Journée dense au Congrès mondial de l’intégrité scientifique. Toujours deux impressions : la prise en compte des paper mills par les journaux scientifiques est complexe… et ce congrès est sous une emprise médicale, comme si d’autres disciplines n’avaient pas de méconduites.
The 7th WCRI Cape Town statement on fostering research integrity through fairness and equity one year on
Il y a deux ans, la déclaration du Cap (Afrique du Sud) avait été diffusée. Cette session a fait un bilan avec trois communications :
- « The Cape Town statement on fostering research integrity through fairness and equity: A recap and overview”, Lyn Horn, University of Cape Town
- “Benchmarking academic editor diversity at Springer Nature journals”, Ed Gerstner, Springer Nature. Bonnes réflexions sur les comités de rédactions des revues du groupe Springer Nature qui montrent que la situation bouge et s’améliore, mais on part de loin. Dans l’image ci-joint, des chiffres sans commentaires : Afrique, Amérique latine, Asie du sud n’existent pas au sein des journaux scientifiques… Comment changer et pourquoi changer ? Très bonne présentation.
- “From principles to practice: using equitable partnership tools to action the Cape Town Statement”, Michelle Brear, University of Witwatersrand and Association Of Commonwealth Universities (ACU). Une présentation détaillée et intéressante de la boîte à outils de l’ACU sur les partenariats de recherche équitables ?
Plénière : Addressing the challenge of paper mills through research and policy
Les éditeurs ont beaucoup de mal pour juguler ce tsunami apparu il y a une dizaine d’années mais qui augmente beucoup.
• “Paper mill submissions – identifying red flags for moving targets”, Lisa Parker, University of Sydney
• “How research paper mills avoid consequences of journal de-indexing”, Thomas Stoeger, Northwestern University
• “United2Act on paper mills: an update”, Deborah Kahn, Committee on Publication Ethics
Quelques informations
Beaucoup de présentations sur des projets européens : c’est une chance que nous avons en Europe car des budgets existent dans le domaine de l’intégrité.
Avec intérêt, j’ai écouté des sessions sur les données individuelles des patients dans les méta-analyses : trop de données montrent que ces données devraient être obligatoirement utilisées pour les méta-analyses. Faut-il arrêter de prendre en compte ces méta-analyses faites sur articles sans les données sources des patients ?
Pour les revues systématiques, nous avons eu une présentation sur un outil qu’il faudra prendre en compte : Academic and research misconduct among Development of a tool (INSPECT-SR) to identify problematic randomised controlled trials in systematic reviews of health interventions, par Jack Wilkinson, University of Manchester. Le protocole de INSPECT-SR est publié… la grille arrive.
Je cite un tweet de E Bik, car je n’ai pas assisté : Hopping to a different room and catching the end of Ben Mol’s talk. Ben is saying that 30-40 % of all clinical trial papers in his field (Ob/GYN) are fraudulent. This is causing women and children to suffer and “we just don’t care”. Why does take retraction so long? Un orateur qui parle avec émotion, mais qui ne semble pas totalement clair… des remarques de couloir… Il attaque en public COPE qui n’a pas la mission d’investiguer des cas litigieux.
La conclusion par une bonne conférence de JPA Ioannidis qui recycle des diapos anciennes…
Une proposition de taxonomie de la désinformation originale et utile
Je n’ai pas les diapos, et je copie une partie de l’abstract (OP21.1) : Results: We propose a foundational taxonomy of scholarly disinformation. We mapped concepts into three key categories: Actors (who), Venue (where), and Methods (how). A fourth category – Motivation – briefly explores why people spread and their venues disinformation; however, this result fell beyond the scope of this research.
1. Actors are the entities who knowingly or unknowingly propagate the disinformation. They have three subcategories: individuals, organizations, and governments.
2. The Venue is where or what was used as the structure of disseminating the mis- or disinformation and fell into This category encapsulates where and how the disinformation is disseminated, encompassing three subcategories: journals (including scholarly and mock-scholarly publications), events (such as conferences), and media (ranging from social media to websites).
3. The methods for how scholarly disinformation propogates include using deceptive techniques of scholarly communications (e.g., manipulating the publishing process), gaming mainstream media (e.g., manufacturing controversy), and leveraging judicial systems (e.g., filing lawsuits).
Un commentaire
D’abord une remarque (que j’ai souvent faite ici… et ailleurs) : je considère très inadéquat d’appeler « méta-analyse » un travail qui ne compile pas des données individuelles, dont la compatibilité a été vérifiée ou corrigée. Trop souvent, on appelle ainsi des revues de littérature qui ne le méritent pas, même quand elles adoptent une méthode systématique correcte pour globaliser les résultats des différents échantillons de population étudiés.
Ensuite, concernant la place de la médecine dans l’éthique de publication, force est de reconnaître que les enjeux pour la société sont d’une tout autre nature (qu’en astrophysique par exemple), que les biais conscients et inconscients sont particulièrement inhérents à la nature des objet étudiés, et surtout que des forces économiques énormes la contraignent. Raison de plus pour en parler ouvertement, même si cette attitude exemplaire pourrait laisser croire aux profanes que la médecine est la plus viciée des sciences.