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La « lésionnelles » : une nouvelle maladie mortelle que des praticiens ne savent pas prendre en charge

Points clés

LesioUn article a été publié par la revue Droit, Déontologie & Soin en septembre 2017 avec un titre surprenant "Prise en charge défectueuse d'une lésionnelles". Article non corrigé au 31 janvier 2018 (actualisation périodique de cette date). J'ai recherché quelle était cette maladie, et il faut que je consulte de grands infectiologues pour comprendre. De plus, cet article dénonce, et je vous copie le résumé en entier : "Analyse critique de la prise en charge défectueuse d'une légionellose, prenant fin tragiquement par le décès du patient : CAA de Douai, 9 mai 2017, n° 15DA00906". Pourquoi publier en 2017 un cas de 2006 ? Peut-être que la lenteur judiciaire l'explique, mais pas la science…. Je n'avais jamais vu de résumé aussi vide d'information… sauf qu'il y a un mort et c'est tragique… Je suis bien d'accord….

Cet article est surprenant car il traduit :

  • une non relecture des épreuves par l'auteur (sauf si le titre était celui qu'elle voulait), ni par le comité de rédaction et/ou l'éditeur Elsevier, car laisser une faute n'est pas très professionnel, surtout quand il s'agit de dénoncer les fautes des autres ; est-ce qu'il faut un s à la fin de lésionnelle s'il n'y en a qu'une… l'auteur doit savoir ;
  • un processus de peer-review défaillant car il y a des standards de publication peu acceptables… la description du cas ne contient pas les unités de mesure des paramètres biologiques, utilise les noms commerciaux des médicaments, ce qui n'est pas l'habitude dans une revue de qualité, etc… le peer-review aurait dû demander de référencer la source de certaines information, par exemple "le taux de mortalité de la légionellose est de 20 %" : qui a publié ce taux de mortalité, quelle année, où ont été collectées les données….. c'est la base de la démarche scientifique… des preuves plutôt que des assertions sans fondement….. 
  • une facilité de publication pour le rédacteur en chef et son adjointe (qui est Mme Khady Badiane Devers, auteur de cet article)… ils publient beaucoup dans cette revue ; ils publient trop pour assurer la diversité d'opinions dont une revue scientifique a besoin d'opinions diverses… ils peuvent prendre leurs articles comme exemple pour les formations ;
  • un dysfonctionnement de cette revue, car le rédacteur en chef et son adjointe gèrent un organisme de formation dans le domaine du droit de la santé, ce qui devrait être déclaré comme lien d'intérêt dans la revue et cet article ;
  • je pense que le comité de rédaction n'est pas fantôme et qu'il a dû accepter cet article… mais les dates de soumission et d'acceptation ne sont pas mentionnées sur l'article, une pratique habituelle des bonnes revues ; qui ont été les relecteurs ? probablement le rédacteur en chef qui s'appelle Devers, comme l'auteure de l'article ;
  • je pense que les ayant-droits du patient ont donné leur autorisation de publier dans la revue "Droit, Déontologie & Soin", pratique habituelle pour les bonnes revues ; l'anonymat est respecté car le nom n'est pas donné, pour cet homme de 43 ans pris en charge au service des urgences du centre hospitalier de Beauvais le 13 février 2006 vers 11 h 15, à la demande de son médecin traitant. Le diagnostic de pneumopathie bactérienne par légionellose et pneumocoque a été fait en moins de 4 heures… bravo aux médecins qui l'ont soigné…  mais des fautes ont existé ensuite ;
  • la cause du décès serait la légionnella et pas le pneumocoque : il doit exister des arguments pour l'expliquer ;
  • outre que ce cas a été décrit dans des procédures judiciaires, est-ce informatif pour la communauté scientifique de le publier 11 ans après… En médecine, des revues prestigieuses, ne prennent pas en considération, sauf exception, des recherches de plus de 4 ou 5 ans d'ancienneté.

Est-ce que l'auteur a des pressions de publier pour constituer un curriculum obèse dès que possible…  ce qui est le cas pour des promotions académiques. Je n'en sais rien.

Je suggère à la rédaction de relire ou faire relire les articles avant de les publier : il s'agit du peer review, très bien connu chez Elsevier qui peut aider la rédaction..  car le comité de rédaction contient de bons experts..  dorment-ils ? L'autre problème serait de former le rédacteur en chef et son adjointe après avoir évalué s'ils ont les 14 compétences des rédacteurs.

Lien d'intérêt : je suis rédacteur adjoint d'une revue Elsevier ; j'ai publié dans Droit, Déontologie & Soin en 2010, avec satisfaction.

