Rechercher
Fermer ce champ de recherche.
Rechercher
Fermer ce champ de recherche.

Embellissement de données et/ou laxisme du NEJM à propos d’un article d’éminents spécialistes parisiens de médecine interne

Points clés

CacoubNous examinons régulièrement des cas d'embellissement de données, et nous avons évoqué l'effet chrysalide (métamorphoser des résultats piteux en beaux articles). Un article de décembre 2011 dans le NEJM était peut-être un exemple d'embellissement…  et j'ai besoin de vos avis… Veut-on nous cacher des choses ? NON, bien sûr.  J'ai lu une correction dans le NEJM du 20 février 2014 à propos d'un article du 1 décembre 2011. Quels sont les faits, et quelles sont les questions que vous pourriez m'aider à résoudre ?

  • Si vous allez sur le NEJM pour chercher un article de décembre 2011, vous avez la mention "A correction has been published"
  • Cette correction publiée le 20 février 2014 mentionne qu'après un audit, des corrections ont été faites sur l'article du décembre 2011. Des valeurs biologiques n'ont pas été collectées en repect du protocole et des corrections ont été faites dans les illustrations. Ces corrections ont entraîné "the loss of statistical significance…"   Bizarre, bizarre…
  • Le titre de l'article n'a pas changé "Regulatory T-cell responses to low dose interleukin-2 in HCV-induced vasculitis" ;
  • Les auteurs correspondants : Patrice Cacoub et David Klatzman de La Pitié Salpétrière ; au total 9 auteurs, le premier n'étant pas le correspndant (David Saadoun) ;

L'article publié le 1 décembre 2011 avait la conclusion : "The trial showed that low-dose interleukin-2 was not associated with adverse effects and led to Treg recovery and concomitant clinical improvement in patients with HCV-induced vasculitis, and autoimmune condition."

L'article corrigé et publié le 20 février 2014 a la conclusion : "The trial showed that low-dose interleukin-2 led to Treg recovery and was associated with concomitant clinical improvement in 8 of 10 patients with HCV-induced vasculitis, and autoimmune condition."

J'ai été obligé d'aller trouver un NEJM format papier dans une bibliothèque pour comparer les 2 versions… et là j'ai été très surpris par des variations entre les données des tableaux et figures… ce ne sont pas des changements mineurs, mais n'étant pas interniste, je ne me permets pas de juger…

Mais quelques points me laissent à penser qu'on pourrait suggérer qu'il ne serait pas inutile d'aller regarder de plus près, et je ne peux pas le faire :

  • Pourquoi le NEJM et les auteurs correspondants n'ont pas daigné me transmettre le pdf de la version originale du 1 décembre 2011 ? J'espère qu'il n'y a rien à cacher. Les bonnes pratiques de publications disent explicitement que quand il y a corrections, la traçabilité est indispensable (j'ai copié en bas de ce billet les paragraphes de la convention de Vancouver à ce propos). Les auteurs ne répondent pas. Pas grave, des BU ont la version papier… que j'ai lue….
  • Pourquoi l'audit n'est pas public ? Ni les auteurs correspondants, ni l'ANRS n'ont daigné me répondre, et rechercher l'audit est difficile quand on n'est pas dans le cercle fermé des internistes..  il doit être quelque part….

