Cette recherche, publiée le 14 janvier 2021 dans RIPR, a permis d’interroger 56 personnes, soit en interviews semi-directives, soit en focus groups sur leurs visions de la réussite en science (partie 1) et sur les problèmes de la science (partie 2, billets de lundi 22 février). Exceptionnel travail dans la partie flamande de la Belgique et les 56 personnes comprenaient 11 catégories : chercheurs, post-doctorants, doctorants, techniciens, chercheurs ayant changé de carrière, responsables d ‘institutions de recherche, responsables d’organismes d’intégrité, rédacteurs et éditeurs, financeurs, décideurs politiques, membres de réseaux d’intégrité. L’originalité tient à l’inclusion de chercheurs ayant quitté la vie académique. De nombreuses données dans le peer review ouvert (acceptation sans beaucoup de remarques), le protocole, et les suppléments électroniques : un régal !
Les déterminants de la réussite en science ont été groupés en 4 thèmes :
- qui (le chercheur) : position, compétence et expertise, personnalité, statut et réseau ;
- quoi (les résultats) : publications, succès passés, indicateurs quantitatifs, applicabilité et valeur sociétale, enseignement et services ;
- comment (les méthodes, procédures) : collaborations/multidisciplinarité, désintéressement, méthodologie adéquate, adhérence aux standards éthiques, bonne idée de recherche, innovation et créativité, faisabilité, focus, ouverture et transparence, reproductibilité, communication de la science ;
- autre : la chance !
Est-ce que les publications devraient être l’indicateur principal de la réussite en science ? Il y a des arguments contre (réducteur, arbitraire, pervers) et d’autres en faveur (nécessaire, représentatif, mesurable).
Beaucoup de discussions sur l’évaluation de la recherche avec 3 réflexions :
- l’évaluation devrait avoir pour objectif la promotion et la valorisation des bons chercheurs ; les relations, la séniorité et la renommée sont trop importants dans l’évaluation ; des verbatims et commentaires peu surprenants sur des conduites dans les labos ;
- l’évaluation devrait maximiser les bénéfices que la science peut apporter à la société ; le manque d’intérêt dans l’utilisation d’argent public pour répondre aux attentes de la société nuit à la science, mais aussi à la perception de la science par la société ;
- l’évaluation devrait avoir comme objectif l’avancement de la science et du savoir ! Il faut favoriser l’intégrité et la qualité de la recherche plutôt que les décourager !
Une petite musique dans ces articles : il est important de garder à l’esprit que la recherche est complexe et n’est pas organisée avec des groupes d’acteurs différents. Les participants peuvent assurer plusieurs rôles dans le système de la recherche… où encore intérêts personnels et conflits d’intérêts sont très présents.