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L’imposture Séralini sur les OGM : une revue qui augmente sa notoriété avec un article qui devrait être cité

Points clés

OGMOn m’a souvent demandé pourquoi je n’avais pas évoqué l’histoire troublante
des OGM et de GE Séralini… En fait, je ne suis pas capable d’évaluer les articles
parus dans « Food and Chemical Toxicology », avec un facteur d'impact de 2,999. Mais j’ai une opinion :

Il est anormal que l’on ne sache rien du process de
peer review pour un article reçu le 11 avril 2012 et accepté le 2 août 2012
: a-t-il été relu correctement ? Quels ont été les
relecteurs et pourquoi ont-ils favorisé la publication ? Avaient-ils des
liens d’intérêts ? Ce modèle de l’anonymat ne sert pas la science….   Je prône pour un peer review ouvert comme le
font des nombreuses revues (BMJ et BMJ Open, les revues du groupe BMC, les
revues de PLOS, et peut-être d’autres….. soit une minorité de revues). Actuellement,
le modèle de peer review dit double blind prédomine.. triste..

Le rédacteur en chef a vu l’intérêt de sa revue avec ce 'hot paper', et pas l’intérêt de la
science
 : il a probablement choisi des reviewers complaisants ; peut-on le blamer car il est dans un système où la survie des revues est
liée à la notoriété, au facteur d’impact : cet article a fait parler de sa
revue dans les médias (gagné !), de nombreux chercheurs devraient citer
cet article pour dire qu’il est mauvais (cela a commencé), ce qui devrait logiquement augmenter
le facteur d’imapct (gagné !)… encore plus triste..

Que penser du fond ? Je fais confiance à une revue
« Science & pseudo-sciences ».  Le site de l'AFIS (Association Française pour l'Informarion Scientifique) contient de nombreuses données sur les OGM, et notamment les positions d'agences et académies. Il est rare que 6 Cacadémies
publient un avis commun aussi négatif… Le numéro 303 de janvier 2013 de la revue Science & pseudo-sciences contient un bon article de Michel de Pracontal 'Le paradoxe Séralini"

Pauvre science bafouée…  quel exemple
pour les jeunes chercheurs…..  Profitez-en pour vous abonnez à Science & pseudo-sciences, vous ne serez pas déçu….   MERCI POUR LES COMMENTAIRES CI-DESSOUS

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4 commentaires

  • Et oui, c’est le jeu pervers des revues et un peu la seule obsession, comment augmenter son facteur d’impact et son indice de notoriété.
    Il faut bien évidement que tous le process de reviewing soit transparent avec le nom et les reviews disponible en ligne avec l’article. Ça force à faire de la qualité de savoir qu’on pourra être jugé sur son reviewing par ses pairs. Il faut pouvoir juger les juges.