  • Pourquoi certains internistes que je connais sont peu locaces, sans avis ? et ne répondent pas ?
  • Un paragraphe (colonne de droite première page) mérite un décodage et vos avis seraient utiles : « The following three groups of authors contributed equally to this article : Drs Saadoun and Rosenzwaig ; Drs Joly and Six ; and Drs Cacoub and Klatzmann »…   alors là, il faut m’expliquer, notamment qu’ont fait les 3 autres auteurs non cités….    Il y avait 10 malades et 9 auteurs, dont huit de Paris, un de Marseille. Que veut dire « 3 groupes de 2 ont contribué de manière équivalente ? Pourquoi ce paragraphe et comment les auteurs se sont entendus pour cette formulation ? Qu’en pensent les 3 auteurs oubliés ? Etaient-ils alors des auteurs honoraires ?  Il est rassurant de constater que les auteurs sont unis, puisqu’aucun n’a demandé d’enlever son nom de l’article après l'audit et la correction… Il est vrai qu’il est plus facile d’enlerver son nom de Spirou ou Paris Match que du NEJM…. Est-ce que tous les auteurs remplissent toujours les critères de paternité de cet article ? Notamment le critère 4 en page 2 de la conventiond e Vancouver version française (Engagement à assumer l’imputabilité pour tous les aspects de la recherche en veillant à ce que les questions liées à l’exactitude ou l’intégrité de toute partie de l’œuvre soient examinées de manière appropriée et résolues.) ? Je suppose que  oui, ce qui est rassurant.
  • L’audit aurait découvert des effets indésirables, puisque le le paragraphe safety a été un peu modifié, et le nouveau résumé contient deux nouvelles phrases au début des résultats “We observed one grade 2 dental abscess that required hospitalization for treatment with antibiotics. Other adverse effects were grade 1.” Avaient-ils été oubliés lors de la première version, ou ignorés pour raisons diverses ?
  • Il est intéressant de lire les déclarations d'intérêts des auteurs en 2011 et elles sont consultables sur le site : correct, RAS ; il y a des lettres sur le site NEJM, et à la fin de l'une d'elle (avril 2012), il y a "Since publication of his article, Dr. Klatzmann and Dr. Cacoub report acquiring shares in and serving as scientific advisors to a start-up biotechnology company (Iltoo Pharma) at which the use of interleukin-2 in the treatment of autoimmune diseases is being developed. No further potential conflict of interest relevant to this letter was reported." Bon, OK, c'est lair, les auteurs ont investi dans Iltoo Pharma que je ne connais pas. Iltoo Pharma, start up créée en janvier 2012, semble être consacrée au développement de cet IL-2 : bien.
  • Ce NEJM de décembre est un bon article puisqu'il a été cité 89 fois : bravo, dont x fois par les auteurs correspndants (Cacoub et Klatzmann) : normal de se citer.. mais déclarent-ils les mêmes liens d'intérêts dans ces publications ultérieures ?
  1. Dans Annals of Rheumatic Diseases, P Cacoub n'a aucun lien d'intérêts,
  2. Dans Expert Opinion on Orphan Drug, je n'ai pas payé $ 89 pour chercher l'info, mais j'ai vu que P Cacoub n'avait pas de liens d'intérêts,
  3. Dans Clinical Immunology d'avril 2014, tout est clair, bravo : D.K. and E.P. are inventors of a patent application related to the use of low-dose IL2 owned by their public institutions. D.K. consults for and holds shares in ILTOO Pharma who is the licensee of this patent application. G.C. and B.B. hold shares in ILTOO Pharma. There is no other conflict of interest. Le titre de cet article : Sustained stimulation and expansion of Tregs by IL2 control autoimmunity without impairing immune responses to infection, vaccination and cancer
  4. Dans un autre article de Annals of Rheumatic Diseases, je n'ai pas eu accès à l'article,
  5. Dans Lancet Diabetes & Endocrinology, c'est bien, car il y a : MR, GB, CB, and DK are inventors on a patent application related to the therapeutic use of low-dose IL2, which belongs to their respective academic institutions and has been licensed to ILTOO Pharma. MR, GB, and DK hold shares in ILTOO Pharma. AH, CAP, SJ, OB, NN, and MF declare that they have no conflicts of interest.
  6. Dans La Presse Médicale d'avril 2013, P Cacoub n'a pas de liens d'intérêts.
  7. Je n'ai pas cherché d'autres articles mais ces variations de pratiques dans la déclaration des liens d'intérêts sont habituelles…

 

 

Pour information : EXTRAIT DE LA CONVENTION DE VANCOUVER

Vancouver

Les erreurs commises en toute bonne foi font partie de la recherche scientifique et du processus d’édition et nécessitent la publication d’une correction quand elles sont détectées.

