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Les journalistes couvrent de façon préférentielle les résultats initiaux, bien qu’ils soient souvent contredits par des méta-analyses et informent rarement le public lorsqu’ils ne sont pas confirmés.

Points clés

AmsterdamC’est un travail de l’équipe de Bordeaux qui a été remarqué lors du congrès mondial sur l’intégrité de la recherche : bonne communication orale de Estelle Dumas-Mallet dans un anglais parfait, salle comble sans le moindre trac. La première question a ensuite été posée par Brian Nosek, chercheur responsable du Center for Open Science à Charlottesville, USA. Bravo à l’équipe de Bordeaux, car François Gonon a aussi fait une communication orale originale. Son travail a été publié dans PLOS ONE avec le titre ‘Poor replication validity of biomedical association studies reported by newspapers‘ et repris par plusieurs médias. J’ai traduit/adapté le résumé de l’article :

Qu’ont-ils fait ? Ils ont utilisé une base de données de 4723 études primaires incluses dans 306 articles de méta-analyse. Ces études ont associé un facteur de risque à une maladie dans trois domaines biomédicaux, la psychiatrie, la neurologie et quatre maladies somatiques. Les études ont été classées dans une catégorie de style de vie (par exemple, le tabagisme) et une catégorie sans style de vie (par exemple, le risque génétique). À l'aide de la base de données Dow Jones Factiva (base d’articles de presse anglophones dans le domaine scientifique), ils ont étudié la couverture médiatique de chaque étude. Leur validité de réplication a été évaluée à l'aide d'une comparaison avec leurs méta-analyses correspondantes.

Qu’ont-ils observé ? Parmi les 5029 articles scientifiques, 156 études primaires (dont 63 étaient des études de style de vie) et 5 articles de méta-analyse ont été rapportés dans 1561 articles de journaux. Le pourcentage d'études couvertes et le nombre d'articles de journaux par étude ont fortement augmenté avec le facteur d'impact de la revue qui a publié chaque étude. Les journaux ont presque toujours abordé les études de style de vie initiales (5/39 12,8%) et suivantes (58/600 9,7%). Les études initiales non liées au mode de vie ont été traitées plus souvent (48/366 13,1%) que les suivantes (45/3718 1,2%).

Les journaux n'ont jamais couvert des études initiales qui ont révélé des résultats nuls et ont rarement signalé des observations nulles ultérieures. Seulement 48,7% des 156 études signalées par les journaux ont été confirmées par les méta-analyses correspondantes. Les études initiales non liées au mode de vie ont été moins souvent confirmées (16/48) que les suivantes (29/45) et les études sur le mode de vie (31/63). Les études psychiatriques couvertes par les journaux ont été moins souvent confirmées (10/38) que celles neurologiques (26/41) ou somatiques (40/77). Ceci est corrélé à une couverture encore plus importante des études initiales en psychiatrie. Alors que 234 articles de journaux couvraient les 35 études initiales qui n’ont pas été confirmées plus tard, seuls quatre articles de presse couvraient une conclusion nulle ultérieure et ont mentionné la réfutation d'une demande initiale.

Qu’ont-ils conclu (page 11/15 de l’article) ? Les journaux couvrent préférentiellement les recherches liées au mode de vie, par rapport aux recherches non liées au mode de vie. Ces journaux couvrent préférentiellement les études initiales plutôt que les suivantes quand il s’agit des études non liées au mode de vie, alors qu’ils couvrent également études initiales et suivantes pour les études liées au mode de vie. Pour les études non liées au mode de vie, les études initiales sont moins souvent confirmées par des méta-analyses, que les études suivantes.

Il faut un peu de temps pour bien lire l’article, mais c’est passionnant et le travail est bien fait. Quelques limites, comme le fait de n’avoir pas couvert du long terme, et de n’avoir pas évalué les programmes de télé ! J’aurais tendance à penser que c’est généralisable, …. Aux pratiques françaises….  mais c’est mon opinion ! Prudence. Les conséquences sociales ne sont pas bien étudiées en général, mais ce n’était pas l’objet de ce travail…   Mieux former les journalistes scientifiques ? Ils auront toujours leurs opinions préconçues et les rédacteurs en chef exigent du nouveau, pas du réchauffé, même si le réchauffé est de meilleure qualité. Une étude identique sur des articles de presse français serait intéressante.

Le problème de fond, c’est l’information du public, science pour laquelle la recherche est insuffisante. Le système médiatique privilégie le scoop à la science validée…. Il faut développer l’esprit critique du public dès l’école et le collège : des pays le font un peu !

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