Simultanément, des médias grand public dénoncent les pratiques des chercheurs en septembre / octobre 2017… Inquiétant ? Oui, car cela montre clairement que la communauté scientifique n'est pas capable de diffuser le concept de conduire des recherches responsables. Les responsables laissent (voire incitent) des chercheurs honnêtes adopter des pratiques préjudiciables à la recherche. S'ils ne font rien, remercions les journalistes, et le grand public, car ce sont eux qui vont faire changer ces comportements…… Les articles deviennent nombreux, et félicitons ces journalistes, dont David Larousserie du Monde, pour les enquêtes qui sont de qualité. Félicitons aussi Chris Chambers qui a inspiré des réflexions de ces journalistes, car son livre, les 7 péchés mortels de la science, est bien fait. Nous avions rapporté un article de Slate d'août 2017 alertant le public !
Au Québec, ce sont des articles dans La Presse (Marie-Claude Malboeuf) qui alertent leurs lecteurs sur des pratiques
- Les tricheurs de la science (12 septembre) : "Ils devraient être des modèles de rigueur. Ils ont plutôt truqué leurs résultats, détourné des fonds, menti ou volé des écrits. Depuis cinq ans, près d'une centaine de scientifiques canadiens ont été punis pour malhonnêteté, révèlent des données obtenues par La Presse. Et ils sont de plus en plus nombreux à se faire prendre."
- Fraudes : fausses revues scientifiques, faux congrès (20 septembre) : "Après les fausses nouvelles, les faux journaux scientifiques prolifèrent sur le Net. Et d'après notre enquête, des centaines de professeurs d'université québécois les alimentent - dans certains cas, en toute connaissance de cause."
- Fraudes scientifiques : des secrets bien gardés (13 septembre) : "La moitié des universités québécoises ne veulent rien dire au sujet des inconduites scientifiques commises entre leurs murs. Notre enquête permet néanmoins de lever le voile sur ce qui s'y passe.
L'éveilleur de l'Université de Sherbrooke a eu l'audace de relayer ces articles à la communauté académique : bravo. D'autres l'ont probablement fait… bravo.
La revue francophone suisse, Le Temps, quotidien de la Suisse romande et francophone, a publié 5 articles consacrés aux plaies de la science, en partenariat avec Le Monde ; titre de la série "Les 5 plaies de la recherche actuelle" :
- «Publish or perish», quand la science met les chercheurs sous pression (Catherine Frammery, 19 septembre) : "Les chercheurs sont incités à produire, pas à avoir raison." Article juste, avec quelques exemples..Cette folle course à la publication entraîne quantités d’articles de moindre qualité, que de moins en moins de chercheurs ont le temps de lire.
- Quand les éditeurs confisquent la science (Pascaline Minet, 19 septembre) : "Les responsables des revues scientifiques monnaient très cher l’accès à leurs contenus, au détriment de la recherche. Un vent de révolte souffle sur les institutions, bien décidées à remettre la main sur ce savoir"
- La revue par les pairs sous le feu des critiques (Frédéric Schütz, 20 septembre) : "Le système d’évaluation par les pairs («peer review»), au cœur de la méthode scientifique, fait l’objet de nombreux reproches. Les propositions d’améliorations abondent également."
- Dans les labos, de petits arrangements avec la science (David Larousserie, 21 septembre) : "Pour aboutir à des découvertes, les chercheurs ont parfois recours à des tours de passe-passe douteux: trucages d’images et bidouillages statistiques abondent."
- Une science impossible à reproduire (David Larousserie, 22 septembre) : "La possibilité de refaire et de confirmer une expérience est au cœur de la démarche scientifique. Pourtant, dans un grand nombre de cas, cela ne fonctionne pas."
Un éditorial du 19 septembre de Pascaline Minet accompagne ces articles Libérer le savoir scientifique : "L’édition scientifique mérite une mise à jour: il est temps qu'apparaissent de nouveaux modèles privilégiant l’accès à tous aux fruits de la recherche". Un autre article du Temps (Catherine Frammery, 19 septembre) : "Altmetrics, CRAC et bonus: dix choses à savoir autour des publications scientifiques" : Oui, dans certains pays un chercheur obtient des dizaines de milliers de dollars en publiant dans une bonne revue. Un autre article de Catherine Frammery, 19 septembre : "Matthias Egger: «Les universités ont compris qu'elles devaient changer» Sans mâcher ses mots, le président du Fonds national suisse donne sa vision du «Publish or perish» et évoque ses plans d’amélioration. Le fonds national suisse a adopté DORA.. qui connaît DORA en France ?
Espérons qu'un président d'une université française reprenne en public les propos de Matthias Egger !
Le Monde a aussi publié des articles, en accord avec le Temps :
- L’évaluation par les pairs, un processus défaillant dans la recherche, par David Larousserie et Frédéric Schütz le 26 septembre : je cite un extrait "« Sans évaluation, environ 2 % des articles publiés seraient corrects, reproductibles et intéressants. Grâce à la peer review, on arrive entre 10 % et 50 % », estime David Vaux, professeur au Walter and Eliza Hall Institute de Melbourne".
- Publier ou périr : l’injonction qui pousse la science à la faute, par David Larousserie le 2 octobre. Avec toujours plein d'anecdotes du type "L’Afrique du Sud réalise qu’elle a dépensé des millions de dollars pour publier les travaux de ses chercheurs dans des revues, qui se révèlent être des journaux prédateurs, c’est-à-dire sans évaluation rigoureuse des articles."
Cela fait beaucoup, mais les sourds sont nombreux à l'université…..
Merci aux amis qui m'ont alerté, L Mallet, P Piché, S Morin, G Borgès da Silva, R Kohler, F Locher, et je m'excuse pour tous ceux que j'oublie.
Un commentaire
Nous avons signalé récemment une fraude scientifique au centre de recherche de McGill auprès du bureau des affaires légales du Fond recherche Québec Santé qui a transmis à son tour notre rapport avec des preuves indéniables a l’Université McGill. Nous souhaitons que les médias en soient informés afin pour diffusion et enquête. Nous aimerions vous faire parvenir notre rapport et tout document nécessaire.