Les Annals of Internal Medicine ont publié une excellente recherche (septembre 2018) sur l'association entre les estimations des effets du traitement et les caractéristiques de publication. L'étude méta-épidémiologique a été réalisée par des chercheurs français et allemands (hôpitaux universitaires et centres Cochrane), financés par Cochrane France. Il faut surtout féliciter Agnès Dechartres, Sorbonne Université, qui est premier auteur de cet article.
L'objectif était de comparer l'effet du traitement entre les essais cliniques comparatifs et randomisés (ECR) publiés et non publiés et entre les essais cliniques publiés en anglais et dans d'autres langues. Ils ont analysé 5659 ECR inclus dans 698 méta-analyses, et la sélection des études a été bien faite : les données proviennent des revues Cochrane publiées entre mars 2011 et janvier 2017 et des références d'essais citées dans ces revues. Parmi les 5 659 ECR, 356 n'ont pas été publiés. Parmi les 5303 ECR publiés, 393 étaient dans une autre langue que l'anglais.
Les effets du traitement étaient plus importants dans les ECR publiés que dans les ECR non publiés (rapport combiné des rapports de cotes [ROR] pour 174 méta-analyses, 0,90 avec IC à 95 %, 0,82 à 0,98). Les effets du traitement étaient plus importants pour les essais publiés dans une langue autre que l'anglais par rapport aux articles en anglais (ROR combiné pour 147 méta-analyses, 0,86 avec IC à 95 %, 0,78 à 0,95).
Ces résultats confirment qu'en limitant la recherche aux essais publiés, on risque de surestimer les effets du traitement, ce qui pourrait influer sur les résultats et les conclusions des méta-analyses. L'étude remet en question la recommandation de tenir compte de toutes les langues dans les examens systématiques. Il y a un biais linguistique, car les essais publiés dans une langue autre que l'anglais ont révélé des estimations de l'effet du traitement plus importantes que celles publiées en anglais. L'effet traitement plus important observé dans les essais publiés dans une autre langue que l'anglais est probablement lié à la plus faible qualité méthodologique de ces essais.
Référence
Dechartres A, Atal I, Riveros C, Meerpohl J, Ravaud Ph. Association between publication characteristics and treatment effect estimates. A meta-epidemiologic study. Annals Internal Medicine 2018;169:385-393.
Un commentaire
En même temps quand on voit la difficulté de publier dans les revues anglophones les essais négatifs…