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Lancet Global Health publie un article en français, BRAVO. Exclusion des francophones dans la recherche

Points clés

Rare, voire exceptionnel, et cela traduit un engagement non seulement des auteurs, mais aussi de la communauté scientifique, via The Lancet Global Health. Le titre de cet article du 15 avril 2019 : "Plaidoyer conte l'exclusion des francophones dans la recherche en santé mondiale". C'est probablement généralisable à d'autres domaines de la recherche. La version anglaise de l'article est en supplément. Nous avons évoqué un sujet voisin le 10 avril 2019 : L'injustice linguistique des auteurs non-natifs qui doivent écrire en anglais devrait être considérée dans la recherche

Cet article explique que les bailleurs de fonds, les revues médicales les plus influentes, les conférences internationales les plus prestigieuses…. sont dans leur grande majorité anglophones… Les chercheurs africains francophones sont régulièrement confrontés aux difficultés linguistiques, même sur leur propre continent. Ils sont nombreux à exprimer ces difficultés, mais ils ne sont pas entendus. Lors d’une conférence (Africa Health Agenda International Conference) en mars 2019 à Kigali (Rwanda) un atelier a réuni des participants de 6 pays africains francophones. Ils ont identifié quatre points : 1) l’isolement linguistique ; 2) une double exclusion : difficultés pour publier en anglais et publications peu accessibles par des décideurs locaux qui ne maîtrisent pas toujours l’anglais ; 3) la suprématie des publications anglophones ; 4) les revues francophones sont peu diffusées, sans reconnaissance par un facteur d’impact, et peu citées. Cet atelier a été supporté par la Fondation Elsevier qui avait délégué deux rédactrices de la filiale française d’Elsevier Masson (Christine Aimé-Sempé et Yasmina Ouharzoune). 

Ce sont trois experts francophones engagés dans des organisations internationales anglophones qui ont signé cet éditorial : Anne Lancet GH RocaRoca est ‘senior editor’ de Lancet Global Health, Yap Boum est chercheur en Afrique (Yaoundé, Cameroun), et travaille pour Epicentre (la partie recherche de Médecins sans frontières), Isabelle Wachsmuch est responsable à l’Organisation Mondiale de la Santé (Genève, Suisse) du programme Couverture Universelle Santé et parcours de vie. Lancet Global Health est une revue prestigieuse créée en 2013 et dont tous les articles sont en accès libre.

L’atelier a produit une déclaration reproduite ci-dessous.

Principes de base pour plus de diversité linguistique dans la recherche en santé au niveau mondial

  • Promouvoir les traductions de documents scientifiques. L’apprentissage de l’anglais est une nécessité, mais pour réduire les inégalités, il faut que plus de documents soient disponibles dans les autres langues. Ces documents doivent être traduits dans leur intégralité, pas seulement résumés. Dans le cas de la langue française, l’Organisation Internationale de la Francophonie a un rôle à jouer pour faciliter les efforts de traduction, avant et après la publication.
  • Encourager la publication d’articles dans d’autres langues que l’anglais, notamment en élaborant des mécanismes de soutien aux revues en français et dans d’autres langues. Ces revues représentent un espace accessible aux non-anglophones mais ne sont pas forcément privilégiées par les chercheurs. C’est cependant en les soutenant que leur impact sera renforcé.
  • Soutenir le dynamisme des chercheurs africains par la mise en avant de mentors issus de différentes origines linguistiques, qui peuvent servir de modèles et de conseillers pour les chercheurs parlant la même langue. La création et la promotion de réseaux où les chercheurs pourraient échanger des idées, s’entraider et exceller dans leur propre langue sont essentielles.
  • Organiser plus de conférences francophones en Afrique et des sessions en français lors de conférences internationales, avec des traductions simultanées pour les non-francophones.
  • Remédier au manque chronique de financement de la recherche en Afrique francophone en préconisant plus de multilinguisme parmi les bailleurs de fonds et les donateurs, afin d’éliminer l’obstacle à la mise en place de la recherche que représente la langue.
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5 commentaires

  • La médecine occidentale a assez longtemps été victime de la langue savante unique – le latin – pour promouvoir les langues des différentes nations dans leurs travaux de recherche et de découverte. Toute langue unique- y compris la francophone – est une amputation grave à la complexité du réel. L’impérialisme linguistique est destructeur de la créativité propre à chaque espace culturel et le lit naturel de toute « pensée unique ». Encore trop révolutionnaire pour nos esprits ?

