Dans le BMJ de février 2018, une étude très originale car les auteurs ont refait les analyses sur le critère de jugement principal pour des études cliniques randomisées publiées dans deux revues. Il s'agissait de savoir si la mise à disposition des données sources permettaient de reproduire les résultats. Eh bien, malgré des difficultés, c'est possible… Très bonne nouvelle. Mais dans cet article, il y a un point noir : les données étaient disponibles pour 46 % des 37 essais publiés ! Le titre de l'article du 18 février 2018 "Data sharing and reanalysis of randomized controlled trials in leading biomedical journals with a full data sharing policy: survey of studies published in The BMJ and PLOS Medicine". Les auteurs : Florian Naudet, psychiatre au CHU de Rennes (a travaillé chez METRICS, Californie, et supporté par la fondation Pierre Deniker, Université de Rennes, et l'Agence nationale pour la recherche), Charlotte Sakarovitch (Stanford, et origine du CHU de Nice), Perrine Janiaud (METRICS, et origine du CHU de Lyon), Ioana Cristea (METRICS, origine roumaine), Daniele Fanelli (METRICS et LSE Londres), David Moher (Ottawa, Canada) et John Ioannidis (METRICS et Stanford).
Deux éditoriaux accompagnent cet article :
- Data sharing in medical research. Trust is the elephant in the room, qui discute le fait que partager les données nécessite beaucoup d'efforts et de ressources. Il discute le fait de savoir si ces résultats sont encourageants ou plutôt inquiétants… tout est question de confiance !
- Data sharing: making good on promises par E Loder, qui est head of research du BMJ. Elle cite un statisticien du BMJ qui estime que partager des données d'un essai nécessite une semaine de travail. Le BMJ veut encore durcir ses positions, et en fait, ils ne font que suivre les nouvelles recommandations de l'ICMJE en décembre 2017.
Il faut un peu de temps pour lire l'article, mais c'est un plaisir car il est bien fait, et c'est un très gros travail. Vous aurez plaisir à lire aussi les avis des relecteurs et réponses des auteurs. Les auteurs ont choisi deux revues dont le BMJ qui demande que l'accès aux données sources soit précisé par les auteurs depuis 2013. Ils n'ont pas pris les 2 revues qui publient les seeding trials de l'industrie (NEJM et Lancet) et ils ont eu raison.
J'ai traduit l'encadré "What this study adds":
- La disponibilité des données n'était pas optimale dans deux revues avec une politique rigoureuse de partage des données, mais le taux de partage des données de 46 % observé était plus élevé qu'ailleurs dans la littérature biomédicale.
- Lorsque des réanalyses sont possibles, elles donnent généralement des résultats semblables à ceux de l'analyse originale ; toutefois, ces réanalyses ont utilisé les données à un stade analytique avancé.
- Les problèmes de contact avec les auteurs correspondants, le manque de ressources dans la préparation des ensembles de données et l'importante hétérogénéité des pratiques de partage des données sont autant d'obstacles à surmonter.
Lien d'intérêt : j'ai relu cet article avant publication, et j'avais aimé.