Nous avons tous à l’esprit que les essais randomisés sont insuffisamment publiés, et que quand il sont publiés, c’est longtemps après la fin de l’essai.. mais ce sont des données parfois disparates ou des opinions. Une collaboration entre italiens, suisses et américains a permis de faire une étude originale pour avoir des données sur cette question, avec publication le 16 mai 2014 dans le BMJ.
L’originalité tient au fait qu’ils ont limité la recherche aux vaccins (H1N1, HPV, Méningocoque, Pneumocoque, Rotavirus), domaine dans lequel il y a essentiellement 5 industries (GSK, Novartis, Pfier/Wyeth, Merck et Sanofi-aventis). Ils ont sélectionné 384 essais (85 % supportés par l’industrie), et analysé les 355 essais (405 000 patients) ayant été terminés. Ils ont utilisé plusieurs registres pour les identifier. Ils ont identifié 176 essais (151 000 patients) publiés dans des revues à comité de lecture, et 42 ayant rapporté les résultats dans clinicaltrials.gov sans avoir été publiés. Le résultat principal est qu’à 12, 24, 36 et 48 mois après la fin des essais, 12 %, 29 %, 53 % et 73 % des essais étaient publiés. Publier à 12 mois est difficile, compte tenu que l’article passe 6 mois dans la revue (peer-review, corrections, préparation, etc..) et chez les auteurs avant décision de publier.
L’article discute les nombreux biais possibles, et la validité de ces résultats… il faut rester prudent. Mais qu’en penser ? Comme les auteurs, faut-il dire que c’est inadmissible, ou reconnaître que publier est difficile pour de nombreuses raisons liées aux auteurs et aux revues ? Des retards de plusieurs années ont été observés ! Est-ce un problème pour les décisions des autorités de santé dans des périodes épidémiques ? Comment arriver à publier toutes les données en quelques mois après la fin des essais ?
Quand vous publiez vos données, c’est combien de temps après la fin des expérimentations ? Un délai incompressible de 6 mois est lié au processus éditorial… est-il possible de soumettre un article dans les 3 mois après la fin du travail ? OUI, certains y arrivent, mais il faut savoir faire et s’organiser. Il faut notamment commencer la rédaction dès la préparation du protocole (choix de la revue, liste des auteurs, et première version….).
Manzoli L, et al. Non-publication and delayed publication of randomized trials on vaccines: survey. BMJ 2014;348:g3058
Un commentaire
Dans des domaines qui touchent l’évaluation de thérapies non médicamenteuses les délais peuvent être encore plus long, ce genre d’article m’apparaît comme agaçant car c’est toujours une vision réduite qui traite ici de traitements injectable.
J’invite les lecteurs a imaginer la complexité et la lourdeur méthodologique d’essais cliniques multicentriques évaluant par exemple une psychothérapie, avec des lourdeurs supplémentaires de contrôle (voir les reco CONSORT spécifiques pour les thérapies non médicamenteuses). Et j’ose à peine parler de la lenteur d’accès et d’analyse de certains département d’analyses stat.
PB