Avant de proposer fin 2019 une définition consensuelle des revues prédatrices, des recherches ont été conduites par divers groupes, mais essentiellement par le centre de journalologie d'Ottawa. Ce n'est pas la seule équipe de recherche sur les revues prédatrices.
Ce travail est original fait par une bonne équipe de chercheurs (BC Björk et al, Finlande). Il est étonnant de constater que cet article a été publié dans une revue appartenant à un groupe que certains, comme moi, qualifient de prédateurs… mais je reconnais que cela dépend des revues publiées par ce groupe… Est-ce un semi-prédateur ? L'article a été accepté en 34 jours ! Gênant quand même. L'article est moins bien écrit et moins transparent que l'article de l'équipe d'Ottawa dans BMJ Open… grosse différence !
La question de fond est gênante : de bons articles sont parfois publiés par des revues prédatrices… Nous n'avons pas de données pour répondre, mais nous savons que de bonnes équipes ont publié dans des revues prédatrices soit par inadvertance, soit par facilité. J'ai rencontré des chercheurs qui, sous la pression, ont publié rapidement dans des revues prédatrices et leur chef était heureux ! OUI, cela existe….
Ils ont sélectionné à partir de Google Scholar au hasard 250 articles publiés dans des revues prédatrices en 2014. L'objectif était d'analyser les citations sur 5 ans (en 2019). Ils ont comparé à 250 articles de revues en Open Access dans DOAJ.
Extrait du résumé : "Si l'on a beaucoup parlé du tort que ces revues causent à l'édition universitaire en général, on a négligé un aspect, à savoir la quantité d'articles de ces revues qui sont effectivement lus et en particulier cités, c'est-à-dire s'ils ont un impact significatif sur la recherche dans leur domaine. D'autres études ont démontré que seuls certains articles de revues prédatrices contiennent des résultats erronés et directement nuisibles, tandis que beaucoup d'articles présentent des études médiocres et mal rapportées. Nous avons étudié les citations sur une période de cinq ans dans Google Scholar pour 250 articles aléatoires publiés dans de telles revues en 2014 et avons trouvé une moyenne de 2,6 citations par article, et que 56 % des articles n'avaient aucune citation. À titre de comparaison, un échantillon aléatoire d'articles publiés dans les quelque 25 000 revues évaluées par des pairs incluses dans l'index Scopus comportait en moyenne 18,1 citations au cours de la même période, dont seulement 9 % n'avaient reçu aucune citation."
De bonnes discussions dans l'article… Les articles de revues prédatrices cités le sont surtout dans des revues légitimes !! Les auteurs concluent que l'impact des articles de revues prédatrices est faible… OUAIS…. mais il y a quand même un impact….
2 commentaires
Le prédateur vit au dépens de ses proies. Qui sont les proies des revues dites « prédatrices » : les auteurs surfacturés, les lecteurs abusés, les concurrents pillés ? Un peu des trois, à des degrés divers en fonction des politiques de « prédation ».
Observons que toutes les revues peuvent être classées sur une échelle de « prédations spécifiques », car leur but lucratif engendre immanquablement des pratiques mercatiques plus ou moins critiquables. Le monde (éditorial ou autre) ne peut assurément pas être scindé de manière manichéenne en deux classes.
Il en est de la conduite éditoriale comme de la conduite automobile. L’échelle des degrés d’inconduite est continue, du pire au meilleur, même s’il existe assurément à chaque extrémité des groupes identifiables aux comportements bien distincts.
Les meilleurs éditeurs font régulièrement des erreurs, sont abusés par des auteurs véreux ou accèdent aux desiderata de financeurs incontournables. A l’autre bout, il arrive aux pires prédateurs de produire des publications d’un grand intérêt – car la valeur d’une publication tient avant tout à la qualité scientifique et morale de ceux qui la soumettent.
Ainsi, le problème de l’édition scientifique tient au fait que beaucoup d’éditeurs ne font pas correctement leur métier de tri, de contrôle méthodologique, d’assistance rédactionnelle, et certains ne le font même pas du tout, parfois très ouvertement. Le fait qu’ils manipulent le marché de la science pour en tirer profit n’est pour moi que secondaire, après tout ne se laissent plumer que ceux qui l’acceptent.
Le concept un peu simpliste de « prédation » ne me parait donc pas suffisant pour approcher le monde complexe de l’édition scientifique. Il faudrait que les autorités politiques s’en emparent à l’échelle internationale, non seulement en délivrant des « permis d’éditer » (à points ?) mais aussi en s’arrogeant le pouvoir de les retirer en cas d’infractions !
La question de la circulation des savoirs est devenue trop vitale dans nos civilisations pour la laisser au bon vouloir du marché.
Bonjour
bien d’accord pour dire que tant que les politiques n’auront pas pris conscience des problèmes, rien ne changera vraiment…
MERCI