    Répondre
  • Je remercie Alexis Clapin pour le commentaire constructif qu’il m’a transmis :
    Moi j’aime bien quand on critique l’étude de Mr Séralini.
    Tous ces efforts qui sont faits pour décrire les insuffisances ou biais potentiels de cette étude seront bien utiles pour juger les futures études évaluant les OGM ou les pesticides. Je suis certain que les études qui ont été déjà réalisées sont actuellement passées au crible par l’EFSA pour s’assurer que ces biais ou insuffisances en sont absents.
    Cependant, il me semble important de souligner une différence majeure entre l’étude de Mr Séralini et celles destinées à obtenir l’approbation des autorités de tutelle. Mr Séralini cherchait probablement à mettre en évidence une différence, les autres études cherchent plutôt à ne pas mettre en évidence de différence. Le langage « politiquement correct » pour définir les objectifs de l’étude reste bien sûr le même : y a t-il une différence ?
    Les insuffisances ou biais cités peuvent selon l’objectif « réel » de l’étude avoir un impact différent, favorable ou défavorable. Le faible nombre de rats limite la possibilité d’avoir un résultat significatif et donc favorise les études négatives. La présence de produits toxiques dans les différents régimes (à condition qu’ils soient également répartis dans les groupes) rendra probablement plus difficile la mise en évidence d’une différence liée au produit étudié.
    Ainsi, ces deux biais ou insuffisances reprochés à Mr Séralini auront plus probablement un impact négatif sur la possibilité de mettre en évidence une différence, or on peut supposer que Mr Séralini souhaitait plutôt démontrer un effet délétère des OGM…
    L’analyse des résultats dans l’étude de Mr Séralini étant aussi critiquée, je préfère me baser sur les analyses du rapport du HCB.
    L’impact délétère des régimes OGM/pesticides sur la mortalité des rats est non significatif. Cela signifie qu’il y a plus de 5% de chances que l’augmentation observée soit liée au hasard. En fait, selon le HCB, cette probabilité est entre 15 et 20% selon les groupes pour les rats femelles, ce qui signifie qu’il y a une probabilité de 80 à 85 % que l’augmentation de mortalité ne soit pas liée au hasard.
    Est-ce une limite acceptable pour autoriser la dissémination d’un produit dans l’alimentation?
    En annexe, le HCB précise que pour mettre en évidence une augmentation de 30 % (addition de %) ou de 300 % (si on calcule le pourcentage d’augmentation) de la mortalité (10 % vs 40 %), il faudrait 24 rats par groupe (alpha=béta=5 %). En fait le nombre de sujets par groupe dans ce cas est plus proche de 45 (le calcul du HCB est probablement fait entre une valeur théorique et une valeur observée).
    Il était donc très difficile pour Mr Séralini de mettre en évidence de manière significative un quadruplement de la mortalité avec ses 10 petits rats par groupe et en effet il n’a pas réussi. Faut-il considérer cela comme rassurant… Pour mettre en évidence un doublement de la mortalité, (ce qui n’est pas négligeable comme risque), il en aurait fallu selon la mortalité naturelle des rats soit environ 40 (40 % vs 80 %) soit plus de 250 (10 % vs 20 %) …
    Pour le développement des médicaments, la même étude est destinée à mettre en évidence une différence d’efficacité tout en évaluant le risque de survenue d’effets indésirables. Le calcul du nombre de sujets à inclure est réalisé sur le critère d’efficacité. Plus un produit est efficace, moins on a besoin de sujets.
    En revanche, si on veut s’assurer de l’absence d’effets indésirables graves survenant à une fréquence de 1/1000, il faudrait inclure 3000 sujets et ne pas observer d’effets indésirables graves. Dans ce cas, on peut dire avec 5% de risque de se tromper que la fréquence des effets indésirables graves est inférieure à 1/1000. (Si l’effet indésirable peut survenir chez les personnes ne prenant pas le médicament, par exemple la mort, il en faut beaucoup plus pour exclure l’augmentation du risque) Compte tenu du nombre de sujets inclus dans les essais pré-AMM, il est donc tout à fait normal que l’on découvre après la commercialisation des médicaments des effets indésirables graves dont la fréquence est de 1/10 000.
    Leur découverte est alors soit liée à la publication de cas spécifiques, soit le fait d’analyses de bases de données sur des dizaines de milliers de patients dont on sait s’ils ont pris ou non le médicament en question afin d’avoir une évaluation comparative. S’en suivent alors les scandales sanitaires usuels (médiator, pilules 3G/4G, diane 35, glitazone…)
    Maintenant revenons au risque alimentaire, la probabilité d’un effet indésirable grave lié à un OGM est probablement moindre en théorie que pour un médicament. Ce ne sont que des acides nucléiques et des protéines, tout cela est dégradé lors de l’ingestion. Le cas du maïs en cause est un peu différent car il peut être contaminé par le Roundup grâce à cette particularité OGM.
    Le risque des OGM est donc, pour les consommateurs, probablement faible s’il existe. Reste à définir quel est le risque que l’on veut éliminer par les études réalisées pour leur approbation. Le risque du Roundup est lui plus difficilement évaluable sur des arguments théoriques. Son dossier d’autorisation devrait être publié par l’EFSA comme l’a été celui de l’OGM en cause.
    En attendant, ce qui est vraiment rassurant, c’est que l’on n’a aucune chance de mettre en évidence, après la commercialisation, un risque éventuel ; on ne va pas publier des cas suspectant un effet indésirable grave lié à la consommation d’OGM et on ne pourra jamais établir d’analyses comparatives entre des mangeurs d’OGM et des non mangeurs (les autres facteurs de risque connus étant similaires dans les deux groupes).
    On peut critiquer l’étude de Mr Séralini ; elle ne permet pas de démontrer formellement un risque. Elle permet juste de dire qu’avec une étude sur 3 mois chez le rat on ne voit rien, et qu’avec 10 rats par groupe on ne voit rien non plus (même si le risque est un quadruplement de la mortalité chez le rat). Elle permet donc juste de dire que les études qui sont proposées pour les autorisations de mise sur le marché sont faites pour ne rien montrer.
    Pour finir sur le sujet principal du blog, les publications scientifiques, je trouve remarquable que la revue ait eu le courage de publier une étude négative.

