans le JAMA cardiology et nous rappelle quelques données oubliées : tous ces efforts ont permis de diminuer les armes nucléaires dans le monde. De 60 000 armes dans les années 80s, nous sommes descendus à moins de 13 000 de nos jours ! Mais le risque nucléaire a probablement augmenté dans le monde… Les catastrophes seraient immenses : 250 armes pourraient tuer 120 millions de personnes et avoir des conséquences climatiques avec des famines concernant 2 milliards de personnes. Une grande guerre entre les américains et les russes pourrait tuer 200 millions de personnes, et tuer 5 ou 6 milliards de personnes mettant en péril l’humanité !
Minutes to midnight : 100 secondes
Ce fondateur de l’IPPNW, cardiologiste à Harvard, a aussi publié en décembre 2022 un article dans European Heart Journal dont j’ai repris une image, intitulée Minutes to midnight. C’est l’illustration du risque nucléaire de à nos jours. Il n’a jamais été aussi court (100 secondes) que depuis la guerre en Ukraine.
L’éditorial de ces revues a été traduit en français par l’Association des médecins français pour la prévention de la guerre nucléaire (AMFPGN) qui est affiliée à l’IPPNW. Je reprends la partie des demandes des rédacteurs de journaux médicaux : Nous demandons maintenant aux associations de professionnels de la santé d’informer leurs membres dans le monde entier de la menace qui pèse sur la survie de l’humanité et de se joindre à l’IPPNW pour soutenir les efforts visant à réduire les risques de guerre nucléaire à court terme, y compris trois mesures immédiates de la part des États dotés d’armes nucléaires et de leurs alliés : premièrement, adopter une politique de non-recours en premier ; deuxièmement, retirer leurs armes nucléaires de l’état d’alerte permanente ; et troisièmement, exhorter tous les États impliqués dans des conflits actuels à s’engager publiquement et sans équivoque à ne pas utiliser d’armes nucléaires dans le cadre de ces conflits.
Je constate, mais peut-être suis-je très mal informé, que ces initiatives n’ont pas assez d’écho en France. Je ne connais par de revue scientifique française ayant publié cet éditorial. Il n’est jamais trop tard pour que des revues françaises s’engagent et publient cet éditorial.
2 commentaires
Bonjour Hervé,
La revue de la société française d’anesthésie-réanimation (SFAR), Anaesthesia Critical Care and Pain Medicine, qui est notre revue même si publiée en Anglais, a publié cet éditorial, elle est d’ailleurs dans votre liste.
Merci encore pour tout votre boulot.
Amitiés
Olivier
Bonjour,
avec mes excuses, et merci pour la correction. ACCPM est effectivement listé parmi les revues signataires de cet éditorial.
Excuses au comité de rédaction.
Bravo pour la revue car c’est un travail énorme.
Cdlmt