Des études incluses de mauvaise qualité
C’est une revue systématique avec méta-analyse d’enquêtes sur la pratique dite des auteurs honoraires. Ce sont ces collègues ajoutés dans la liste des auteurs par complaisance. En général, ils n’ont rien fait et penseront qu’il faut renvoyer l’ascenseur. C’est une stratégie gagnant-gagnant voire plutôt perdant-perdant. Cet article de 15 pages a été publié en février 2024 dans Scientific Reports par des chercheurs basés en Hollande ou en Californie. Il est très détaillé, long à lire, mais avec une bonne méthodologie. Par contre, les enquêtes incluses sont de mauvaise qualité, mais avec de bons échantillons (600 à 5 000 répondeurs).
Environ la moitié des enquêtés pratiquent ce sport
Voici une traduction du résumé (avec DeepL) : Une revue systématique et une méta-analyse de recherches par sondage ont été menées pour estimer la prévalence du statut d’auteur honoraire dans les sciences de la santé. Nous avons effectué des recherches dans PubMed, Lens.org et Dimensions.ai. jusqu’au 5 janvier 2023. La qualité méthodologique a été évaluée et des synthèses quantitatives ont été réalisées. Dix-neuf enquêtes ont été incluses et jugées de faible qualité méthodologique. Nous avons trouvé une prévalence groupée de 26 % [IC à 95 % 21-31] (6 enquêtes, 2 758 répondants) de chercheurs qui considéraient le(s) coauteur(s) comme honoraire(s) dans la publication en question (lorsqu’ils n’étaient pas référés à un quelconque critère de paternité). Cette prévalence était de 18 % [95 % CI 15-21] (11 enquêtes, 4272 répondants) lorsque les chercheurs étaient référés aux critères de paternité du Committee of Medical Journal Editors (ICMJE), et de 51 % [95 % CI 47-56] (15 enquêtes, 5111 répondants) lorsqu’il était demandé aux chercheurs de déclarer les contributions de leur(s) co-auteur(s) à la publication en question (et que ces contributions étaient ensuite comparées aux critères de l’ICMJE). 10 % des chercheurs [95 % CI 9-12] (11 enquêtes, 3.663 répondants) ont déclaré avoir été approchés par d’autres pour inclure un/des auteur(s) honoraire(s) dans la publication en question et 16 % [95% CI 13-18] (2 enquêtes, 823 répondants) ont admis avoir ajouté un/des auteur(s) honoraire(s). Les enquêtes indiquent systématiquement que les auteurs honoraires sont très répandus dans les sciences de la santé, mais la qualité des méthodes et des rapports d’enquête doit être améliorée.
Le tableau 5 avec les résumés des études est bien. Les méta-analyses ne sont pas très convaincantes, car la qualité des données ne semble pas bonne.
Un commentaire
Bonjour,
je ne suis pas sûr que les critères de l’ICMJE soient un gold-standard acceptable. La multiplication des auteurs prédateurs, par prédations des données présentent dans de multiples bases (CPAM ,Bamara, dossier informatisé hospitalier…), qui publient sur des pathologies dont ils n’ont jamais soignés le moindre patient mais dont ils deviennent a posteriori des « spécialistes renommés » voire des « professeurs reconnus » est une dérive inacceptable. Il s’agit d’un détournement scandaleux du travail des cliniciens, trop débordés par le déficit en pairs pour exploiter leurs propres données, au profit de rats d’ordinateur, bibliothèque est obsolète, qui en font choux gras et promotions. L’acquisition des données est le socle expérimental de la recherche clinique comme l’expérience de laboratoire l’est pour le fondamental. Exclure les cliniciens, renvoyés au rang de « contributors » au mieux, c’est comme renvoyer le fondamentaliste au rang d' »acknowledged ».
Je ris de plus en plus jaune de voir, les dossiers de patient dont je suis le médecin depuis de longue année être présentés, qui dans des cohortes, qui dans des « case report » voire utilisés pour justifier les effectifs nécessaire à telle ou telle étiquettte prestigieuse « centre de compétence », « centre de référence »… Etiquettes qui ne sont souvent que l’outil de base des mêmes qui sont « auteurs honoraires » par cooptation endogamique.
J’en profite pour remercier tous ceux qui font l’effort, s’en est un, de nous associer systématiquement aux publications et qui, de la sorte, sont hors-cadre de l’ICMJE mais à mon sens respecteux tant de la déontologie médicale que de l’éthique de la recherche.
Luc de Saint-Martin