Rechercher
Fermer ce champ de recherche.
Rechercher
Fermer ce champ de recherche.

Attention aux incompétents qui demandent communication des données originales des essais : publions tout dans les revues mais sous la responsabilité d’experts

Points clés

AllltrialsLes éditoriaux controversés sont trop rares dans nos revues. C'est une rubrique régulière du BMJ sous le titre Head to Head, et ils sont bien faits. En juillet, 2 éditoriaux pour répondre à la question : "Are clinical trials data shared sufficiently today?". Deux experts donnent des réponses opposées : John Castellani, américain qui préside Pharmaceutical Research and Manufacturer of America répond OUI ; Ben Goldrace, médecin journaliste anglais, qui signe comme Wellcome research fellow in epidemiology de la London School of Hygiene and Tropical Medicine, répond NON. Ben Goldrace est connu pour animer le blog Bad Science.

Les 2 opinions sont bien présentées, et les arguments pour le OUI m'ont semblé plus convaincants que ceux pour le NON, mais je reste sur la position du mouvement +AllTrials : il faut avoir accès à tous les essais, tous les protocoles, publier tous les résultats…  mais ne communiquons pas dans le public les données individuelles des patients.


Mon sentiment est que dans ce débat, parmi ceux qui s'expriment, très rares sont ceux qui ont manipulé les données originales, qui ont analysé les données et qui ont écrit des rapports cliniques et des articles sur ces essais ! Rapporter un essai de plusieurs centaines de patients sur une longue période sous forme d'un rapport de centaines de pages et le publier sous forme d'un article de 5 à 10 pages est un exercice très très difficile ! Cet exercice demande une formation méthodologique et une formation à la rédaction, que seuls des professionnels des essais, et des experts des agences possèdent. Le rédacteur doit faire des choix pour sélectionner les données à publier ! Laisser en patûre des données originales n'amènera qu'à des nouvelles controverses stériles pour tous…. Attention, la campagne +AllTrials ne demande pas de communiquer les données originales dans le public. Nous avons vu les positions de GSK diffusées dans le NEJM sur ce sujet.

Partagez cet article sur les réseaux:
Facebook
Twitter
Pinterest
LinkedIn

2 commentaires

  • Moi aussi, j’approuve la campagne Alltrials.
    Il y a des études non publiées et les publications disponibles sont souvent insuffisantes pour analyser les essais cliniques, éliminer des biais ou tout simplement pour comprendre l’impact des traitements.
    Mais, au risque d’être traité d’incompétent, je demande aussi les données individuelles.
    Actuellement, Comme le souligne Larry D. Sasich dans sa réponse à Ben Goldacre, la FDA ré-analyse les essais cliniques des dossiers d’AMM à partir des données individuelles et offre des analyses intéressantes, disponibles sur le site de la FDA. C’est la seule instance qui effectue et publie de telles analyses. La FDA ne publie pas les rapports complets des firmes mais un résumé.
    L’EMA ne ré-analyse pas les études cliniques à partir des données individuelles et se fie donc au rapport présenté par la firme. L’EMA peut poser des questions à la firme en cas de données manquantes dans les rapports. L’EMA doit rendre publics les rapports des essais cliniques. Mon expérience de la demande d’un rapport clinique est : + de 2 ans d’attente, une plainte auprès du médiateur européen et le rapport reçu est tronqué (les analyses qui permettent de suspecter un biais sont signalées dans la liste des appendices mais ne sont pas disponibles –pour moi mais aussi pour l’EMA !-). Ces analyses avaient été réalisées par la FDA mais sont incomplètes.
    Donc avec un peu de patience, on peut disposer des rapports des essais cliniques grâce à l’EMA et d’une analyse complémentaire grâce à la FDA. On peut aussi bien sûr disposer des publications, parfois des protocoles.
    Seule la FDA publie donc des données qui ne sont pas fournies par les demandeurs d’AMM. Les autres données sont rendues publiques par les firmes, quand elles le sont.
    Voici donc l’état des lieux des données disponibles.
    Faut-il en plus les données individuelles ?
    Il y a plein d’arguments en faveur de la mise à disposition des données individuelles ici (http://www.trialsjournal.com/content/12/1/249) ou là (http://www.trialsjournal.com/content/7/1/15) ou sur les moyens d’y arriver (http://www.trialsjournal.com/content/10/1/17). La plupart des auteurs ne sont probablement pas des « branlotins »
    J’en rajoute 4 :
    Répondre par la négative signifie que l’on accepte d’octroyer à la FDA le monopole de l’analyse contradictoire des essais cliniques sur les données individuelles ? Or, même si la FDA met en évidence des sources de biais flagrants, elle valide les produits sans signaler le bias dans les documents résumés.
    Seules les données individuelles permettent de faire la différence entre risque de biais et impact du biais.
    Le risque de biais est ce qui est généralement décrit, par exemple dans les revues de la Cochrane. On décrit comment le biais a pu survenir et conclut que l’étude est douteuse. Mais cela n’empêche nullement son utilisation dans les méta-analyses ou comme base de validation d’une AMM ou d’un référentiel.
    L’impact des biais est très rarement publié alors que pour certains biais, cette évaluation est possible.
    Les données individuelles permettraient aussi de définir si le biais est lié à de la chance (ou malchance) ou lié à une fraude manifeste. Ce n’est pas forcément une information inintéressante.
    Enfin, publier les données individuelles permet de dire aux fournisseurs de données : si je veux vérifier, je peux ! Et c’est à mon avis beaucoup plus efficace pour éviter les conséquences des conflits d’intérêt que les déclarations de tous les liens d’intérêt (généralement avec tous les laboratoires œuvrant sur un domaine médical particulier permettant ainsi à l’auteur de valider une absence de préférence !).
    Les références citées ci-dessous donnent aussi des arguments contre les risques avancés de la mise à disposition du public des données individuelles.
    Pour terminer, j’ai été surpris de vous voir traiter d’incompétents ceux qui ont un avis différent du vôtre. Ce d’autant que les compétences que vous citez, nécessaires pour faire une bonne publication, ne sont pas forcément celles nécessaires pour faire une présentation non biaisée des résultats ou pour savoir déceler les biais dans les publications. Compte tenu du nombre de publications qui présentent les résultats de manière tronquée voire biaisée, je me demande même si ces compétences ne sont pas un peu contradictoires !
    J’aime toujours autant votre site !
    Alexis Clapin
    Pour plus d’exemples ou explications : http://www.etudes-et-biais.com

