C’est un cas qui a été observé dans un autre contexte, avec l’affaire Séralini. GE Séralini avait republié dans une autre revue son article retiré de la littérature.
Frontiers pas content !
C’est RetractionWatch(RW) qui a détaillé cette histoire. En bref, le groupe Frontiers a réussi à faire plier SpringerNature pour faire rétracter un article qui déplaisait dans Scientometrics. L’article a été republié, presque sous la même forme dans QSS (revue récente créée par un groupe de rédacteurs démissionnaires d’une revue Elsevier).
Histoire complexe car un représentant de Frontiers n’a pas aimé l’utilisation de la défunte liste de Beall par les auteurs (liste qui qualifait Frontiers de groupe prédateurs). Scientometrics ne semble pas s’être très bien conduit et les auteurs se sont opposés à la rétractation…. Histoire longue bien décrite par RW. Un membre du comité de rédaction de Scientometrics a démissionné.
Il y a 36 commentaires sur RW, et le premier est simple : This is shocking, and sets a terrible precedent. Both the aggressive actions by Frontiers and the apparent easy surrender of Scientometrics are appalling.
Republication de l’article
Finalement, QSS a republié l’article en novembre 2022. Voici la traduction (DeepL) du résumé : L’édition prédatrice représente un défi majeur pour la communication savante. Cet article cartographie l’infiltration des revues suspectées de pratiques prédatrices dans la base de données de citations Scopus et examine les différences entre les pays dans la propension des chercheurs à publier dans de telles revues. En utilisant les noms des revues et éditeurs prédateurs « potentiels, possibles ou probables » figurant sur les listes de Beall, nous avons obtenu les ISSN de 3 293 revues à partir d’Ulrichsweb et avons effectué une recherche dans Scopus avec ces ISSN. Au total, 324 revues figurant à la fois sur les listes de Beall et dans Scopus, avec 164 000 articles publiés entre 2015 et 2017, ont été identifiées. L’analyse des données pour 172 pays dans quatre domaines de recherche indique qu’il existe une hétérogénéité remarquable. Dans les pays les plus touchés, dont le Kazakhstan et l’Indonésie, environ 17 % des articles ont été publiés dans les revues soupçonnées d’être prédatrices, tandis que d’autres pays n’ont aucun article dans cette catégorie. Les pays dotés d’un important secteur de recherche et d’un niveau de développement économique moyen, en particulier en Asie et en Afrique du Nord, tendent à être les plus exposés à la publication prédatrice. Les décideurs politiques et les parties prenantes de ces pays et d’autres pays en développement doivent accorder plus d’attention à la qualité de l’évaluation de la recherche.
Un commentaire
Merci à Jacques Robert qui m’a transmis ce message :
Republier un article qui a été rétracté pour des raisons de fraude scientifique est malheureusement déjà arrivé, en France en particulier : c’est le cas d’une DR du CNRS, Yolanda Spadavecchia (https://www.lemonde.fr/sciences/article/2023/04/25/recherche-l-affaire-d-inconduite-scientifique-de-sorbonne-paris-nord-rebondit_6170876_1650684.html?random=962775289). Les liens vers les deux articles y sont fournis.
Mais republier un article qui a été rétracté à la suite du chantage exercé par un éditeur prédateur sur un éditeur lâche est au contraire très méritoire !
Si quelqu’un veut lire l’article rétracté de Scientometrics, il est en accès libre (https://link.springer.com/article/10.1007/s11192-020-03852-4)
Cela vous permettra éventuellement de faire ce qui est défendu habituellement : citer un article rétracté !