Dernière journée, clairsemée le matin après la soirée avec diner, danses et vue sur le Parthénon illuminé.
Tackling racial and ethnic bias when translating research into policy
C’est Sabine Kleinert qui a présidé cette plénière qui nous interroge beaucoup. Il y a eu trois présentations très complémentaires avec des rappels à la déclaration du Cap :
- “Tackling racial and ethnic bias when translating research into policy – The researcher’s perspective”, Thirusha Naidu, University Of Kwazulu-natal
- “Tackling racial and ethnic bias when translating research into policy – The clinician-anthropologist’s perspective”, Jessica Cerdeña, University of Connecticut, Middlesex Health
- “Tackling racial and ethnic bias when translating research into policy – The editor’s perspective”, Mabel Chew, The Lancet
Plaisant de voir sur le podium quatre femmes reflétant la diversité (lors de la séance d’ouverture, on nous a servi quatre mâles blancs aux cheveux gris). Nous devons être sensibilisés à tous ces concepts qui différencient hérédité et racisme en médecine. Il faut donc collecter des données sur nos ancêtres comme demandé dans les instructions aux auteurs des journaux scientifiques. Avec l’IA, ce sera possible de mieux étudier ces maladies héréditaires ou conséquences du racisme. Un appel pour pratiquer la race-based-medicine. Nous avons besoin d’une ‘Race-councious medicine for justice’.
Les journaux doivent sortir d’une époque de colonialisme. Il existe beaucoup de rapports, recommandations et d’articles sur ces problématiques. La rédactrice du Lancet a donné des informations sur les rédacteurs des journaux du groupe Lancet, comme il a été présenté hier pour Springer. Comme hier, ce sont des mâles blancs de pays développés qui contrôlent les publications. Je vous suggère de consulter le site de la Royal Society of Chemistry (image ci-dessus).
Il y a quelques jours, The lancet a publié The Lancet Group’s new guidance to authors on reporting race and ethnicity. Les données sur la race, les ancêtres sont déjà demandées par des journaux. Signalons aussi le travail collaboratif C4DISC, Coalition for Diversity and Inclusion for Scholarly Communication. Derrière tous ces mouvements, il y a aussi la prédominance de l’anglais comme langue scientifique… ce que l’IA pourrait changer.
Quelques présentations
OP30.3: Empirical Insights into global retraction notices: Assessing Quality for Improved Transparency and Accountability. Une jeune chinoise a évalué la qualité des notices de rétractations et montré des variations majeures en appliquant des critères. Elle n’a pas publié, et n’a pas voulu me passer ses diapos.
OP30.4: Requiem for the retraction: why proposals for ‘honest retractions’ fail in their objective to promote and encourage the self-correction of science. Très bonnes réflexions d’un responsable intégrité chez Springer Nature, Tim Kersjes. Sa présentation montre la maturité des équipes des éditeurs qui doivent prendre des décisions difficiles.
OP30.5: Towards automatic detection of citation quotation errors: An open dataset and machine learning models Bonne présentation sur une automatisation pour rechercher les erreurs des citations. Les premières observations sont cohérentes avec les données de la littérature : entre 25 et 30 des citations à la fin d’un article ont des erreurs… et ne soutiennent pas ce que l’on fait dire à ces articles.
Remise des prix
Parmi les prix, le réseau ARIN a été mis en valeur. ARIN pour African Research Integrity Network, un réseau qui se réunit pendant ce congrès et qui a créé un groupe Whatsapp qui va faciliter les échanges…
Prochain congrès en 2026 à Vancouver, Canada.
Un commentaire
Les races n’existent que dans le cerveau des Américains.
L’espèce humaine est très homogène. Un être humain n’est pas défini par un caractère éminemment visible (la couleur de la peau étant le plus fréquemment évoqué), mais par tout un ensemble de caractères phénotypiques plus ou moins apparents. Dès 1906, DuBois concluait de ses études que « the concept of race was not a scientific category » [1], et Dobzhansky affirmait que « the problem with race was not its scientific use, but its nonscientific misuse » [2] Ces deux conclusions sont toujours valides, comme le souligne un article de Science publié en 2016 [3], d’où j’ai tiré ces références anciennes et qui en contient bien d’autres. Dans un éditorial paru dans Science en 2005 [4], Troy Duster écrivait : « Allelic frequencies vary between any selected human groups – to assume that those variations reflect “racial categories” is unwarranted ». Certains polymorphismes génétiques sont plus inégalement répartis entre Africains de l’Est (Kenyans, par exemple) et Africains de l’Ouest (Sénégalais), qu’entre Africains de l’Ouest et Européens. Pour d’autres polymorphismes, c’est le contraire. il a été montré que l’auto-identification dans une catégorie « raciale » était distincte de ce que l’on pouvait conclure de l’analyse génomique dans un nombre considérable de cas [5].
Oui, aux États-Unis, statistiquement, les Blancs sont plus riches que les Noirs, et surtout ont accès à une meilleure protection sociale que les Noirs. Oui, aux États-Unis, statistiquement, les Blancs vivent plus longtemps que les Noirs. Oui, aux États-Unis, statistiquement, les Blancs meurent plus tard du cancer que les Noirs. Il convient donc d’abord de chercher à promouvoir l’équité dans l’éducation, la protection sociale, les conditions socio-économiques et bien d’autres paramètres, avant de chercher à savoir si les différences ne seraient pas d’origine génétique. C’est se donner bonne conscience à peu de frais. Les Américains sont friands de ce genre d’explication « génétique », et l’on entend trop souvent en France bien des gens justifier leurs insuffisances et déclarer : « C’est dans mon ADN », ce qu’ils croient pouvoir les décharger de toute responsabilité. Cette origine sociale des disparités a été bien étudiée aux États-Unis, et un génomiste du National Cancer Institute (NCI) écrivait en 2004 : « The causes of health disparities will have little to do with genetics, but rather derive from differences in culture, diet, socioeconomic status, access to health care, education, environmental exposures, social marginalization, discrimination, stress and other factors » [6].
Il n’y a pas de définition possible des « Blancs » et des « Noirs ». Il n’y a pas les « Blancs » et les « Noirs », il y a un continuum qui résulte du brassage intense des populations. Il faut abandonner cette approche essentialiste des populations humaines, qui n’est pas acceptable. Le « monde des idées », dans lequel il existerait une définition objective des Noirs et des Blancs n’existe pas, pas plus que n’existent des « natures » féminine et masculine, différentes par essence. « Les catégories ne sont que des regroupements établis par l’homme par commodité au sein d’un vaste continuum de formes dans la nature ; l’essentialisme biologique sert de base idéologique au ségrégationnisme, en considérant des différences établies pour la commodité pratique comme différences de “nature” entre les hommes » [7].
1. Du Bois WEB. The Health and Physique of the Negro American. Atlanta : Atlanta University Publications, 1906.
2. Dobzhansky T. Genetics and the Origin of Species. New York : Columbia University Press, 1937.
3. Yudell M, Roberts D, DeSalle R, Tishkoff S. Science and society. Taking race out of human genetics. Science 2016 ; 351 : 564-5.
4. Duster T. Race and reification in science. Science 2005 ; 307 : 1050‑1.
5. Spector SA, Brummel SS, Nievergelt CM, et al. Genetically determined ancestry is more informative than self-reported race in HIV-infected and -exposed children. Medicine (Baltimore) 2016 ; 95(36) : e4733.
6. Collins FS. What we do and don’t know about ‘race’, ‘ethnicity’, genetics and health at the dawn of the genome era. Nat Genet 2004 ; 36(11 Suppl) : S13‑5.