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Les AFMU meilleures que le magazine Lancet : exceptionnels articles sur les attentats du 13 novembre 2015 à Paris

Points clés

CamembertExcellent dossier (février 2016) de 12 articles dont 1 éditorial, 10 articles spéciaux, et une lettre à la rédaction sur les attaques terroristes du 13 novembre dans les AFMU (Annales Françaises de Médecine d’Urgence). J’ai beaucoup appris en lisant ces articles, et je vous suggère de tous les lire, d’autant plus qu’ils ont été publiés en accès libre (un grand merci aux éditions Lavoisier et à la Société Française de Médecine d'urgence).

En plus il y a eu du nettoyage au niveau des auteurs par rapport à l'article publié dans le magazine Lancet ; certains qui étaient auteurs de l’article du Lancet (dont le 'Dr Martin Hirsch', et d’autres) ne sont pas auteurs d’articles des AFMU : étonnant NON ! L'article du Lancet est cité 9 fois (sur 12 articles), et l'article du NEJM zéro fois… Cela s'appelle un biais de convenance sociale ! Confirmation que les informations validées sont dans les revues de spécialité, et pas des les revues qui privilégient le scoop ! Note du 8 mars 2016 pour féliciter What's Up Doc (numéro 24 page 8) qui a eu la lucidité de proposer une camisole de force pour Martin Hirsch et Pierre Carli, auteurs du Lancet.

J'ai tout lu, et résumer est impossible… Voici quelques réflexions au hasard :

1_Très bon éditorial du rédacteur en chef, Bruno Riou, à féliciter pour cette initiative, dont je cite deux phrases : « Cette date du 13 novembre 2015 marquera durablement les esprits des citoyens français. Toutefois, le hasard des publications au Journal Officiel fait quil sagit aussi de la date de création du diplôme détudes spécialisées (DES) de médecine durgence, officialisant la reconnaissance de la médecine durgence en France comme spécialité à part entière. »

2_L'article du RAID est intéressant, et deux points sont à remarquer : il n’a pas d’auteurs pour préserver l’anonymat des membres du RAID ; les figures du site Bataclan, et termes techniques comme zonage, nid de blessés, noria, et plan FELIN.

3_Un article des pompiers de Paris sur la prise en charge secouriste : 125 engins de la Brigade des Sapeurs Pompiers de Paris, 430 secouristes renforcés par d’autres équipes, et prise en charge de 381 victimes en zone d’insécurité ; photo de la trousse hémorragies en situation d’exception premier secours et une bonne figure sur l’organisation du triage.

4_La prise en charge préhospitalière est décrite par les pompiers de Paris, avec le plan rouge alpha. 94 urgences absolues et 260 urgences relatives ont été prises en charge. « En conclusion, trois éléments ont participé à sauver des vies le 13 novembre 2015 : d’une part l’anticipation à travers des formations et des exercices communs BSPP-Samu, d’autre part la remarquable coopération sur le terrain des équipes médicales des pompiers et des Samu, enfin une synchronisation efficace des forces engagées par les directeurs de secours médicaux. »

5_La régulation médicale zonale des 8 SAMU Ile de France est décrite par le SAMU. C’est le plan camembert (image ci-dessus), jamais activé, mais dont le dernier exercice avait eu lieu le matin des attentats. Je cite : « Le scénario de cet exercice, jugé par les participants comme un peu excessif, envisageait un attentat provoqué par quatre commandos sur dix sites avec un bilan de 66 décédés, 74 urgences absolues (UA) et 48 urgences relatives (UR). »

­6_Rôle d’un hôpital disposant d’un centre de traumatologie, à partir de l’expérience de La Pitié-Salpétrière ayant pris en charge 53 victimes, dont 28 urgences absolues : « Le délai entre l’alerte et l’arrivée des premiers patients est mis à profit pour recruter du personnel sur site afin de préparer l’accueil et le matériel nécessaire, et rappeler les personnels. L’organisation d’un flux unidirectionnel de patients (« marche en avant ») combiné à la disponibilité en grand nombre de soignants sous la direction d’un directeur médical sont les éléments permettant de limiter le risque de saturation du dispositif hospitalier. » Très bon article avec rappel et répartition du personnel, accompagné de bonnes illustrations, et les leçons apprises par cette situation.

