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Les revues de Sciences Sociales dysfonctionnent : « Le pénis conceptuel en tant que construction sociale »

Points clés

PenisLes revues de Sciences Sociales sont aussi mauvaises que les revues biomédicales…  mais je suis convaincu qu'elles surfent facilement sur le plagiat, et d'autres pratiques bizarres. Deux observations pour en témoigner :

        1 ) Un article de type 'canular' (hoax) a encore piégé une revue. Le titre de cet article The Conceptual penis as a social construct publié dans une revue qui semble bien gérée : Cogent Social Sciences, propriété du groupe Taylor & Francis. Deux américains ont soumis un article incohérent à une première revue, Norma, qui l'a refusé et fait suivre à Cogent Social Sciences. Les reviewers l'ont accepté, les auteurs ont payé un APC (Article Processing Charge) de 625 US $, et ils ont immédiatement écrit sur Skeptic que cet article n'aurait jamais dû être accepté, expliquant qu'il s'agissait d'un article de type Sokal. Cette qualification Sokal est le nom d'un auteur qui avait le premier fait accepter un faux article. La rédactrice en chef de Cogent a reconnu son erreur, s'est excusée, etc….  Mais.. trouble. RetractionWatch explique en détail l'histoire et a archivé l'article (qui n'est plus sur Cogent). Des compléments d'information sur Passeur de Sciences.

Les auteurs ont tout détaillé sur Skeptic, avec les réponses aux reviewers, en expliquant qu'ils ne comprenaient pas le contenu de leur article (voir extrait ci-dessous). Ils résument ainsi : The publication of our hoax reveals two problems. One relates to the business model of pay-to-publish, open-access journals. The other lies at the heart of academic fields like gender studies. Il est clair pour moi que ce système de Gold Open Access avec APC pose problème…   Comment refuser des articles quand les auteurs payent ? Ceci est voulu par les gouvernements et institutions, mais il faudra revoir le système….

       2) Expérience personnelle (je dois rester confidentiel) : j'ai eu une discussion avec la rédaction d'une revue française de Sciences Sociales, qui est publiée par une Université française, donc d'accès gratuit, sans APC pour les auteurs. En fait plus de 50 % de cette revue contient des plagiats… simple à voir, et connu de la rédaction. Lors de mon échange, j'ai expliqué que plus de 50 % de plagiat, c'était beaucoup….  la rédaction le reconnait. Quand j'ai suggéré d'arrêter la publication d'articles plagiés, j'ai eu une réponse merveilleuse : "D'accord, mais alors comment va-t-on pouvoir nommer nos jeunes collègues sur des postes universitaires ?" Tant que ces raisonnements persisteront, nous devons nous inquiéter sur le système et la culture des chercheurs en général…  Donc cela va durer ! Où est le problème ?

 

Un extrait pour vous cultiver, avec une citation de Foucault : "Inasmuch as masculinity is essentially performative, so too is the conceptual penis. The penis, in the words of Judith Butler, “can only be understood through reference to what is barred from the signifier within the domain of corporeal legibility” (Butler, 1993). The penis should not be understood as an honest expression of the performer’s intent should it be presented in a performance of masculinity or hypermasculinity. Thus, the isomorphism between the conceptual penis and what’s referred to throughout discursive feminist literature as “toxic hypermasculinity,” is one defined upon a vector of male cultural machismo braggadocio, with the conceptual penis playing the roles of subject, object, and verb of action. The result of this trichotomy of roles is to place hypermasculine men both within and outside of competing discourses whose dynamics, as seen via post-structuralist discourse analysis, enact a systematic interplay of power in which hypermasculine men use the conceptual penis to move themselves from powerless subject positions to powerful ones (confer: Foucault, 1972)."

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2 commentaires

  • « Comment refuser des articles quand les auteurs payent ? »
    Deux (possibilités de) solutions :
    1) Les auteurs payent pour soumettre un article, pas pour le publier. Et si l’article est refusé, ils ne récupèrent pas les fonds, ou seulement une partie. L’avantage étant qu’on pourrait alors reverser une partie des APC aux arbitres.
    2) On inverse le système du « Gold Open access » : ce sont les éditeurs qui payent les auteurs (et les arbitres) pour publier des articles en OA, à charge pour eux de trouver des sponsors, de la pub, etc. A long terme, le système devrait assurer le niveau académique du journal. Le modèle existe déjà ; presque toute la presse non-académique travaille de cette manière, et que je sache, il ne viendrait à l’idée de personne de demander de l’argent à un journaliste professionnel pour publier ses articles.
    Ce sont bien sûr des « possibilités », et je ne suis pas du tout optimiste quant à leur viabilité dans le cadre actuel de l’édition. Mais si rien n’est proposé, on va s’enfoncer de plus en plus.

    Répondre
  • Bonjour
    Je partage l’analyse globale mais je trouve le titre de la nouvelle bien trop général, voire totalement abusif… dommage car je connais plein de revues de sciences sociales qui sont très sérieuses et la validité externe (pour reprendre le vocabulaire des sciences biomédicales) de la conclusion sur la base de cet article canular et d’une discussion de couloir ne me semble pas parfaitement appropriée.
    Sur le journalisme, la majorité des journalistes en Afrique se font payer pour publier leurs articles, mais c’est un autre débat.

    Répondre

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