PS : je vais encore recevoir une lettre recommandée car vouloir améliorer les pratiques éditoriales des juristes est ambitieux…

 

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3 commentaires

  • , car laisser une faute n’est pas très professionnel, surtout quand il s’agit de dénoncer les fautes des autres ; est-ce qu’il faut un s à la fin de …certaines information? .. l’auteur doit savoir ;
    Ce n’est pas méchant, c’est juste pour vous taquiner, dans le genre « arroseur arrosé « .
    Veuillez m’excuser !

    Répondre
  • C’est intéressant de se pencher sur un article qui relève d’une discipline non médicale (ici le droit), cela permet sans doute de se rassurer, suivant la maxime (de Talleyrand ?) « Quand je m’examine, je m’inquiète. Quand je me compare, je me rassure ».
    Quelques remarques toutefois (sans en déduire quoi que ce soit sur la pertinence des réflexions énoncées plus haut, je n’oserai pas !) :
    – l’article date de septembre 2017 parce que le jugement du tribunal administratif date de mai 2017. Il s’agit d’une procédure d’appel du jugement du TAA de 2015 (https://www.legifrance.gouv.fr/affichJuriAdmin.do;jsessionid=DCB257559E05F0B2FAE7E7CDDF0390AE.tpdila20v_2?oldAction=rechExpJuriAdmin&idTexte=CETATEXT000034808077&fastReqId=98458887&fastPos=796). Cela fait finalement un délai particulièrement court (pour l’article, pas pour la justice !) si on inclue le délai d’écriture et des reviewers (s’ils existent).
    – Beaucoup d’imprécisions dans l’article viennent d’imprécisions dans l’énoncé du jugement lui-même (je ne sais pas s’il faut s’en réjouir…). Par exemple, l’utilisation de « un crépitant » au singulier qu’on retrouve dans l’article comme dans le jugement. Il s’agit donc d’erreurs dans l’appréciation par des juristes de faits médicaux. L’article est d’ailleurs davantage un résumé d’une décision de justice qu’une production originale au sens où on l’entend en science habituellement.
    – Je ne pense pas que ce type d’article soit relu, encore moins par des professionnels de santé. Son public est sans doute davantage composé de juristes. L’inverse est souvent vrai (articles médicaux non relus par d’autres disciplines non médicales). J’ai relevé par exemple dans de nombreux articles des erreurs sur l’origine du mot « chikungunya », que n’importe quel étudiant en licence aux langes orientales aurait corrigé instantanément. Personne je crois ne s’étonne qu’aucun linguiste ne fasse partie des relecteurs des articles sur le chikungunya (quoique cela pourrait être intéressant d’ouvrir aux sciences humaines la relecture d’articles médicaux, dès lors qu’ils concernent des patients !).
    – D’autres erreurs relèvent de l’article lui-même et paraissent difficilement justifiables par la non connaissance du sujet médical (par exemple les fautes d’accord). Pour celles-là les critiques restent justifiées. La faute du titre en particulier attire l’attention et interroge. L’ensemble de l’article ne parait pas contenir d’autres fautes aussi grossières et l’apparence de « mauvaise qualité » de l’article me paraît relever davantage de la description par des non professionnels de santé de faits médicaux que d’un réel défaut de qualité ou de rigueur.
    – Enfin, l’intérêt de l’article ne porte me semble-t-il ici pas sur le rapport médical ni sur la conséquence malheureuse qui en a résulté. Si je peux risquer un avis de non juriste, le point qui ici pourrait attirer l’attention du lecteur est sans doute le calcul suggéré par la cour d’appel administrative de la responsabilité conjointe d’un hôpital du service public (qui relève de sa compétence) et d’une clinique privée (qui n’en relève pas). Dire « l’hôpital est responsable à 50% » revient à dire « la clinique est responsable à 50% », sans pour autant imposer une quelconque décision à la juridiction qui pourrait être amenée à juger de la responsabilité de la clinique…
    Bref, merci d’attirer notre intérêt sur ce sujet, mais il faudrait sans doute l’avis d’un juriste pour tirer des conclusions sur l’article comme sur les procédures de sa publication…

    Répondre
  • Merci pour votre commentaire très bien argumenté et qui mérite considération. Les frontières entre les disciplines expliquent certaines imprécisions.
    Il est intéressant de constater tous les liens d’intérêts, et surtout que cet article soit signé par la rédactrice adjointe, qui porte le même nom que le rédacteur en chef. Aucune correction des fautes n’a été faite à ce jour (5 novembre 2017)
    Merci pour votre regard.
    Cdlmt
    H Maisonneuve

    Répondre

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