Encore des arguments pour soutenir la théorie qui dit que les études validées sont publiées dans des revues de spécialité. Les études publiées dans les grandes revues privilégient le scoop et ne sont pas toujours bien validées. Ce sont les excellents travaux (PLoS ONE, sept 2012) d'une équipe bordelaise (François Gonon) qui alimentent mes opinions, à partir d'un exemple appliqué à ADHD (Attention Deficit Hyperactif Disorder), ou TDAH en français. Données reprises dans des médias dont The Economist avec un titre humoristique : Journalistic deficit disorder. What newspapers don’t say matters as much as what they do.
Leur article mérite lecture, en particulier le tableau 2 qui liste 10 articles des revues prestigieuses et le devenir des résultats (confirmés, réfutés, atténués) :
- 3 articles du NEJM, dont 2 réfutés ultérieurement, un confirmé ;
- 2 articles de Science, tous 2 atténués ;
- 2 articles de Pediatrics, l'un atténué, l'autre confirmé semble-t-il ;
- 1 article du Lancet réfuté ;
- 1 article de PNAS qui sera probablement jamais confirmé ;
- 1 article de Mol Psychiatry atténué.
Il y a quelques jours, j'ia évoqué un article de PNAS qui ne m'a pas convaincu dans le domaine des rétractations… et oui ces revues prestigieuses cherchent plutôt le scoop, sans se soucier des validations ultérieures des résultats.. comme vu en fondamental avec "Repeat after me".
Nous avons évoqué en septembre 2011 une publication de la même équipe sur la distorsion entre faits scientfiiques et présentation par les médias (omissions, extrapolations, erreurs..). Nous avions rappelé à cet occasion la découverte de Ph Even qui avait guéri le SIDA en 1985… ces scientifiques sans connaissances méthodologiques nuisent à la science, et dire que ces muppets Even/Debré survivent encore en 2012… et que les journallistes suivent comme des moutons…
Gonon F et al. Why Most Biomedical Findings Echoed by Newspapers Turn Out to be False: The Case of Attention Deficit Hyperactivity Disorder. PLoS ONE 2012;7:e44275
Résumé traduit en français et transmis par F Gonon que je remercie :
Pourquoi les
découvertes biomédicales qui sont rapportées par la presse s'avèrent le plus
souvent fausses: le cas du trouble déficitaire de l'attention avec
hyperactivité.
Contexte: Puisque les études
biomédicales observant un effet positif sont plus souvent publiées que celle
qui observent une absence d'effet, il en résulte que les études initiales sont
souvent réfutées ou largement atténuées
par les études ultérieures.
Questions: Les journaux grand public
privilégient-ils les découvertes initiales? Informent-ils le public des études
ultérieures?
Méthodes: Les auteurs ont étudié le
cas du trouble déficitaire de l'attention avec hyperactivité (TDAH). En
utilisant les bases de données Factiva et PubMed ils ont identifié 47 études
scientifiques publiées de 1990 à 1999 concernant le TDAH et qui ont été
rapportés par 347 articles de la presse anglo-saxonne. Ils ont sélectionné les
10 études les plus médiatisées et ont recherché toutes les études ultérieures
correspondantes publiées jusqu'en 2011 afin de savoir si ces 10 études ont été
confirmées ou non. Ils ont aussi comparé la couverture médiatique de ces 10
études à celle des études ultérieures correspondantes.
Résultats: Sept des 10 études les
plus médiatisées se sont avérées être des études initiales et les conclusions
de 6 d'entre elles ont été soit réfutées soit largement atténuées par les
études ultérieures. La septième n'a été ni confirmée ni réfutée, mais il paraît
maintenant peu probable que sa principale conclusion puisse être confirmée.
Parmi les trois des 10 études les plus médiatisées et qui n'étaient pas des
études initiales, deux ont été confirmées par les études ultérieures et la
troisième a été atténuée. La couverture journalistique des 10 études les plus
médiatisées (223 articles de presse) a été beaucoup plus large que celle des 67
études ultérieures (57 articles). De plus, parmi les 57 articles de presse
couvrant ces études ultérieures, un seul a mentionné que l'étude initiale
correspondante a été atténuée. En moyenne le facteur d'impact des revues scientifiques
ayant publié des études médiatisées (17,1 n = 56) est plus élevé (p<0 ,0001)
que pour les études n'ayant reçu aucune couverture de presse.
Conclusion: Puisque la presse grand
public a privilégié les études initiales concernant le TDAH et publiées par les
revues scientifiques les plus prestigieuses, elle s'est fait l'écho de
découvertes incertaines et qui ont souvent été réfutées ou atténuées par les
études ultérieures. Si ce biais médiatique était aussi observé dans d'autres
domaines de la recherche biomédicale, il représenterait une cause majeure de
distorsion de l'information en direction du grand public.