Le 5ème et dernier article de la série du Lancet en janvier 2014 est consacré essentiellement aux publications. Les publications peuvent à la fois bien et mal communiquer les données de la science. Si la recherche n’est pas correctement diffusée, le temps et les ressources investies sont gaspillés. Félicitions Isabelle Boutron, seule française signataire sur un article de cette série du Lancet.
En introduction, une citation (2006) de Tom Lang, rédacteur de livres sur la présentation des statistiques dans les articles : « Le problème de la documentation de recherche et des rapports statistiques qui sont mauvais dans la littérature médicale est ancien, mondial, persistant, potentiellement sérieux, et surtout peu visible pour la plupart des lecteurs« . Après avoir rappelé les suggestions de Bradford Hill (père de l’IMRaD), le 5ème article insiste sur certaines recommandations pour publier les recherche, essentiellement CONSORT (essais randomisés), STARD (tests diagnostiques), STROBE (études observationnelles), PRISMA (revues systématiques), ARRIVE (études animales)
Les auteurs citent les données d’un essai des 10 000 patients, CRASH (corticoïdes après trauma cranien), qui sont toutes disponibles sur un site, et en plusieurs langues : bon exemple ! L’information existe sous de nombreux formats, et la figure 1 (vous pouvez télécharger le ppt) montre les liens entre tous les documents. La documentation d’une étude comprend 9 parties :
- Le protocole et les documents connexes, telles que les détails présentés pour l’enregistrement de l’étude
- Rapports publiés et non publiés de résultats, tels que les rapports d’essais et de sécurité cliniques requis par les autorités réglementaires, les présentations lors de conférences, les publications dans des revues et les résultats résumés présentés aux investigateurs, au public et aux patients
- Des documents supplémentaires, tels que les documents pour la fromation des patients, les ressources de formation des cliniciens et des vidéos
- Les abstracts, et autres synopsis, qui seront plus largement lus que le rapport complet
- Les publications secondaires, tels que les rapports de résultats secondaires ou des analyses de sous-groupes
- Autres formes de diffusion des résultats de l’étude (par exemple, résultats résumés sur les sites Web d’enregistrement des essais, des communiqués de presse et des rapports)
- Les données primaires, les manuels de données et les codes statistiques des analyses
- Les déclarations de conflits d’intérêts, des intérêts divergents, et les ‘contributorships’, etc
- Les liens bidirectionnels fiables et stables entre tous ces éléments
Voici le réumé de cet article : « Les publications des recherches peuvent aussi bien communiquer et mal communiquer. A moins que la recherche ne soit convenablement présentée, le temps et les ressources investies dans la conduite de la recherche sont gaspillés. Les directives pour publier telles que CONSORT, STARD, PRISMA, et ARRIVE ont pour but d’améliorer la qualité des rapports de recherche, mais toutes sont beaucoup moins adoptées et respectées que ce qu’elles devraient être. Des rapports adéquats de la recherche devraient décrire clairement les questions qui ont été abordées et pourquoi, ce qui a été fait, ce qui a été montré, et ce que lesrésultats signifient. Toutefois, des défaillances importantes se produisent dans chacun de ces éléments. Par exemple, des études sur les rapports d’essais publiés ont montré que la mauvaise description des interventions avait pour conséquence que 40-89 % étaient non-reproductibles ; des comparaisons de protocoles avec les publications ont montré que pour la plupart des études, au moins un résultat principal avait changé, avait été introduit, ou omis ; et les investigateurs de nouveaux essais avaient rarement inclu leurs données dans la cadre d’une revue systématique, et qu’ils citaient un petit nombre d’esssais antérieurs pertinents, et que cette sélection était biaisée. Bien que mieux ce soit mieux fait dans les rapports d’essais contrôlé, une communication inadéquate se produit dans tous les types d’études : études animales, précliniques, diagnostiques, épidémiologiques, études de pronostic, sondages, et études qualitatives. Dans ce rapport, et plus généralement dans la série des 5 articles, nous signalons un gaspillage à tous les stades de la recherche médicale. Bien qu’une compréhension plus nuancée des systèmes complexes impliqués dans la conduite, l’écriture et la publication de la recherche soit souhaitable, des mesures immédiates peuvent être prises pour améliorer la communication des résultats de la recherche . Certains recommandations sont évidentes et claires : modifier le système actuel de reconnaissance et les règlements de la recherche pour favoriser une meilleure diffusion des résultats, et des rapports plus complets ; il faut financer le développement et la maintenance de l’infrastructure pour soutenir une meilleure communication, les liens, et l’archivage de toutes les données de la recherche. Toutefois, la grande quantité des gaspillages nécessite également des investissements futurs dans la surveillance de la recherche et dans les rapports de recherche ; il faut assurer une mise en œuvre active des résultats pour veiller à ce que rapports de recherche répondent mieux aux besoins de l’ensemble des utilisateurs de la recherche.«