Très agréable quand il s’agit de lire un bon article dans une bonne revue, mais il faut une heure ! Dans BMJ (janvier 2016) des chercheurs connus de Yale aux USA ont analysé 4 347 essais interventionnels de 51 centres universitaires américains. Les protocoles de ces essais ont été enregistrés dans clinicaltrials.gov (où les chercheurs doivent déposer les principaux résultats) et terminés entre octobre 2007 et septembre 2010. L’article est fabuleux par tous les détails pour les essais et avec des tableaux comparant les 51 universités !
Quelques données sur ces essais : 33,5 % des essais concernaient l’oncologie ; 1005 (23,1 %) avaient entre 100 et 1000 patients, et 3102 (71,4 %) moins de 100 patients ; 1216 (28,0 %) étaient en double aveugle ; la répartition était : 608 (14.0 %) phase I, 1175 (27,0 %) phase II, 251 (5,8 %) phase I/II, 435 (10.0 %) phase III… pour 1276 (29,4 %) la phase n’était pas précisée (il n’y a pas que des essais médicamenteux dans ce registre. Allez voir les détails….. Ensuite, 6 chercheurs ont indépendamment recherché les résultats… gros boulot
Pour les 4347 essais, 2892 (66,5 %) ont été publiés ou avaient rendus les résultats disponibles en juillet 2014. Pour 1560 (35,9 %), les résultats ont été disponibles (publication et/ou registre) dans les 2 ans après la fin de l’essai (voir image à gauche). Très grandes variations entre les universités. Pour les publications, ce sont 2458 (56,6 %) qui avaient été publiés en juillet 2014, et 1245 (28,6 %) dans les 2 ans après la fin de l’essai. Le meilleur de publication centre était à 40 % en 2 ans (heureusement c’était Yale !), et plusieurs étaient en dessous de 20 %. Si vous avez travaillé dans une université américaine, lisez le tableau 2.
Qu’en penser quand FDA, NIH, OMS demandent que les essais soient publiés en 2 ans ? Faut-il changer ces recommandations ou revoir le financement des recherches ? Le NIH a annoncé une politique proposée « timely reporting of clinical trials will be taken into consideration during review of subsequent applications for funding ». Est-ce la faute des revues ? Nous savons que de nombreux essais négatifs ne donnent pas lieu à rapport clinique, et encore moins à la rédaction d’un manuscrit. Constatons que la communauté scientifique est plutôt passive.. pourquoi ne pas devenir transparent sur les taux de publications des PHRC, et ajouter un indicateur dans la certification des établissements de santé ?
Chen et al. Publication and reporting of clinical trial results: cross sectional analysis across academic medical centers. BMJ. 2016;352:i637.