Rechercher
Fermer ce champ de recherche.
Rechercher
Fermer ce champ de recherche.

La cas Sato pas terminé en 10 ans : Journaux et Institutions collaborent mal pour analyser les méconduites et prendre des décisions

Points clés

C’est une news de Science en janvier 2024 qui reprend un article de décembre 2023 dans Accountabilty in Research concernant le cas Sato. Ten Years later: Assessments of the integrity of publications from one research group with multiple retractions.

Un énorme travail avec de nombreuses publications

Depuis 2012, Andrew Grey (Département de médecine, Auckland, New Zealand) avec Alison Avenell (Aberdeen, Ecosse) et Mark Bolland (Auckland) ont analysé les pratiques de deux chercheurs japonais. Ils ont signalé des fraudes aux journaux, et il y a 120 articles rétractés environ…  mais ce n’est pas fini. Souvent Retraction Watch (RW) a rapporté leurs travaux, comme encore en janvier 2024. Yoshihiro Sato était neurologue et Jun Iwamoto un chirurgien orthopédique qui pratiquaient au Japon et ont publié dans le domaine de l’ostéoporose. Y Sato a 119 articles rétractés sur l’échelle de RW (il est n° 4), et Iwamoto en a 90 et il est n° 6 (des articles communs aux deux, mais pas tous). Il y a encore des rétractations en décembre 2023, commentées par RW.  Beaucoup de billets sur RW montrent le travail acharné d’Adrew Grey et collègues… pour pousser Elsevier notamment car les décisions sont très longues à être prises.

L’article est passionnant, avec 21 pages et beaucoup de données. Très peu d’articles décrivent les signalements de méconduites à des institutions, des sociétés savantes et des journaux. Cette analyse est précise, détaillée avec des tableaux précis…  et beaucoup d’informations sur un corpus de 300 publications suspectes. Les auteurs ont alerté ces organisations et gardé la traçabilité de tous les échanges… ils ont suivi les corrections, mises en garde, rétractations et les notes de ‘ré-assurance’ établissant l’absence de méconduites. Les 5 tableaux de l’article sont un régal avec les classements par éditeurs, par revues avec les dates de notifications, et les dates de décision !!

Des délais bien trop longs pour évaluer les articles

J’ai repris ci-dessous la figure 1 de l’article. L’année zéro est 2013, et l’année dix est 2023. Les courbes concernent 292 articles publiés entre mars 2013 et février 2020. En année 7, toutes les notifications (100 %) avaient été faites aux journaux. En année 10, ce sont moins de 60 % des journaux qui avaient répondu pour dire qu’ils avaient évalué les articles… et 30 % ont été rétractés. Il y a des articles dans des revues prestigieuses, avec des données fabriquées, des plagiats et des problèmes de qualification d’auteurs.

sato

 

 

Voici le résumé traduit de l’article de Accountability in Research

Lorsqu’un groupe de recherche a de nombreuses publications rétractées et/ou qu’il est évident qu’un de ses membres a commis une faute de recherche, il existe un risque que ses autres publications ne soient pas fiables, et il est donc conseillé de procéder à une évaluation complète des publications du groupe. Nous avons analysé l’exhaustivité de l’évaluation de l’intégrité de 300 publications d’un groupe de recherche ayant fait l’objet de nombreuses rétractations et dont l’inconduite en matière de recherche était avérée, pour 292 d’entre elles, nous avons fait part de nos préoccupations aux éditeurs et aux institutions académiques entre 3/2013 et 2/2020. Au 4/2023, 91 (30 %) publications n’avaient été évaluées ni par l’éditeur ni par l’établissement universitaire. Les éditeurs avaient évalué 185 (63 %) publications. Les 4 institutions académiques avaient évalué 5/36 (14%), 56/216 (26%), 30/50 (60%) et 40/66 (61%) publications. Les évaluations spontanées, c’est-à-dire celles qui ont été entreprises sans que nous ayons fait part de nos préoccupations, ont concerné 24 (8 %) publications, 3 (1 %) par les éditeurs et 21 (7 %) par les institutions académiques. Parmi les 32 revues ayant ≥2 publications affectées, aucune évaluation spontanée de la ou des publications restantes n’a eu lieu après la notification des préoccupations concernant la ou les publications indexées. Les éditeurs ont rétracté 58/84 (69 %) publications que les institutions ont également évaluées et dont elles ont décidé qu’elles ne nécessitaient aucune action éditoriale. Ces analyses démontrent l’incapacité des éditeurs et des institutions à déterminer de manière exhaustive et spontanée l’intégrité des publications dans un contexte de mauvaise conduite avérée et de rétractations multiples.

Les relations entre revues scientifiques, sociétés savantes et institutions ne sont pas fluides

Ce n’est pas un scoop : rédacteurs en chef de journaux (et éditeurs) communiquent mal avec les référents intégrité des institutions (et leurs présidents). Les recommandations CLUE sont peu connues et ignorées. En 2012, j’ai publié une revue sur ce thème !!! Le management des erreurs et fraudes scientifiques par les revues biomédicales : elles ne peuvent pas se substituer aux institutions

Je remercie François Diévart et Andrew Grey

Partagez cet article sur les réseaux:
Facebook
Twitter
Pinterest
LinkedIn

Un commentaire

  • Bravo aux auteurs de ce travail de bénédictin. Il nous faudrait faire de même pour démonter les centaines de publications frauduleuses de Raoult. C’est aux scientifiques de faire ce travail, car nous savons que les diverses tutelles s’en moquent, quand elles ne couvrent pas les fraudeurs de leur « chaleureuse immunité ».
    Fabrice Frank a identifié 248 articles décrivant des essais cliniques ayant utilisé le même numéro d’autorisation, mais ce n’est que la partie émergée de l’iceberg… Courage, il faut continuer !

    Répondre

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Articles populaires

Archives mensuelles

Suivez-nous

Newsletter

Inscrivez-vous à notre newsletter mensuelle

Tags

Vous pourriez aussi aimer