Il s'agit d'un sujet pour lequel nous avons beaucoup d'opinions, mais peu de données factuelles… ici, c'est dans le domaine des neurosciences. Félicitons ces auteurs bordelais qui ont fait ce travail suite à la réalisation d'une revue narrative publiée en 2009. Il existe distorsions entre faits scientifiques et présentation dans les médias. Nous l'avons vu dans l'affaire Wakefield qui a déclenché des actions anti-vaccins sans preuves. Le mérite de ce travail dans PLoS ONE est de proposer une segmentation des anomalies observées dans la communication par les médias, avec des exemples dans l'hyperactivité de l'enfant avec déficit de l'attention :
- Internal inconsistencies : pour deux articles sur 360 analysés, une différence existait entre les résultats et les conclusions proposées ; sur 61 articles de médias rapportant les conclusions proposées, seul un décrivait les résultats en questionnant les conclusions !
Nous avons déjà évoqué ces situations, ainsi que les biais de citation transformant des opinions en preuves avec le temps. Rappelons qu'en 1985 un éminent professeur français avait aussi donné de faux espoirs en communiquant sur l'efficacité de la ciclosporine dans le SIDA….
Attention, il existe d'excellents journalistes qui ne se prêtent pas à ces jeux médiatiques, et font de bonnes investigations. Excellent article, mais je n'aime toujours pas ces articles qui mettent les méthodes à la fin…
Gonon F, et al (2011) Misrepresentation of Neuroscience Data Might Give Rise to Misleading Conclusions in the Media: The Case of Attention Deficit Hyperactivity Disorder. PLoS ONE 6(1): e14618. doi:10.1371/journal.pone.0014618
Un commentaire
Merci de votre commentaire positif concernant notre article. Deux remarques mineurs concernant votre commentaire:
1) Fact omission: « Les médias reprennent le résumé sans voir que les données sont douteuses ». Non, les données ne sont pas douteuses en elles-mêmes. Simplement, lorsque le lecteur base son opinion uniquement sur le résumé (du moins pour 80 % d’entre eux), il est conduit à accepter la conclusion forte. La connaissance des données brutes (uniquement accessible dans le corps du texte dans 80 % des articles) permet de relativiser la pertinence de la conclusion.
2) Je suis d’accord avec vous: je préfère que la section méthode soit exposée juste après l’introduction et non pas en fin d’article. Cette présentation est imposée par la revue PLoS ONE. Ce n’est pas notre choix en tant qu’auteur, contrairement à ce que pourrait laisser penser votre commentaire.
Cordialement
Francois Gonon