Bravo au groupe de travail réuni en juin 2016, dont les recommandations ont été publiées dans le BMJ (20 juillet 2017) en accès ouvert, dans la rubrique Research Methods and Reporting. Il s'agit de recommandations pour améliorer les revues systématiques. Nous avons vu tous les biais des revues systématiques, dont l'épidémie est inutile, trompeuse, voire dangereuse ! Diffusons ces recommandations aux équipes qui font des revues systématiques (je dis bien 'équipes' car je suis triste quand je vois des thèses de médecine sur une revue systématique faite par un seul étudiant… c'est la que l'on comprend que des thèses sont mauvaises).
Le groupe d'expert a été bien choisi, en terme d'expertise, de nationalité et de participations aux réseaux Cochrane, et à la rédaction de lignes directrices, dont la plupart sont sur EQUATOR. Félicitons Ph Ravaud, Paris, d'avoir représenté la France. Le premier auteur, TC Hoffmann, était aussi à l'initiative de TIDieR, publié en 2014 dans le BMJ. TIDieR est une liste d'items pour décrire les interventions dans un article de recherche… j'ai traduit en français cette liste d'items.
Voici la reproduction de la box 1 qui résume les 8 recommandations pour les revues systématiques :
Planning the review
1 Consider intervention details during question formulation: Use TIDieR to identify any important details of the intervention that will determine the questions that the review will ask, including how broad or narrow the review should be and what the main comparison will be.
2 Describe intervention considerations in the review protocol: Describe the intervention and its relevant components (if multicomponent) and characteristics in the protocol. Relevant protocol sections might include: the review question, background, search terms, eligibility criteria, data items, and quantitative synthesis plans.
Conducting the review
3 Extract intervention details as part of data extraction: Use TIDieR as a guide to the essential intervention characteristics to include in the data extraction form and extract accordingly.
4 Request missing intervention details: When feasible, request missing details from the authors, using TIDieR as a guide to which details to request, and note when details are not available.
5 Consider intervention characteristics during statistical analyses and exploration of heterogeneity when appropriate: Where appropriate and feasible, consider intervention characteristics as specified in the protocol when grouping studies, conducting analyses, and exploring heterogeneity.
Reporting the review
6 Report intervention details in a summary table: Provide a table that summarises the intervention details for each study (see template in web extra 1 and example in table 1).
7 Share intervention materials where possible: Where intervention materials are available, share or provide their location details in the review’s intervention summary table.
8 Describe implications for future research: If the summary of intervention details reveals important gaps in existing research or if the analyses identify a significant association between effect and the presence or absence of intervention components or characteristics, then describe the future research implications of this in the review.
4 commentaires
Bonjour Hervé,
Je ne comprends pas l’intérêt d’une telle démarche alors même que de nombreuses recommandations existent sur le sujet et qu’à ce jour PRISMA est à mon sens la méthode la plus exhaustive en termes de revue systématique.
Je ne partage pas votre avis sur la nuisance des revues systématiques à conditions qu’elles aient été conduites correctement (équipe structurée, suivi des guidelines…): au rythme des publications originales à ce jour il est essentiel de pouvoir synthétiser tout cela dans la mesure ou UNE question est posée et qu’elle a du sens (au moins clinique)
En revanche je vous rejoins sur le nombre important de mauvaises revues systématiques avec les dérives qu’elles comportent
Qu’en pensez vous ?
Bien cordialement
F. Pamoukdjian, M. D.
Bonjour
merci pour votre commentaire.
PRISMA est une ligne directrice pour écrire un manuscrit et n’est pas la méthode pour faire des revues systématiques (RS), ni une grille d’évaluation des RS (c’est AMSTAR). PRISMA n’est pas un guide suffisant pour faire une RS.
Je me suis mal exprimé, la nuisance concerne toutes ces mauvaises RS, et pas les bonnes RS. Nous avons vraiment besoin de bonnes RS. Certaines revues (Lancet par exemple) ont mis dans leurs instructions aux auteurs (version May 2017 http://www.thelancet.com/lancet/information-for-authors) la nécessité d’engager une recherche après avoir analysé la littérature, et si possible avoir fait une RS. C’est expliqué en page 4 (sur 9) dans un paragraphe ‘Putting research in context’. Ces instructions proposent même, pour les essais randomisés, d’actualiser éventuellement des RS existantes.
Merci pour votre aide
Cordialement,
HM
Je partage l’intérêt des autres lecteurs à propos des revues systématiques bien réalisées. Cependant, je m’interroge de plus en plus sur leur faisabilité réelle. J’ai participé et continue à participer à des projets de revues systématiques d’envergures, si on suit les reco au pied de la lettre pour construire un protocole de RS, le déposer, le réaliser, décrire correctement les interventions, réalisées, (quand c’est possible et voulu) des analyses stat de qualité, suivre PRISMA pour le rapporter, soumettre, écrire aux auteurs, débusquer les papiers non publiés… cela prend un temps important et aussi beaucoup de personnes formées et lecteurs aiguisés.
Or encore récemment, après soumission d’un manuscrit suivant de nombreuses reco, l’éditeur avant toute chose me souligne que la biblio a été réalisée il y a 12 mois. (pourtant une revue de bonnes qualité).
Nous avons besoin de plus de rigueur pour ces revues, mais surtout de moyens humains et financiers, or les grant spécifiquement montés pour ce genre de projets sont quasi absent.
Côté expertise, une revue qui n’accepte que des revue de litté, et qui est de très bonne qualité, me demande d’expertiser un manuscrit. Problème, ils me donne 14 jours et il y a 100 pages d’annexes car les auteurs ont suivis beaucoup de reco et on voulu être le + transparent possible. L’éditeur est étonné que je lui demande plus de temps. Si je veux par ex comparer le protocole soumis et celui déposé en registre Prospero par ex, c’est déjà très exigeant….
Merci pour votre blogue
P.Bernard, PhD
Bonjour P Bernard : bien d’accord avec tous vos commentaires…. HM