Ajouter une femme dans mon projet ?
- Je termine la rédaction d’un projet de recherche pour demander un financement de type PHRC (Programme Hospitalier de Recherche Clinique). Le projet devrait être accepté car il correspond bien à l’appel à projet. Il doit être soumis demain.
- Une partie importante consiste en la description de l’équipe de recherche. En relisant le projet, l’un de mes collègues me fait remarquer que l’équipe est composée de 5 hommes.
- Le financeur valorise les équipes respectant la ‘diversité’, et n’avoir que des hommes peut être contre-productif.
- Mon collègue suggère d’ajouter le nom d’une femme de l’équipe voisine bien qu’elle n’ait rien à voir avec nos projets.
Que vais-je faire ?
1. Je rejette l’option d’ajouter une femme : c’est de la poudre aux yeux…
2. Je réalise qu’il est important d’avoir de la ‘diversité’ dans une équipe de recherche. Je ne soumets pas le projet. Je vais contacter notre collègue femme et retravailler avec elle pour l’inclure.
3. Je suis le conseil. J’informe notre collègue femme que je vais ajouter son nom dans l’équipe de recherche sans lui demander de participer à la recherche.
4. Je soumets le projet avec l’équipe de 5 hommes. J’argumente que l’équipe a été choisie sur la base de l’expertise scientifique et que nous ne pouvons pas respecter une ‘diversité’ dans l’équipe.
Qu’en pensez-vous ?
Les discussions varient quand j’évoque ce cas avec des groupes… Les participants sont pragmatiques : la solution 2 pourrait faire perdre un an car ne pas soumettre demain signifie que je dois soumettre ailleurs ou plus tard. Comme le 1, le 2 n’est pas choisi. Donc, il faut soumettre… et les participants hésitent entre 3 et 4. La solution 3 ne semble pas gêner certains. La solution 4 est difficile à argumenter.
Et si c’était une équipe de 5 femmes ? Comment réagir ? Ajouter un homme qui ne fera rien est une hypothèse ?
Les réponses des participants peuvent varier selon la composition du groupe en matière de sexe.
Téléchargez la déclaration de Singapour HM
Les cas proviennent de situations réelles adaptées pour n’identifier personne ; ce sont des cas personnels, des cas d’autres collègues, ou des cas empruntés à dilemma games. Tous les cas d’intégrité scientifique de ce blog sont sur cette URL.
Un commentaire
Mon cher Hervé,
On fait d’une pierre deux coups, c’est un peu comme pour l’hydroxychloroquine.
1 – Le rédacteur n’avait qu’à lire les conditions de soumission du projet correctement mais il est sous pression: la revue, si possible exhaustive, d’une abondante littérature et la mise au point d’un protocole sérieux lui ont bouffé le peu de temps qui lui reste s’il a une activité clinique un peu soutenue.
2 – Il n’est pas forcément évident d’avoir, en lieu et en temps, une collègue disponible s’intéressant à la question et en mesure de participer au projet, pour des tas de raisons. Vouloir à tout prix respecter une parité ou une simple mixité, dans un sens comme dans l’autre, est ridicule. Les critères à retenir sont la disponibilité, la compétence et la motivation de chaque participant (Sans parler de l’intégrité). Tant mieux si les équipes sont mixtes mais bon…
Donc, la solution 4 ne me parait pas honteuse ni illogique même si elle ne correspond pas à la doxa. De même, un essai clinique inter hospitalier honnêtement monté, avec tous les garde-fous nécessaires, une démarche statistique rigoureuse concernant les effets de l’hydroxychloroquine sur la Covid 19, dans un contexte d’urgence et de catastrophe sanitaire ne m’aurait pas choqué, même s’il suffisait d’ouvrir un bon traité d’immunologie pour constater que les effets particulièrement délétères de la pandémie avaient déjà été observés et bien répertoriés, car liés à la mise en jeu d’une immunité innée certes active mais peu sélective et aux effets négatifs non négligeables. Les résultats négatifs d’un tel essai auraient au moins eu le mérite de dépassionner le débat et de calmer les querelles d’écoles.
Ceci étant, merci pour ton travail sur l’intégrité en recherche et bonne année à toi.