    Répondre
  • En Suisse, ils ont 3 (ou 4, selon la façon dont vous comptez) langues avec lesquelles ils doivent se débrouiller. L’administration passe un certain temps à traduire les lois, règlements et autres d’une langue dans l’autre. Et ils y arrivent très bien!
    Applaudissons le Lancet!
    Et poussons ce mouvement en avant.

    Répondre
  • Sujet difficile !
    D’accord, mais alors que signifie “L’injustice linguistique des auteurs non-natifs qui doivent écrire en anglais devrait être considérée dans la recherche”.
    Non natifs d’ou ?
    Pourquoi ne pas traduire « non-native » (English speakers) par (auteurs) « non anglophones de naissance ».
    “L’injustice linguistique envers les auteurs non anglophones de naissance (ou naturels) etc. “ reste fidele a votre pensee, n’est-ce pas ?
    Qu’ils soient victimes d’une injustice n’est pas evident; c’est un etat de fait et personne n’oblige les non anglophones naturels a ne pas recourir a des traducteurs ou a ne pas apprendre l’anglais. Il existe des moyens d’apprendre seul et en particulier des methodes … natives (oui) de France qui demandent un investissement minime tant financier que de temps. Et qui sont plus efficaces que l’ecole.
    Les systemes educatifs de nombreux pays, le mien en premier lieu, ont miserablement failli a enseigner les langues. On voit que certains reussissent, les pays baltes, les scandinaves par exemple. Les autres enseignent les langues etrangeres comme du latin. The hairshirt way (méthode robe de bure): http://www.micheloud.com/fxm/la/LE/guide1.htm
    En fait il faudrait aussi enseigner le latin comme une langue vivante.
    C’est de la qu’emerge la veritable injustice ! Pas du monde de la publication scientifique.
    L’anglais a pris possession des francais avec ses vrais amis comme les faux. Et pas seulement des francais.
    Ainsi, « Cet atelier a ete supporte » par la Fondation Elsevier. Etait-il si penible ?
    « To support » : soutenir.
    https://www.wordreference.com/enfr/support.
    Il a ete soutenu; finance peut-etre , pas fonde (funded) en tout cas.
    L’autre jour on parlait de « charger”pour des publications, il s’agissait d’apres le contexte non pas de charger un maudit journal anglais sabre au clair , mais de facturer.
    https://www.wordreference.com/enfr/charge
    Le mal est profond , infiltrant (« pervasive »), irremediablement installe meme chez les canadiens.
    Les defenseurs de la francophonie doivent etre plus vigilants.
    Mais votre tache est difficile a cause des media linguistiquement incompetents qui diffusent l’invasion avec une ignorance aussi arrogante (je parle moderne ! Je suis “disruptif” !) que paresseuse (ouvrir un dictionnaire). Ils vous poussent tous les jours vers l’anglicisme.
    Pardonnez les accents absents.

    Répondre
  • @J Smith:
    Personnellement, je n’ai rien contre les anglicismes en français. Les langues évoluent comme elles l’ont toujours fait. Si elles convergent, y compris vers un sabir, tant mieux.
    Mais si vous vous attardez sur le concept de « justice » pour déterminer d’où vient l' »injustice » (comme si cela avait vraiment un sens d’ailleurs), il vaut mieux peut-être demander à des gens qui ont pensé au concept…
    https://plato.stanford.edu/entries/justice/
    Par exemple, vous pouvez tenter de vous faire une idée de « est-ce que juste ou injuste » en partant, par exemple (point 5.2) du concept de justice de John Rawls. Il propose même quelques petits critères utiles, comme celui du « voile de l’ignorance ». À vous de vous faire votre opinion sur la base de critères le plus objectifs possibles.

    Répondre

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