C’est une nouvelle étape pour lutter contre les images bricolées électroniquement dans les articles scientifiques. Ces bricolages concernent des photos d’histologie, des gels d’électrophorèses, des wertern blot et autres illustrations. Les bricolages consistent à augmenter ou diminuer des contrastes, des balances de couleurs, etc.. avec des logiciels comme photoshop ou plus sophistiqués. Jusqu’à 20 % des images d’articles publiés peuvent être bricolées. J’ai des billets expliquant ce problème.
Ce sont 8 éditeurs qui ont proposé une classification publiée sous forme de projet ouvert à discussion jusqu’au 31 octobre 2021. La version finale sera présentée en congrès le 7 décembre.. Une news dans Nature du 28 septembre 2021 est suffisante pour comprendre.
Le guide énumère trois catégories de manipulation, allant du niveau un — dans lequel certaines images du document ont été modifiées, ou « embellies » d’une manière qui n’affecte pas les conclusions de la recherche — au niveau trois, qui comprend « de graves manipulations d’images, avec des preuves non équivoques d’obscurcissement ou de fabrication et une intention d’induire en erreur ». Un tableau très détaillé donne beaucoup d’informations avec des exemples et des actions suggérées avant et après publications.
Les aberrations de niveau un incluent la duplication d’une partie d’une image ou la fusion de données provenant de différentes expériences. Si de tels cas se révèlent avant la publication, les rédacteurs doivent demander aux auteurs une explication et les données sources. Si la réponse est satisfaisante, les rédacteurs peuvent accepter une révision sans signaler les soupçons initiaux aux institutions des chercheurs. Au niveau deux — images qui sont considérablement modifiées d’une manière qui va à l’encontre de la pratique courante — toute correspondance non confidentielle relative à la question doit être incluse dans le dossier d’examen par les pairs d’un manuscrit. Les manipulations de niveau trois incluent le rapport sélectif ou le recadrage des images afin qu’elles ne représentent pas les données d’origine, et l’étiquetage erroné ou la duplication de parties d’images. S’ils ne reçoivent pas d’explications ou de données sources adéquates, les rédacteurs doivent rejeter le manuscrit et en informer les institutions des auteurs. Si les mêmes données ou chiffres suspects sont publiés par la suite dans une autre revue, les rédacteurs doivent en informer cette revue. Les cas de niveau trois qui sont révélés après la publication devraient entraîner le retrait de l’article si les auteurs ne fournissent pas d’explication convaincante ou de données sources.
PS : Je remercie Aldo Fari qui m’a signalé cette initiative
Un commentaire
Il est curieux que la « duplication d’une partie d’une image » soit au niveau 1 et que la « duplication de parties d’images » soit au niveau 3… La différence résiderait-elle dans le nombre d’images ? Le nombre de parties d’une même image ? Alors qu’un recadrage, un réglage de luminosité ou de couleurs relèvent certainement de « l’embellissement » (ou de la lisibilité) des images, je ne vois aucune raison de dupliquer une/des partie(s) d’image pour donner plus de clarté à l’exposé.
Les fraudeurs essaient toujours de s’en tirer en affirmant que leurs manipulations d’images (niveaux 2 ou 3) n’ont aucune incidence sur les conclusions de l’article. Si l’on accepte la moindre modification c’est la porte (restée) grande ouverte aux fraudeurs et aux clients de “paper mills”. Dans les sciences « molles », si on cite un auteur en ajoutant du gras, de l’italique ou de la couleur sur un passage de la citation, il est obligatoire de préciser : « C’est moi qui souligne ». Pourquoi ne pas appliquer la même règle en sciences « dures » ?