    Répondre
  • 1) Concernant l’étude de Séralini, il s’agissait bien d’un canular scientifique que nous avons vu tout de suite à cause des données anatomopathologiques. Tous les Mammifères ont tendance à développer des tumeurs avec l’âge, qui ne sont pas forcément cancéreuses d’ailleurs et pas forcément métastasées (carcinoma in situ). Ce qu’on voit chez les rats, a fortiori les rats SD, c’est ce qu’on voit chez un homme de 80 ans au niveau de la prostate. Si on fait une dissection de la prostate d’un sujet âgé, on trouve des tumeurs d’évolution lente, le patient les traînait depuis longtemps sans être au courant. C’est le problème actuel du surdiagnostic…
    Donc pour n’importe qui, ayant deux sous de connaissances médicales, on voyait tout de suite la supercherie… D’autant plus que d’autres avaient déjà écrit que les rats SD développaient des tumeurs après un an de vie. Et on s’attendait à ce que cela s’arrêtât là mais tout le monde s’est emballé et nous, on ne comprenait pas pourquoi puisqu’il ne faisait aucun doute que c’était un canular.
    Donc pourquoi ce terrorisme intellectuel pour nous obliger à accepter un tour de passe-passe ?? Si ce n’est pour plaire à des politiciens qui veulent imposer leurs vérités à eux…
    Et pourquoi surtout ne sanctionne-t-on pas pour fraude l’équipe responsable ? Ils sont toujours considérés comme des saints…
    2) En ce qui concerne la revue « Science et pseudo-sciences », je ne suis pas d’accord avec votre appréciation. Nous sommes trois à travailler à Antiscamdrugs (une biologiste, à savoir moi-même, une épistémologiste et un biostatisticien)et nous nous sommes penchés sur l’AFIS car ils usent très souvent eux aussi de désinformation. Par exemple, pour le cas des néonicotinoïdes, ils font semblant de ne se pencher que sur un article, celui de Henry publié dans Science en 2012, alors que des travaux sont menés depuis 10 ans et concluent tous à la toxicité sublétale de certains de ces produits. Ils critiquent l’article d’Henry sur des bases non scientifiques, ce qui prouve qu’ils ne sont pas vraiment compétents, alors que le papier est un bon papier. Où est l’honnêteté dans tout ça ? A-t-on le droit de dissimuler des études parce qu’elles ne vont pas dans le sens que vous voulez ?
    Et ce n’est pas la première fois… Pour les statines, idem. Ils ne présentent que le bouquin de M. de Lorgeril (pourquoi pas celui de P. Even ?) en oubliant tous les travaux de recherche qui formulent d’autres hypothèses que le CHO comme cause de l’athérosclérose. Lorsqu’on fait une review d’un sujet, il faut citer les différentes approches et les critiquer. On ne rejette pas une hypothèse sans faire l’effort de l’analyser. Ils ne produisent aucune méta-analyse personnelle et ne citent presque aucun article de recherche. Ce n’est pas du boulot, ça !
    Donc la revue Science et pseudosciences est à mon avis de très mauvaise qualité et souffre d’un manque d’esprit critique évident.

    Répondre

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