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Une équipe française a eu le prix Ig Nobel de psychologie : plus je bois, plus je suis attirant !

Points clés

BRAVO : cette année, j’ai oublié de regarder les prix Ig Nobel qui avaient déjà récompensé des français en 2011. Je remercie  Eric Blin qui m’a fait remarquer mon erreur. Le prix Ig Nobel de psychologie a été remis à des grenoblois et leurs co-auteurs. Il y a des vidéos de cette remise des prix à Harvard en septembre 2013. Ce prix est organisé par les Annals of Improbable Research. La cérémonie complète avec tous les prix est sur leur site. Le premier auteur est Laurent Bègue que je remercie car il m’a commmuniqué ses impressions reprises ci-dessous et qui sont délicieuses ! Il a chanté lors de la cérémonie : excellent ! Leur découverte: « Les personnes qui pensent (croient) être ivres, imaginent aussi qu’elles sont plus attrayantes« .  Vous aurez envie de lire son livre »Psychologie du bien et du mal (Odile jacob 2011) ». Deux questions à L Bègue que je remercie :

L’anti Nobel de psychologie est attribué à des chercheurs français (Laurent Bègue et Oulmann Zerhouni de l’université de Grenoble, Baptiste Subra de l’université Paris-Descartes et Medhi Ourabah de l’université Paris-8) pour leur étude sur les effets de l’alcool au niveau de la perception de la beauté et sur la confiance en soi. Ils ont démontré que plus un individu est ivre, plus il se sentira en confiance et attractif. Toutefois, l’étude conclut que ce sentiment n’a pas forcément d’effet positif sur les capacités réelles de séduction…

En savoir plus: http://www.maxisciences.com/ig-nobel/prix-ig-nobel-quand-la-science-rit-d-039-elle-meme_art30768.html
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Comment j’ai fait pour avoir un prix Ig Nobel ?

A dire vrai, rien ! Selon les explications fournies de Marc Abrahams, le fondateur des Ig nobel, les 10 prix annuels sont sélectionnés sur une base d’environ 10000 articles, dont certains sont adressés au Comité Ig nobel par leurs auteurs.

L’article scientifique primé, publié dans le British Journal of Psychology, comprenait deux études. Dans la première, nous avons échantillonné des consommateurs dans des bars à Grenoble, puis mesuré leur alcoolémie avec un éthylomètre. Cette donnée a été mise en relation avec leur perception d’eux-mêmes. Les résultats ont montré que plus ils avaient bu, plus ils se trouvaient attirants.
Dans la deuxième étude, l’enjeu était de clarifier si l’effet était strictement pharmacologique ou, comme nous l’avions déjà montré dans le passé, pour l’agression s’il pouvait relever également d’un effet placebo. Les personnes alcoolisées recevaient toutes la même dose d’alcool : l’équivalent (en vodka mélangée à un jus de fruits) de cinq demis de bières ou de cinq ballons de rouge. Les candidats à la dégustation, annoncée par voie de presse, pensaient participer à pré-test de boissons avant une future commercialisation.  Dans les verres qui leur étaient servis, certains consommaient une quantité d’alcool élevée (alcoolémie de un gramme par litre de sang), tandis que les autres avaient la même boisson mais entièrement exempte d’alcool. Dans chacun de ces deux groupes, on faisait croire à certains que leur boisson ne contenait aucune trace d’alcool, mais en avait simplement le goût, car celle-ci était destinée à des consommateurs appréciant cette saveur mais ne voulant pas boire d’alcool. A d’autres, on disait que la boisson était très alcoolisée (contenant l’équivalent de cinq verres de vodka). Le subterfuge était rendu possible en servant la boisson très froide et sucrée, et en projetant de l’alcool sur la paroi extérieure. Les résultats ont montré que la variable critique était simplement le fait de croire avoir bu de l’alcool. Les gens qui croyaient être alcoolisés se trouvaient plus attirants. Mais, lorsqu’on présentait ensuite une vidéo des participants filmés qui croyaient être alcoolisés à d’autres personnes indépendantes qui n’étaient pas informées de leur condition expérimentale, on observait que cette fausse alcoolisation ne conduisait pas à plus d’attractivité perçue par des tiers. C’était donc une pure illusion. Cet effet peut s’expliquer par le fait que le plus souvent, lorsque les médias mettent en scène l’alcool, il est présenté dans un contexte particulier. Les analyses de contenu des films ayant eu le plus de succès en salle depuis les années 40 indiquent que les consommateurs sont généralement des personnages plus beaux et riches que les autres.

