Chris Chambers, professeur de neurosciences cognitives à Cardiff, a décrit dans son livre sur les 7 péchés mortels de la psychologie ce qu’il a appelé le Repligate en psychologie (pages 52 et 53).
En mai 2014, la revue Social Psychology a publié une quinzaine d’articles de chercheurs ayant refait des expériences faites entre 1950 et 2008 et ayant conduit à des conclusions considérées comme établies. Ce numéro en accès libre est intéressant. Dans la plupart des cas, ils n’ont pas observé les mêmes résultats. Ces tentatives ont été très mal accueillies et les accusations ont été violentes : des chercheurs se sont opposés à l’idée de reproduction des résultats publiés allant jusqu’à qualifier de « nazis », de « fascistes » ou de « mafiosi » ceux qui remettaient ainsi en question les recherches de « collègues ».
La littérature sur ce Repligate est importante. Dans un article faisant le bilan de sa position de rédacteur en chef (2010 à 2015) de la revue Perspectives in Psychology, BA Spellman donne son point de vue. Elle explique que des chercheurs séniors se sont opposés à ceux qualifiés de « Replicators » avec des arguments peu convaincants, du type : ceux qui répliquent des recherches sont des incompétents qui n’ont pas d’idées, leur objectif est de montrer que les autres recherches ne marchent pas.
Il aura fallu beaucoup de temps avant de sortir de cette mentalité qui consistait à penser que ce travail était inutile. La demande de transparence et d’ouverture des données ont largement contribué à ce changement.
En 2018, reproduire des expériences n’est plus un travail honteux de recherche pour chercheurs sans idées ! Voir le billet de demain.
Spellman BA. A short (personal) future history of revolution 2.0. Prespectives on Psychological Science 2015;10:886-899.