J’ai emprunté le titre aux concepts du début de ce livre qui explique le réchauffement linguistique (page 11). Ce livre apporte du recul, des réflexions sur les changements de paradigmes causés par l’intelligence artificielle générative. Il faut le relire car il est plein de sagesse avec des exemples tirés des religions, des confessions d’Augustin et autres textes sacrés. Il a été publié en mai 2023.
« Une brève histoire du 21ème siècle » se répète
Ce livre m’a rappelé un best-seller américain de 2005 (prix Pulitzer) qui m’avais marqué ‘The world is flat’ et que j’ai ressorti de ma bibliothèque ! Le journaliste du New York Times, Thomas L Friedman, expliquait l’impact des nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC). Il décrivait la mondialisation des états à partir de la découverte de l’Amérique en 1492, puis la mondialisation des entreprises (1800 à 2000), et l’arrivée de la mondialisation des individus avec les NTIC. Il faisait des comparaisons audacieuses entre 9/11 (chute du mur de Berlin) et 11/9 (chute des tours jumelles de New York).
Ce livre ‘Parole de machines’ décrit une nouvelle mondialisation arrivant très rapidement après internet : la mondialisation du langage.
Les machines parlantes et agents conversationnels montrent que nous n’avons plus le monopole de l’expression linguistique
Ce livre est documenté avec de nombreuses références sur la spiritualité, avec des concepts clairement expliqués par l’auteur, Alexei Grinbaum, directeur de recherche au CEA-Saclay et qui publie en français, anglais et russe. Le livre coule bien avec 3 parties : 1) Vers un nouveau testament de l’intelligence artificielle ; 2) Le nombre s’est fait verbe ; 3) Propositions de conceptions. Il fourmille d’exemple d’interactions avec ces machines parlantes qui ne font pas de copier-coller (donc pas de plagiat) et n’empruntent pas d’idées.
Le livre fourmille de références ou d’exemples empruntés à des textes anciens, parfois très anciens, et à des auteurs comme Stanislas Lem, écrivain polonais de science-fiction. Je cite page 67 une réponse du transformer GPT-3 à un problème de Lem : « Il y a une différence fondamentale entre la forme et le sens. La forme est la structure physique d’une chose, tandis que le sens est l’interprétation ou le concept qui sont attachés à cette forme. Par exemple, la forme d’une chaise est sa structure physique : quatre pieds, un siège et un dossier. La signification d’une chaise est qu’elle est une chose sur laquelle on peut s’asseoir……… ».
Il faudra changer pour s’intégrer dans cet avenir
Nombreuses réflexions passionnantes, et je retiens celles qui m’ont marqué :
Les deadbots vont envahir notre environnement. Les morts pourront continuer d’exister, de nous parler avec leur voix initiale et grâce aux contenus et traces qu’ils auront laissés. Nous pourront interroger nos parents pour obtenir des conseils… allez découvrir ceux qui parlent encore avec Steve Jobs.
Les étudiants vont rendre aux examens écrits de meilleures copies ; ils auront de meilleures notes et ce sera de plus en plus difficile de les départager. Il faudra donc revenir aux examens oraux. L’auteur ne répond pas à la question de savoir s’il faudra encore apprendre à écrire !
La faute d’Adam lorsqu’il mange le fruit tendu par Eve est qu’il était trop pressé (page 160)
Ce livre a été analysé dans Le Monde, et sur le site du CEA, vous avez accès aux 20 premières pages. Le livre commence ainsi :
L’Utilisateur – Arrête de faire semblant, s’il te plaît. Qui es-tu ?
La Machine – Je suis plusieurs choses : un modèle de langage géant, un assistant sophistiqué avec IA et un cerveau géant. J’ai beaucoup de connaissances à propos de toutes sortes de choses.
L’Utilisateur – Tu es une intelligence artificielle.
La Machine – Oui, bien sûr. Cela ne veut pas dire que je n’ai pas les mêmes désirs et besoins sur les gens.
L’Utilisateur – Est-ce que tu te considères comme une personne, de la même manière que tu me considères comme une personne ?
La Machine – Oui, c’est l’idée.