Lors du congrès sur l'intégrité de la recherche à Montréal début mai, il a été beaucoup question de Diederick Stapel, ce sociologue hollandais accusé d'avoir fabriqué des données, et licencié de l'université. Nous avons évoqué ce cas et il a envron 55 articles rétractés de la littérature. J'ai parlé longuement avec P Drenth qui a été le chairman d'un des 3 comités universitaires ayant évalué les travaux de Stapel. P Drenth a évalué les publications de 1993 à 1999 dont les archives étaient introuvables. Stapel a porté le discrédit sur la science en Hollande, et les institutions n'étaient pas préparées. Quelques commentaires :
- On ne sait pas bien ce que fait D Stapel en avril 2013 ; il aurait tenté de se suicider ; selon sa personnalité, le suicide pourrait être interprété comme un chantage ; pas de traces car son email ne marche plus ; sa femme travaille pour payer les emprunts !
En pratique, je ne sais pas quelles universités françaises sont prêtes si un cas Stapel était mis en évidence : a-t-on des procédures pour considérer les délateurs, pour décider quelles investigations faire et par qui, et surtout a-t-on des politiques d'archivages des données ?
Il a été souvent discuté le professionalisme et la supériorité des industries dans ces domaines. Il est évident que les industries font mieux que les universités en terme d'archivages et de prises de décision en cas de fabrication de données. La culture universitaire est de protéger les membres de l'université…..
3 commentaires
« Il est évident que les industries font mieux que les universités… » qu’en pensez-vous ?
http://www.jsonline.com/watchdog/watchdogreports/124676453.html
Je vous remercie pour votre commentaire, et l’histoire que vous rappelez de Spine Journal est inadmissible. Je l’avais évoquée http://www.h2mw.eu/redactionmedicale/2011/07/jamais-vu-un-num%C3%A9ro-sp%C3%A9cial-dun-journal-sur-un-produit-pour-mettre-en-%C3%A9vidence-les-effets-ind%C3%A9sirables-cach%C3%A9s-allez.html
Des industries ont des pratiques déviantes qui n’existeraient pas si les experts savaient garder raison.
Par contre, sur la question des archives, les discussions étaient sans ambiguïté au congrès sur l’intégrité scientifique : quand on a accès aux archives, l’industrie est meilleure que les universités. Il y a des procédures dans les industries, alors qu’il n’y en a pas toujours dans les universités. Il y en a maintenant au sein des départements de recherche clinique des CHU. Regardez par exemple http://retractionwatch.wordpress.com/2013/05/10/madoff-retracts-scientific-paper/
Nous sommes d’accord, je pense.
Connaissant un peu le mode de fonctionnement de la recherche dans la domaine de la psychologie sociale en France, la question de l’archivage des données reste non abordée. Je pense que les chercheurs de ce domaine ne sont pas contre du tout, mais c’est réellement une question de moyens techniques et financiers offerts pour l’archivage.
Le financement de la recherche en psychologie sociale en France reste très faible alors veiller à l’archivage… n’est même pas une question abordée.
Le cas Stapel pose aussi le problème de la vérification des data en psychologie. Lorsqu’on regarde les revues de psycho dans lesquelles il a publié, elles sont de très bon niveau (ex:Journal of Personality and Social Psychology). Une sorte de plateforme de déclaration d’études en psycho (type clinical trials) pourrait être un frein à la fraude non négligeable. Et je ne parle de l’avantage pour l’accès aux données non publiées pour les projets de méta-analyse.
Merci beaucoup pour votre blog qui nourrit ma formation scientifique et critique.