Le titre du billet est une citation attribuée à Nietzsche qui est en page 142 de ce livre qui traite avec hauteur, réflexion, et sensibilité un sujet complexe ! Le titre ‘Pour les faits’, et Sur le site de l’éditeur, beaucoup de compléments.
J’ai lu deux fois ce livre passionnant et découvert des raisonnements utiles pour nos conversations. L’auteure, Géraldine Muhlmann, est une agrégée de philosophie et de science politique (Panthéon-Assas)… mais aussi une journaliste. Elle fait un panorama historique de la notion de ‘faits’ au cours du temps avec des exemples nord-américains depuis le 19ème siècle et des exemples actuels en France, et aussi en Ukraine (Boutcha). J’ai bien aimé, et j’ai choisi de reprendre les titres de tous les chapitres car ils sont informatifs, en ajoutant une citation ou un commentaire.
La fragilité des faits
A propos de Hanna Arendt (page 14° : Ce qu’elle n’avait pas envisagé, c’est qu’un jour des sociétés libres, dans un vaste vertige de communication, dans une immense conversation libre, dépassant les cadres nationaux et laissant parler beaucoup de voix indépendantes de tout pouvoir, puissent faire à leur tour un mal affreux et singulier à la notion de « fait » .
La virtualisation du monde
C’est la difficulté que nous avons à ressentir la vérité des faits (page 15). Ce chapitre évoque surtout les fake news
Nos vies bavardes
D’excellentes réflexion sur toutes nos chaînes infos, avec de très bonnes remarques sur les dérives de CNews… chacun ces faits ! Cette chaîne accorde le même temps de parole aux juifs et aux nazis (règle des both sides, page 69). La dernière phrase du chapitre en page 32 : Nous apprendre comment juger, tout le monde s’y met toute la journée ; nous apprendre toujours plus de choses sur la réalité dont on parle, c’est plus rare.
La question de l’impartialité (1) : le partage du sensible
La confiance est au cœur de l’impartialité. C’est dans ce chapitre qu’apparaît la notion de « faits alternatifs » (page 41). Je cite une injonction dans une rédaction américaine du 19ème siècle « Ne mélangez aucun critère éditorial ou jugement discutable aux informations. Gardez vos sympathies et aversions en dehors de votre papier » (page 44).
La question de l’impartialité (2) : les « rituels d’objectivité »
Beaucoup d’exemples anglo-saxons avec les notions de nose for news, de human interest. Reprise de déclarations de Bordeaux (1954) et de l’Unseco en 1983 avec le principe : « Le peuple et les individus ont le droit de recevoir une image objective de la réalité par le canal d’une information précise et complète » (page 63).
Les deux chapitres sur l’impartialité sont longs, par rapport aux autres, et c’est justifié.
La vengeance de la rumeur
Ce chapitre fait peur car il y a des extraits de l’émission TPMP de Cyril Hanouna. Inadmissible pour moi, et je ne reprends pas l’exemple. Description ensuite su stunt journalism ou coup de force.
Le rétrécissement de la curiosité
Nous avons une soif de discuter, mais c’est aux dépends des faits…. La conversation collective contemporaine, grâce aux réseaux sociaux en particulier, est démultipliée, mais la curiosité, le goût des faits est en berne (page 98).
Demain, le deep fake
Fake news et autres horreurs de l’IA… à voir dans le futur
La « factualité » et le corps
Chapitre intéressant de Descartes à Nietzsche pour réfléchir.
La construction des faits
Fait causal, causalité, statistiques et la notion de débattabilité. Pour lutter contre la notion de fait, on entend « Mais enfin un fait est toujours ‘construit’, et donc ce n’est pas un fait ». Il faudrait relire les travaux d’Anne Fagot-Largeault.
La haine des journalistes
Surprenant, mais peut-être est-ce la réalité. Sont-ils au service des puissants et contre le peuple ? Sont-ils attirés par le pouvoir ? Est-ce que le ses de leur métier vacille et qui perd son assise sociale ? Beau chapitre… il faut sauver les journalistes qui s’en tiennent aux faits.
Un « monde hostile »
Le titre de ce billet vient de ce chapitre. C’est vrai, il y a souvent trop de discours dans les médias (TV actuels) et pas assez de faits. Je reprends une devise anglo-saxonne en page 140 : Mon métier ce n’est pas d’inculquer aux gens ce qu’ils doivent penser, c’est de rendre la souffrance du processus de décision si grande que l’on ne peut y échapper qu’en réfléchissant.
La vie des autres
Et les séries télévisées ? La fiction nous apporte ce que nos vies, aussi connectées soient-elles, et nos voyages, pour certains d’entre nous, ne suffisent pas à nous donner.
Un commentaire
non les faits ne sont pas fragiles ce sont les paramètres de leurs examun qui le sont…par ailleurs l’esprit humain est évolutif comme la nature, donc les parametres sont ajustables jusqu’à la contracdiction mortifère, qui elle est incompressible…francois Berlan