Réjouissons nous pour l'exemple, et soutenons le CNRS dans une démarche difficile, car des résistances internes existent certainement. Voici un extrait du communiqué de presse du 8 septembre 2016 mis en ligne sur le site du CNRS : "Au cours des dernières semaines, des doutes sérieux sont apparus concernant des figures et graphiques contenus dans plusieurs publications du domaine de la biologie moléculaire. Le CNRS et l'ETH Zurich ont décidé de constituer une commission d'enquête scientifique qui sera mise en place par le CNRS, en collaboration avec l'ETH. Composée d'experts, elle aura pour mission d'établir la réalité des faits. Dans ce contexte, le devoir des institutions est d'agir dans le respect le plus strict des règles déontologiques. Celles-ci interdisent toute expression publique jusqu'à la clôture de la procédure, de manière à permettre une analyse approfondie où chacun des acteurs peut s'exprimer librement. Dans la même logique et pour garantir la sérénité de l'enquête, le nom des experts participant à la commission ne peut pas être divulgué à ce stade…. "
En clair, des co-auteurs et/ou des collaborateurs de Voinnet (photo) sont dans le viseur. Logique, car souvent des collaborateurs savent, ne disent rien, voire font pareil. Les partenaires des manipulations d'images ont chaud aux fesses ! Olivier Voinnet, biologiste des plantes à Zurich, est un cas français… avec des rétractations d'articles, une mise à pied par le CNRS, et il est toujours membre de l'Académie des Sciences ! Nous avons évoqué ce cas pour lequel le rapport d'enquête n'a pas été rendu public ! Des informations ont été publiées le 10 septembre 2016 sur le blog de Seraya Maouche hébergé par Médiapart.
Le CNRS n'agit pas seul, car l'enquête sera faite avec l'ETH de Zurich. Est-ce que le CNRS aurait pris l'initiative seul ? Pourquoi ? Des noms circulent, et si vous les voulez, allez sur le blog de Leonid Schneider qui semble bien informé, avec des images à examiner,… quelques français dans le viseur, mais attendons le rapport qui sera rendu public ! Félicitons le CNRS pour ce courage, car nombre d'Universités françaises ont plutôt une pratique d'omerta…. Certains ont évoqué une French connection !
Merci à Seraya Maouche
3 commentaires
Bonjour,
A cause de la pratique d’omerta que vous évoquez dans votre billet et ce que Nature appelle « la culture du silence »[1], on finit par remercier les institutions qui décident d’investiguer un cas de fraude alors que cela devrait être la norme!
Le CNRS ou d’autres institutions n’ont pas le choix s’ils veulent protéger l’image de leurs institutions, on voit ce qui est arrivé à la prestigieuse institution suédoise Karolinska, qui a longtemps essayé de protéger sa star de la médecine régénérative Paolo Macchiarini [2].
La « malscience » est un phénomène mondial, il faut arrêter d’ignorer la méconduite scientifique, nous disent Donald S. Kornfeld et Sandra L. Titus dans leur dernier article, publié dans Nature du 31 août [3]. Rappelons que « malscience » est un terme inventé par Nicolas Chevassus-au-Louis dans son dernier livre « malscience – de la fraude dans les labos » (sorti le 1/9 aux Éditions du Seuil), dans lequel il confirme que « 2% des scientifiques reconnaissent avoir inventé ou falsifié des données »[4].
Vous avez évoqué un point très important : « le rapport d’enquête n’a pas été rendu public ». Pourquoi? l’ETH Zurich a publié un rapport détaillé dans le cas Voinnet, en anglais et en allemand. Toutes les institutions publient les rapport d’enquêtes même lorsqu’il s’agit d’une fraude scientifique effectuée par des ministres (le cas des universités allemandes).
L’institut Karolinska a aussi publié, ces derniers jours, ses rapports d’enquête en anglais et en suédois[2]. Elle a même lancé une page Web pour suivre chronologiquement le cas Macchiarini[5].
Très cordialement,
Seraya Maouche
[1] http://www.nature.com/news/culture-of-silence-and-nonchalance-protected-disgraced-trachea-surgeon-updated-1.20533
[2] http://blog.ethics-and-integrity.net/?p=666
[3] http://www.nature.com/news/stop-ignoring-misconduct-1.20498
[4] http://fr.blog.ethics-and-integrity.net/?p=738
[5] http://ki.se/en/news/the-macchiarini-case-the-story-so-far
Merci pour toutes ces précisions utiles, et surtout tous ces liens. MERCI. Le CNRS semble mieux faire que d’autres institutions… car sur PubPeer il y a des images de cas français pour lesquels rien ne se passe… pas d’investigation des institutions http://www.h2mw.eu/redactionmedicale/2015/11/oupppssss-une-r%C3%A9tractation-%C3%A0-lyon-erreur-.html
L’affaire Macchiarini est intéressante. Je n’ai couvert que la publication Lancet, car je me focalise plutôt sur les revues (en sélectionnant les multiples informations !!!) que sur les cas de méconduites scientifiques. http://www.h2mw.eu/redactionmedicale/2016/02/une-affaire-pas-claire-concerne-un-chirurgien-du-karolinska-institute-stockholm-su%C3%A8de-depuis-assez-longtemps-le-monde-d.html
Bonjour,
Nicolas Martin dans l’émission « La méthode scientifique » sur France Culture a discuté ce sujet.
Le Journal des sciences
Le CNRS soupçonné de fraude dans ses publications scientifiques
http://www.franceculture.fr/emissions/la-methode-scientifique/la-methode-scientifique-table-ronde-dactualites
Cordialement,
Seraya Maouche