    Répondre
  • Bonjour,
    je vous remercie pour votre commentaire et je pense que nos opinions sont proches. Avant de faire ce billet avec retard, j’aurais dû lire votre excellent billet sur la rubrique Head to Head du BMJ, et je recommande à mes lecteurs de s’y reporter http://www.etudes-et-biais.com/individual-patient-data-ipd-une-necessaire-mise-a-disposition-de-la-communite-scientifique/
    Je suis admiratif de votre combat sur les données individuelles, et je suis d’accord sur le fait que les Agences ne défendent pas toujours le public ; d’accord avec vos remarques FDA versus EMA.. autre histoire. Mon propos n’était pas assez clair : si les données individuelles sont publiques, des incompétents vont s’approprier ces données pour défendre des opinions existantes sans avoir le savoir leur permettant de les analyser. Vous savez comme c’est difficile d’analyser un essai ! Par contre que des experts (vous en faites partie) puissent, sous conditions à préciser, accéder aux données me parait sain (voir NEJM http://www.h2mw.eu/redactionmedicale/2013/08/deux-articles-majeurs-accompagn%C3%A9s-par-un-%C3%A9ditorial-dans-le-nejm-du-1-ao%C3%BCt-2013.html et la politique GSK http://www.h2mw.eu/redactionmedicale/2013/03/gsk-va-donner-acc%C3%A8s-aux-rapports-cliniques-de-tous-les-essais-est-ce-une-r%C3%A9ponse-au-bmj-.html.).
    J’ai bien aimé le projet YODA avec Medtronic http://www.h2mw.eu/redactionmedicale/2013/07/moment-historique-pour-le-partage-des-donn%C3%A9es-sources-et-les-revues-syst%C3%A9matiques-medtronic-ouvre-la.html
    En ce sens, je rejoins +AllTrials.
    Soyons clairs : il existe des St Just, des ‘incompétents’ qui croient tout savoir sur tout, et en toute bonne foi (sans connaissance méthodo) ils ont d’autres conclusions… et soyons encore plus clairs, ils sont dans le périmètre proche d’agences, et ceci dans tous les pays. Au prétexte que l’on n’a aucun lien d’intérêt, certains se disent experts alors que s’ils avaient travaillé dans les métiers d’analyse des données individuelles, fréquenté des industriels ou des professionnels de ces analyses, ils connaitraient les difficultés pour analyser, etc… et seraient critiques.
    Les publications ne sont qu’une mise en ordre de quelques résultats choisis, et ne sont pas suffisantes.
    Merci pour ce débat, et votre commentaire est bien argumenté.
    HM

    Répondre

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Articles populaires

Archives mensuelles

Suivez-nous

Newsletter

Inscrivez-vous à notre newsletter mensuelle

Tags

Vous pourriez aussi aimer