Comment s’est passée la cérémonie ? Comment j’ai été informé et quelle expérience

Un 14 avril 2013, ouvrant ma boite électronique, j’ai trouvé un message  plus énigmatique que la moyenne. En tant qu’enseignant-chercheur à l’université, les courriels que je reçois sont parfois inattendus ou sibyllins (comme savent l’être les étudiants, sans parler de certains collègues) mais celui-ci l’était particulièrement : «Pourrions-nous avoir une conversation strictement confidentielle (par email ou téléphone) au sujet de votre article publié récemment dans le British Journal of Psychology ». L’auteur de ce message matinal, un certain Kees Moeliker, se présentait comme le représentant européen du « bureau des recherches improbables ». Après avoir Gogglelisé le patronyme néerlandais de mon mystérieux correspondant, deux informations ressortaient : ce monsieur était ornithologiste à Rotterdam, et il avait été distingué pour ses travaux sur la nécrophilie homosexuelle chez le canard colvert.  Le ton était donné. J’apprenais qu’un récent papier sur l’effet placebo de l’alcool sur la perception de soi, publié avec plusieurs collègues de Paris, Grenoble et de l’université de l’Ohio,  allait nous valoir un Ig nobel (contraction de “Nobel” et de l’adjectif “ignoble”), prix redoutable quoique convoité et décerné annuellement depuis plus de vingt ans à l’université de Harvard à dix chercheurs de toutes disciplines dont les travaux font « rire les gens au premier abord, et ensuite les font réfléchir ».  Passé un éphémère épisode d’émotions mélangeant jubilation inquiète et curiosité euphorique, me revenait à l’esprit une recherche aussi hilarante que scientifiquement méritoire dont la presse avant fait état en 2012, et qui relatait des travaux consacrés à l’activité cérébrale d’un saumon mort était parvenue à mes oreilles grâce à l’Ig nobel dont ses auteurs avaient été très justement gratifiés. Le saumon en tête, je répondais sans tergiverser par l’affirmative à Kees Moeliker et au comité Ig Nobel qui me demandaient si j’acceptais le prix. Tordant donc le cou à la petite voix intérieure qui me sussurait que l’image publique de la psychologie était suffisamment équivoque en France pour ne pas verser dans d’inutiles frivolités para-académiques.

La cérémonie a été ouverte par le prestigieux prix de médecine. Il a été décerné à une équipe nippo-chinoise dont les travaux faisaient état des bénéfices vitaux que tiraient des souris ayant subi une transplantation cardiaque à l’écoute de musique classique, notamment la Traviatta. De Verdi, j’aurais plutôt attendu Rigoletto, car les chercheurs récompensés, déguisés en colonie de rongeurs, ont fait désopilante impression. Un autre prix très remarqué a été attribué à une équipe internationale qui a brillamment démontré que les scarabées bousiers, durant leurs déplacements, utilisaient la Voie Lactée pour s’orienter. Lorsqu’ils s’égarent, ces prodigieux insectes grimpent alors sur leur boule d’excréments, scrutent le ciel, et reprennent la route au terme d’une petite danse. La recherche qui a recueilli le prix d’archéologie expérimentale, quoique moins cosmique, n’était pas moins scatologique. De valeureux chercheurs ont en effet méthodiquement analysé la composition des excréments de l’un d’entre eux après qu’il eut consommé une taupe entière par petits morceaux. Leur but ?  Etudier comment les os de l’animal étaient dissous par le système digestif humain. Comme la plupart des articles primés, celui de nos archéo-fécalologues a été publié dans une revue scientifique sélective, le Journal of Archeological Science.
Pour présenter les grandes lignes de l’étude avec la concision exigée, et en phase avec l’esprit festif et décalé de la soirée, un chant en anglais a été rédigé pour l’occasion. Il faisait écho au titre de l’article « Beauty is in the Eye of the Beer Holder », littéralement repris d’une chanson populaire américaine.

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