C’est un livre important paru fin 2023 et que vous pouvez acheter (format papier) ou télécharger gratuitement (format PDF). Ce livre de 284 pages a été écrit par des chercheurs américains, essentiellement de Texas University. Il s’agit d’une recherche financée par la National Science Foundation et il y a eu 48 interviews (17 pays représentés, en priorité Amérique du nord et Europe, de 30 à 60 ans, décrits dans un article de 2022).
Conséquence de l’évaluation de la science, et du Publish and Perish
Dans l’introduction, il y a un rappel du travail de Jeffery Beall dès 2008… J Beall a inclu Frontiers dans sa liste de journaux prédacteurs le 18 octobre 2015… puis des ennuis et il a arrêté sa liste en janvier 207. Ce livre s’appuie sur deux livres, celui de Jingfeng Xia en 2021, et celui de Simon Linacre en 2022 (The predatory effect). Dans l’introduction, il y a des remarques sur la difficulté de désigner les prédateurs, et la différence avec les revues de faible qualité est faible. Des stratégies de grands groupes avec des numéros spéciaux posent problème. Page 14 : Our research has found that any attempt to create a list, or any other mechanism, that makes clear-cut distinctions between journals, publishers, or publishing practices that are predatory and those that are not will be incomplete, subject to dispute, and out-of-date from the moment it is conceptualized.
Les journaux prédateurs ne sont pas la seule possibilité pour frauder le système… L’introduction est longue et en pages 24 et 25, les pratiques de D Raoult pendant la pandémie sont dénoncées. Avec un exemple : la vidéo YouTube sur l’article fraudé de DR a été beaucoup plus regardée que les vidéos rapportant des recherches de qualité. L’introduction se termine sur des considérations à propos de la diversité, de l’équité et de l’inclusion…. avant de résumer les chapitres. J’ai traduit quelques phrases ….
Chapitre 1 ‘Ethical, Legal, and Policy Issues in the Knowledge Creation Paradigm: The Case of OMICS International, Open Access, and “Predatory” Publishing’
Si vous ne connaissez pas ces scandales OMICS, les procès… tout y est. Le message : Envisager l’édition prédatrice d’un point de vue économique, en particulier, soulève d’importantes questions sur les bénéficiaires de l’édition prédatrice et des conférences prédatrices. C’est l’occasion d’examiner les différentes motivations en jeu dans ce jeu complexe de « pay to play » ou de « pay to publish trash », comme l’appelle le gouvernement indien.
Chapitre 2 ‘Open Science, Open Data’
L’ouverture est souvent présentée comme l’antidote à tous les problèmes qui existent dans l’édition savante. Le raisonnement est le suivant : si nous parvenons à une plus grande transparence dans les pratiques d’édition, les éditeurs prédateurs ne seront plus incités à poursuivre leurs activités. Plus précisément, selon ce raisonnement, l’édition prédatrice a pu prospérer parce qu’une grande partie de l’édition universitaire se déroule dans une boîte noire, derrière des portes closes.
Chapitre 3 ‘Research quality’
Ce chapitre propose un examen approfondi des différentes composantes de la production des connaissances scientifiques, de la manière dont les parties prenantes conçoivent la qualité dans ces domaines et des défis qu’elles doivent relever pour protéger l’intégrité des connaissances scientifiques à mesure qu’elles franchissent les étapes de la formation des étudiants diplômés, de la conduite de la recherche, de l’approbation de la recherche et enfin de sa publication dans un système de plus en plus périlleux.
Chapitre 4 ‘Scientific Hoaxes and the Predatory Paradox: Past, Present, and Future’
Ce chapitre révèle que les canulars scientifiques compliquent encore davantage toute distinction nette entre les revues prédatrices et celles qui ne le sont pas. Dans certains cas, les canulars ont révélé que certaines revues étaient prédatrices. Mais dans d’autres cas, ils ont eu des effets plus importants que ceux prévus par l’auteur, révélant des faiblesses majeures ou des pratiques frauduleuses non seulement dans des revues ou des éditeurs soupçonnés d’être prédateurs, mais aussi dans les revues les plus prestigieuses et les plus respectées.
Chapitre 5 ‘Avoiding the Pitfalls of Predatory Publishing’
Karin Ardon-Dryer se penche sur l’importante question de savoir comment les nouveaux chercheurs s’intègrent dans le monde de l’édition scientifique. Depuis toujours, les chercheurs plus établis sont confrontés à la tâche de former la nouvelle génération, mais en même temps, cette nouvelle génération est confrontée à des défis jamais imaginés par leurs collègues plus âgés.
Chapitre 6 ‘What’s Being Taught about Predatory Publishing?’
Ce chapitre décrit toutes les formations nord-américaines dans ce domaine, mais montre que tous les efforts existants sont insuffisants.
Chapitre 7 ‘Predatory Paradoxes: What Comes Next?’
Les auteurs examinent les malentendus et les perceptions erronées que de nombreuses personnes ont au sujet de l’édition prédatrice et fournissent aux lecteurs des informations précises et complètes pour combattre ces malentendus et ces perceptions erronées. Ils préconisent une vision de l’édition prédatrice qui met l’accent sur les zones d’ombre et la responsabilité individuelle, plutôt que sur des listes ou des distinctions rigoureuses entre les revues ou les éditeurs qui sont prédateurs et ceux qui ne le sont pas. Dans ce dernier chapitre, les auteurs espèrent laisser aux lecteurs un ensemble d’outils et de connaissances qui les préparent à réussir dans le jeu de l’édition savante et à équiper de la même manière ceux qui viendront après eux.