Suite au billet du 19 août 2019 "Quatre croyances erronées qui font obstacle à des recherches plus fiables", j'ai proposé d'analyser ce livre de Richard Harris, journaliste scientifique qui vit à Washington. Ce livre revient sur des histoires connues, en ajoutant la touche du journaliste d'investigation qui raconte les coulisses de certaines publications.
Le chapitre 2 commente des situations, des exemples pour expliquer la difficulté de conduire des expériences de biologie.
Le plus difficile est de ne pas se berner soi-même, alors que vous êtes le premier que l’on peut berner…. Les scientifiques suivent leurs bonnes idées, sans chercher à montrer que l’idée peut être fausse ou mauvaise : il faut montrer qu’elle est bonne.
Les réflexions de ce chapitre sont autour de l’évolution de la science avant et après l’arrivée de la biologie. Les scientifiques ont d'abord pensé que tout était démontré et qu’il ne fallait que vérifier des conclusions établies… puis la biologie a apporté des niveaux de complexité, et l’on a oublié de bien vérifier toutes les données existantes lors de nouvelles expériences. R Harris donne plusieurs exemples de chercheurs ayant eu des prix Nobel grâce à leurs travaux sur le long terme, sans pression de publier vite (télomérase, TERT) !
Quelques commentaires sont vrais : il n’est pas habituel de commenter les expériences que l’on ne peut pas reproduire… Cela peut nuire si l’on veut déposer des dossiers pour obtenir des fonds de recherche. Des témoignages : si dans un congrès, un chercheur intervient pour bien expliquer que l’expérience de xxx à Harvard ne marche pas, les langues se délient et parfois deux ou trois chercheurs confirment en public avoir essayé de les reproduire sans succès !
La biologie est difficile car tout peut varier et l’on peut mettre du temps à comprendre quand c’est une étape de lavage des instruments qui diffère, la qualité de l’eau, un un facteur environnant qui n’est pas le même. Trop souvent, par facilité, les chercheurs travaillent sur des souris mâles exclusivement (pour éviter les facteurs liés au cycle menstruel des souris femelles). Trop de chercheurs ne travaillent jamais en aveugle pour des interventions, des lectures de données, mais ils peuvent le faire croire dans les articles, etc…
Cela peut durer plusieurs années avant qu’une bonne idée émerge, et qu’une mauvaise idée disparaisse. Les scientifiques n’ont aucun intérêt pour regarder en arrière, ce qui compte pour la carrière, c’est d’avancer et avoir de bonnes idées !
Les 10 chapitres ont pour titre :
- La bombe de Begley (billet du 6 septembre 2019)
- C’est dur, même dans les bons jours (billet du 13 septembre 2019)
- Un seau d’eau froide (billet du 20 septembre 2019)
- Trompé par des souris (billet du 27 septembre 2019)
- Croire l’incroyable (billet du 4 octobre 2019)
- Sauter aux conclusions (billet du 11 octobre 2019)
- Montrez vos données (billet du 18 octobre 2019)
- Une culture cassée (billet du 28 octobre 2019)
- Le challenge de la médecine de précision (billet du 8 novembre 2019)
- La recherche sur la recherche (billet du 15 novembre 2019)
2 commentaires
Pour info : Jordan Ellenberg a été traduit (et très bien) chez Cassini.
Un excellent complément à Alexis Clapin
Cordialement
Pierre Rimbaud
Merci, je n’avais pas vu :
L’art de ne pas dire n’importe quoi : Ce que le bon sens doit aux mathématiques
J’ai commandé
Cdlmt
H Maisonneuve