Lors de la session sur le peer review supervisée par Ana Marusic (vendredi 9 septembre matin aux USA), nous avons eu des présentations en astronomie, en computer sciences et l’une dans le domaine des finances. Cette présentation a fait rire dans la salle qui a reconnu la qualité du travail… Grosse étude de chercheurs autrichiens avec des données excellentes.
Avec l’accord des 2 auteurs, ils ont fait relire un manuscrit soumis à la revue Journal of Behavioral and Experimental Finance. Le manuscrit avait deux auteurs : Vernon Smith, prix Nobel très connu, et Sabiou Inoua, jeune chercheur peu connu, peu cité dans Google Scholar. Ils ont la même affiliation, Chapman University. Ils ont contacté explicitement plus de 3000 relecteurs par emails pour proposer de relire en les informant que c’était une recherche… finalement, et c’est excellent, ils ont eu plus de 500 relectures à analyser. Il y avait toujours le même manuscrit soumis à relecture, mais soit sans les noms des auteurs (anonymisation), soit les noms de V Smith ou S Inoua ensemble, soit l’un ou l’autre en les présentant comme auteur correspondant.
Vous craignez les résultats, et vous avez raison. Clairement, le nom de Vernon Smith a eu une influence sur l’acceptation de relire, et les taux d’acceptation de relire ont été 30,7 % si le manuscrit (et l’email de sollicitation) était anonymisé, 28,5 % avec le nom du jeune chercheur et 38,5 % avec le nom du prix Nobel. Les recommandations de rejet de l’article : 65,3 % avec le nom du jeune chercheur, 48,2 % sans nom, et 22,5 % avec le nom du prix Nobel !!!! Détails dans l’image !
L’un des auteurs est blanc, avec un nom américain, l’autre ayant une peau colorée : est-ce un facteur de confusion qui a eu une influence ?
Les auteurs ont proposé d’utiliser la double anonymisation pour le peer-review… mais les commentaires dans la salle ont montré des divergences.
Excellent travail et vous pouvez lire le preprint de 41 pages... avec pour titre ‘Nobel and novice: Author prominence affects peer review‘
Un commentaire
Certains éditeurs mettent les noms des auteurs et leur affiliation en « supplementary material » des manuscrits. Je trouve que cela facilite le travail de review « à l’aveugle » car, comme cela, on peut facilement ne pas savoir qui a écrit avant d’avoir fait la review. Après, on peut aller voir quand même, pour vérifier qu’on n’a pas de conflit d’intérêt, ou juste par curiosité!
C’est une pratique que j’aimerais beaucoup voir systématisée.