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Un polar sur le « Choleragate » : histoire passionnante entre rigueur scientifique et scandale politique… avec des revues prestigieuses sans esprit critique !

Points clés

CholéraLe sous-titre de cet excellent livre (CNRS Editions 2019) de Renaud Piarroux : Histoire d’un désastre… et c’est une histoire contemporaine de l’épidémie violente de choléra importée à Haïti en 2010 par des Casques bleus de l’ONU. J’ai lu en détail en annotant les pages, soulignant des phrases trop vraies vis-à-vis de l’omerta des politiques qui ne veulent pas reconnaître une responsabilité…  mais seront obligés de changer d’avis devant les évidences.

Je vous renvoie à des extraits sur le site Cnrs éditions, à des analyses bien faites dans Médecine/Science par exemple (Anne-Marie Moulin), à une interview dans Le Monde dont je cite un paragraphe : « Déverser la fosse septique de la base militaire des Nations unies, qui contenait une énorme quantité de Vibrio cholerae, l’agent du choléra, dans un affluent du principal fleuve d’Haïti, l’Artibonite, a eu pour conséquence de contaminer la population à une vitesse fulgurante. Deux jours après, environ 10 000 personnes tombent malades le long du trajet du fleuve. C’est un tsunami épidémiologique. Nombre de personnes atteintes meurent en deux heures. De mon expérience du choléra sur plusieurs années en Afrique, je n’ai jamais vu une épidémie démarrer avec une telle violence« .

J’ai été intéressé par les jeux des revues scientifiques prestigieuses, et je ne peux résumer tout ce que vous lirez. Des experts ont voulu défendre la théorie climatique pour expliquer l’épidémie et ainsi dédouaner les militaires de l’ONU, et les politiques. Je retiens deux articles qui mériteraient un vrai « warning » pour les lecteurs, voire une rétractation (qui ne sera jamais faite, et plus discutable) :

  • Un éditorial de Lancet Infectious Diseases (pages 109 à 111 du livre de R Piarroux) a été rapidement publié (décembre 2010) pour dire que cette épidémie était une curiosité scientifique, avec ce titre « Alors que le choléra revient en Haïti, il ne sert à rien d’accuser ». Cet éditorial anonyme (signé Lancet Infectious Diseases) a été téléguidé…  par qui ? Les manoeuvres ont vite commencé pour dédouaner certains responsables..
  • Un article dans la prestigieuse revue PNAS était une manipulation bien orchestrée (page 69 du livre de R Piarroux, dans le chapitre désinformation). Son titre « Diversité génomique des souches de l’épidémie de choléra d’Haïti » en juin 2012, avec pour objectif de défendre la théorie climatique, avec 21 signatures prestigieuses, dont la dernière Rita Colwell. Heureusement une lettre en réponse de R Piarroux a expliqué qu’il n’existait pas de preuves à l’encontre de la théorie d’une infection causée par les militaires. Mais encore d’autres lettres…

Finalement, les meilleurs articles ont été :

  • Celui du NEJM fin 2010 (janvier 2011) sur le séquençage de la souche haïtienne en montrant qu’il s’agissait d’une souche asiatique ;
  • L’article de Emerging Infectious Diseases en mai 2011, après un reviewing intensif. Cet article a d’abord été refusé par The Lancet, sans relectures externes (page 131/132 du livre de R Piarroux).. probablement en regard de l’éditorial du lancet Infectious DIseases… Bon article de Emerging Infectious Diseases, et cela devient clair « Our epidemiologic study provides several additional arguments confirming an importation of cholera in Haiti. There was an exact correlation in time and places between the arrival of a Nepalese battalion from an area experiencing a cholera outbreak and the appearance of the first cases in Meille a few days after. »

J’ai repris des données de revues scientifiques, mais tout s’est joué aussi dans les médias pour le grand public. Bien expliqué dans le livre.

Cynisme, mensonges, etc..  ont voulu protéger les institutions internationales, mais finalement l’ONU a reconnu ses fautes, sans envisager de réparation vis-à-vis des populations… Les mots sont durs vis-à-vis de certains experts prestigieux qui jouent des rôles troubles , voire influencent des revues scientifiques. Je cite page 268 une remarque sur cette théorie climatique : « Le mensonge est une nasse. Rita Cowell s’y est enfermée. Les honneurs reçus grâce à sa théorie qui enthousiasme le monde scientifique l’empêche de se dédire« .

Une lecture attentive de ce livre ne vous décevra pas, et vous fera imaginer que d’autres scandales de ce type existent… grâce aux lobbies divers qui manipulent les revues scientifiques….

 

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