Les erreurs factuelles requièrent une correction. Il est préférable de gérer les sujets de débat sous forme de lettres au rédacteur en chef en format imprimé ou électronique ou de messages postés sur un forum en  ligne parrainé par la revue.

La mise à jour d’une publication antérieure (par exemple d’une revue systématique ou de directives  cliniques) est considérée comme une nouvelle publication plutôt que comme une version différente d’un article déjà publié. Si une correction s’impose, les revues doivent respecter ces principes minimums :

  • La revue doit publier aussitôt que possible une correction détaillant les modifications apportées et citant la publication originale ; la correction doit apparaître sur une page électronique ou numérotée qui figure dans une table des matières électronique ou imprimée garantissant un référencement correct.
  • La revue doit publier la nouvelle version de l’article accompagnée des détails des modifications par rapport à la version originale et les dates auxquelles ces modifications ont été effectuées.
  • La revue doit archiver toutes les versions précédentes de l’article. Les lecteurs peuvent consulter ces archives soit directement, soit sur demande.
  • Les versions électroniques antérieures doivent clairement indiquer que des versions plus récentes de l’article sont disponibles.
  • La citation de référence doit se rapporter à la version la plus récente.
  • Les erreurs suffisamment graves pour compromettre la validité des résultats de l’étude peuvent nécessiter la publication d’une rétractation.
Partagez cet article sur les réseaux:
Facebook
Twitter
Pinterest
LinkedIn

4 commentaires

  • Est-ce qu’on c’est qui est à l’origine de l’audit ? Les agences sanitaires US? Françaises?

    Répondre
  • Il s’agit de l’ANRS qui n’a pas rendu public cet audit… Est-ce que l’audit a été fait sur tous les champs de la publication et comment ? Les corrections entre les 2 versions sont importantes
    Merci de voir si des experts ANRS, et/ou des internistes parlent ou continuent d’être muets.
    Cordialement

    Répondre
  • Je suis témoin de trop de remarques sur cet article … Je viens de lire sur https://pubpeer.com/publications/BBB84768D3D1280D57079134A597A0
    le commentaire suivant qui montre qu’il y a des erreurs NON corrigées, et c’est troublant : « While the editors say the text is now correct, there is still a discrepancy between the text and the figures: 8 patients (out of 10 included) have purpura in the text while 7 are shown in figure 2 and the table 1. »
    Merci pour les commentaires anonymes, car tous les auteurs ne répondent pas aux sollicitations !!! Pourtant ils n’ont rien à cacher !

    Répondre
  • L’affaire est emberlificotée ! Ignorant tout de cette affaire, j’ai été jeter un coup d’œil via G..GL. qui montre que Mediapart est monté au créneau avec un article de Michel de Pracontal du 20 avril ( donc postérieur à votre billet). Cet article réservé aux abonnés est accessible via un site « Info santé sécu social » du NPA.
    M. de Pracontal signale d’ailleurs votre billet : « La seule allusion à l’affaire dans un média public est un billet sur un blog spécialisé dans l’analyse des revues biomédicales, rédigé par le docteur Hervé Maisonneuve, qui évoque l’hypothèse d’un « cas d’embellissement de données ». »
    Et c’est vrai que l’on ne trouve pas bezef. Tout de même, le Journal International de Médecine dédiait à l’affaire un billet intitulé « Du rififi à la Pitié-Salpêtrière ». J’attire votre attention sur le commentaire qu’y a posté le Dr Gérard Loeb. http://www.jim.fr/medecin/e-docs/du_rififi_a_la_pitie_salpetriere__144926/document_actu_pro.phtml
    Et me reviennent en mémoire toutes les polémiques autour de la découverte du virus du sida et les enjeux financiers afférents….David Klatzmann est avec Montagnier un des codécouvreurs du virus. Jean Claude Chermann fut moins honoré…
    Tenez-bon !

    Répondre

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Articles populaires

Archives mensuelles

Suivez-nous

Newsletter

Inscrivez-vous à notre newsletter mensuelle

Tags

Vous pourriez aussi aimer