7_Le rôle spécifique des hôpitaux de proximité est bien abordé. Voici un extrait du résumé : « Quarante-cinq patients sont arrivés au service des urgences de lhôpital Saint-Antoine (6 ont été triés en urgences absolues [UA] et 39 en urgences relatives [UR]) et 26 à lhôpital Saint-Louis (10 UA, 16 UR). La coopération de lensemble des structures impliquées dans la prise en charge des blessés a été un élément fondamental defficacité du plan dUrgence. La solidarité manifestée lors de lévénement ainsi que les compétences professionnelles ont permis un bon fonctionnement de ces services durgences. Les difficultés de fonctionnement et des propositions damélioration concernent chaque étape de la prise en charge même si celle-ci a été relativement courte, de lordre de 12 heures. Les hôpitaux à proximité dun événement avec de multiples victimes sont sollicités de façon particulière, et chaque hôpital doit sy préparer ». Excellent article avec 16 propositions d’amélioration… BRAVO.

8_Le rôle de 2 hôpitaux d’instruction des Armées (Bégin et Percy) qui ont reçu 52 blessés de guerre et déclenché le plan ‘Afflux massif’. Très bonne description des activités de ces 2 sites, avec des détails intéressants. « Les trois fondamentaux « organisation anticipée dune montée en puissance, triage et damage control » ont été mis en œuvre. En dépit dun événement catastrophique à cinétique rapide et évolutif, labsence de saturation tient à lextraordinaire capacité hospitalière présente sur Paris. »

9_Le rôle d’une cellule de crise hospitalière (Pitiè-Salpétrière) dans le cadre du ‘Plan Blanc’ est bien décrit par 13 auteurs dont les compétences ont été nécessaires (qualité, direction, ressources humaines, affaires médicales, finances, pharmacie, équipements..). BRAVO, bien expliqué. Un extrait du résumé : « La cellule de crise réunie autour du directeur de létablissement a piloté cette mise en œuvre dans ses différentes dimensions : mobilisation des ressources humaines, activation de toutes les fonctions supports nécessaires (sécurisation du site, approvisionnements, ouverture de lieux daccueil des familles et des personnels) et enfin gestion des familles. Tout ceci doit servir à prévoir les réactions en cas d’attaque chimique, voire d’attaque terroriste dans un hôpital. »

10_La description des Cellules d’Urgence MédicoPsychologique (CUMP) est intéressante, depuis les attentats de Charlie Hebdo. Cet article a été écrit par les responsables de l’Hôtel Dieu, Paris, et ils décrivent leur expérience. Dans les semaines suivant le 13 novembre ils ont reçu 424 impliqués directs (dont 311 Bataclan), 67 impliqués indirects, et 155 proches et endeuillés. C’est une organisation difficile, car l’afflux de personnes est imprévisible, et il faut adapter les personnels.

11_L’article sur les organisations des renforts par les SAMU voisins a 12 auteurs provenant de Metz, Amiens, Orléans, Auxerre, Lille, Nantes, Dreux, Reims, Nancy, Dijon, Arras, Rouen. Ils étaient prêts ! Le dispositif ORSAN (Organisation SANitaire) comprend 5 volets : AMAVI (Accueil MAssif de Victimes non contaminées) ; CLIM (prise en charge de nombreux patients suite à un phénomène CLIMatique) ; EPI-VAC (gestion d’une épidémie ou pandémie sur le territoire national) ; BIO (prise en charge d’un risque biologique connu ou émergent) ; NRC (prise en charge d’un risque Nucléaire, Radiologique, Chimique).

12_Le dernier article est une lettre à la rédaction mentionnant quelques réflexions qui sont d’excellentes idées d’amélioration : trousse individuelle des personnels Smur ; arrivée des véhicules à l’hôpital ; tri à l’arrivée à l’hôpital ; identification des équipes en charge d’une victime ; mutualisation des ressources chirurgicales entre les sites ; information des proches des victimes ; coordination des soins et gestion de l’aval ; facilitation de l’accueil des proches, des impliqués et des victimes.

BRAVO aux auteurs, à la rédaction, à la maison d'édition et à tous ceux qui ont travaillé pour publier vite ces retours d'expérience : un numéro à diffuser car il fera date.

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Un commentaire

  • Je rejoins vos commentaires. Très belle initiative, des données utiles à tous, qui gagnent à être mis à disposition de la communauté. Merci au rédac-chef, à l’éditeur (Lavoisier a payé l’open access à Springer ?)et aux auteurs, bien entendu
    laurent Vercueil, MD PhD, médecin hospitalier

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