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Battage médiatique avec un langage promotionnel : interprétation subjective des preuves… pratique fréquente

Points clés

Qui d’entre nous n’a jamais, dans un article, utilisé des mots ayant l’objectif d’embellir des résultats piteux, ou tout simplement des résultats de qualité qu’il faut faire briller ? Que faire devant ces pratiques communes d’embellissement des informations ?

C’est un travail de longue haleine qui nous apporte des données solides. Il y a 4 articles à lire, et je suggère de commencer par l’excellent éditorial de Howard Bauchner, ancien rédacteur en chef des revues du groupe JAMA. Pour approfondir, les autres articles de cette équipe, associant trois chercheurs japonais et canadiens, sont intéressants. Le problème est que les preuves obtenues des données issues de la recherche sont interprétées subjectivement…  il en découle une information biaisée, tordue et inexacte de la réalité.

Responsabilité des auteurs et des rédacteurs des revues scientifiques

C’est une responsabilité des auteurs et rédacteurs de revues, responsabilité qui tord la réalité et par entrainement nuit à toutes les décisions que l’on croit basées sur des preuves.

J’ai traduit le deuxième paragraphe de l’éditorial d’H Bauchner (décembre 2023) : Comme dans les deux premiers rapports, les auteurs du troisième ont constaté qu’entre 1985 et 2020, il y a eu une augmentation de l’utilisation de mots – tels que nouveau, important et clé – qu’ils classent comme étant à la mode. Sur les 139 mots qu’ils considèrent comme à la mode, 133 ont augmenté en fréquence absolue de 3335 mots par million (wpm) dans les 2 394 480 résumés de PubMed (462,2 millions de mots) qu’ils ont examinés. Par exemple, le mot « novel » a augmenté de 504 mots par million (803 %), le mot « important » de 414 mots par million (139 %) et le mot « key » de 378 mots par million (1327 %). Les auteurs reconnaissent que dans certains cas, ces termes ne reflètent probablement pas le battage médiatique mais sont appropriés. Par exemple, certains rapports de recherche sont effectivement innovants, urgents et en temps opportun. En outre, certains lecteurs ne seraient pas d’accord pour dire que certains termes représentent un battage médiatique, par exemple des mots tels que « de longue date » ou « transdisciplinaire ». Mais rares sont les rapports qui sont transformateurs (4489 % d’augmentation relative), sans précédent (2567 %), cruciaux (1123 %) ou révolutionnaires (621 %). Il est évident que le contexte est important, et il n’a été évalué dans aucune des études.

L’éditorial est bien fait. Il revient sur des notions qui n’apparaissent pas dans les publications des essais contrôlés randomisés, à savoir le NNT (nombre de sujets à traiter) et le NNH (nombre de sujets à traiter pour observer un effet indésirable). Peut-on accepter de prendre en compte des ECR dont le NNT est supérieur à 5 ? Rappelons que plus le NNT est grand, moins le traitement est efficace. Il revient sur la notion de spin, manipulation du langage destinée à tromper…., sur les communiqués de presse et les dangers des réseaux sociaux… et le futur du journalisme.

Quels sont ces adjectifs promotionnels ?

Je reprends, en gardant la langue anglaise, une classification de ces adjectifs :

  1. Importance: compelling, critical, crucial, essential, foundational, fundamental, imperative, important, indispensable, invaluable, key, major, paramount, pivotal, significant, strategic, timely, ultimate, urgent, and vital;

  2. Novelty: creative, emerging, first, groundbreaking, innovative, latest, novel, revolutionary, unique, unparalleled, and unprecedented;

  3. Rigor: accurate, advanced, careful, cohesive, detailed, nuanced, powerful, quality, reproducible, rigorous, robust, scientific, sophisticated, strong, and systematic;

  4. Scale: ample, biggest, broad, comprehensive, considerable, deeper, diverse, enormous, expansive, extensive, fastest, greatest, huge, immediate, immense, interdisciplinary, international, interprofessional, largest, massive, multidisciplinary, myriad, overwhelming, substantial, top, transdisciplinary, tremendous, and vast;

  5. Utility: accessible, actionable, deployable, durable, easy, effective, efficacious, efficient, generalizable, ideal, impactful, intuitive, meaningful, productive, ready, relevant, rich, safer, scalable, seamless, sustainable, synergistic, tailored, tangible, transformative, and user-friendly;

  6. Quality: ambitious, collegial, dedicated, exceptional, experienced, intellectual, longstanding, motivated, premier, prestigious, promising, qualified, renowned, senior, skilled, stellar, successful, talented, and vibrant;

  7. Attitude: attractive, confident, exciting, incredible, interesting, intriguing, notable, outstanding, remarkable, and surprising; and

  8. Problem: alarming, daunting, desperate, devastating, dire, dismal, elusive, stark, unanswered, and unmet.

Faut-il bannir tous ces adjectifs des articles scientifiques ?

Le même travail a été répété sur des documents différents (résultats similaires)

Ces recherches ont été financées par la Japan Society for the Promotion of Science. J’ai lu ces trois articles avec intérêt. Tout simplement, je copie les titres des trois articles publiés dans JAMA Network Open.

Décembre 2023 : Promotional Language (Hype) in Abstracts of Publications of National Institutes of Health–Funded Research, 1985-2020

Novembre 2022 : Trends in the Use of Promotional Language (Hype) in National Institutes of Health Funding Opportunity Announcements, 1992-2020

Août 2022 : Trends in the Use of Promotional Language (Hype) in Abstracts of Successful National Institutes of Health Grant Applications, 1985-2020

Il y a des références intéressantes dans ces articles, références des auteurs qui ont publié ailleurs, et références de l’équipe d’Isabelle Boutron, Hôtel Dieu, Paris.

Merci à Ambroise Martin

 

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3 commentaires

  • Bravo pour cet article et en particulier l’éclairage sur le NNT et le NNH.
    Par contre aucune mention de l’expression des bénéfices en pourcentage relatif plutôt qu’en pourcentage absolu, qui est majoritairement la façon d’embellir les résultats.

    Répondre
  • Il faut aussi dénoncer l’usage du verbe « to demonstrate » i.e « in this paper, we have demonstrated that… » à la place de « to show » ou « to report ». Pour moi, seuls les mathématiciens sont à même de démontrer quelque chose. « Demonstrate » est souvent utilisé de nombreuses fois dans un article.

    Répondre

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