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La guerre Lancet BMJ continue… et tout n’est pas très amical ! Le BMJ est devenu une revue activiste…

Points clés

TamifluDans le passé, les rédacteurs en chef du Lancet et du BMJ s’entendaient très bien, et encore en 2014, le rédacteur actuel du Lancet, Richard Horton, s’entend bien avec l’ancien rédacteur du BMJ, Richard Smith. Mais entre R Horton, et Fiona Godlee, rédactrice en chef du BMJ depuis 2005, les relations sont difficiles. Cela a commencé avec les 3 articles du BMJ démontant l’affaire Wakefield, avec rétractation d’un article du Lancet.

Le mois dernier, quelques lettres ont été publiées dans le BMJ contre un article du Lancet Respiratory Medicine (accepté en fast track). Il s’agit des controverses autour de l’efficacité de Tamiflu.

  • The Lancet Respiratory Medicine a publié un article (mise en ligne 19 mars 2014, publication dans le numéro de mai 2014) : méta-analyse dont voici le chapitre résultats du résumé : « We included data for 29 234 patients from 78 studies of patients admitted to hospital between Jan 2, 2009, and March 14, 2011. Compared with no treatment, neuraminidase inhibitor treatment (irrespective of timing) was associated with a reduction in mortality risk (adjusted odds ratio [OR] 0·81; 95% CI 0·70—0·93; p=0·0024). Compared with later treatment, early treatment (within 2 days of symptom onset) was associated with a reduction in mortality risk (adjusted OR 0·48; 95% CI 0·41—0·56; p<0·0001). Early treatment versus no treatment was also associated with a reduction in mortality (adjusted OR 0·50; 95% CI 0·37—0·67; p<0·0001). These associations with reduced mortality risk were less pronounced and not significant in children. There was an increase in the mortality hazard rate with each day’s delay in initiation of treatment up to day 5 as compared with treatment initiated within 2 days of symptom onset (adjusted hazard ratio [HR 1·23] [95% CI 1·18—1·28]; p<0·0001 for the increasing HR with each day’s delay). » C’est rare d’avoir des méta-analyses à partir des données des patients… travail impressionnant.
  • Le même jour, 19 mars, une journaliste du BMJ, Zosia Kmietowicz, a publié une note pour dire que ces résultats étaient faux, en se basant sur l’interview d’un chercheur australien « a crude analysis of the data shows an increased risk of mortality associated with neuraminidase inhibitor treatment,” suggesting that the finding of a reduced risk of death was incorrect. Il demande l’accès aux données sources. Et ensuite des ‘rapid responses’ ont été mises en ligne :

  • Le 26 mars, puis le 2 avril, dans le BMJ, réponse point par point aux critiques de Jones ;
  • Le 4 avril, dans le BMJ, une position du principal coordinateur de l’étude du Lancet pour dire que ces discussions auraient dû être adressées au Lancet Respiratory  Medicine, avec droit de réponse des auteurs plutôt que d’être lancées sans avertir dans le BMJ ;
  • Le 25 avril dans le BMJ, une réponse de JA Tucker, USA, expliquant que ces discussions nuisent à la réputation des revues, surtout du BMJ, car il existe des trop nombreux conflits d’intérêts..  et il explique que le BMJ est un journal partisan, avec ses diverses campagnes…
  • Le 25 avril, Fiona Godlee, rédactrice du BMJ, défend la position du BMJ qui critique d’autres articles, sans parfois donner un droit de réponse immédiat…  mais expliquant qu’il faut bien lire toutes les réponses…

Qui gagne ? Qui perd ? Difficile à dire car ce sont des dialogues de sourds…  En tout cas, la science est perdante, et le grand public paumé. L’activisme du BMJ pose problème : les contradicteurs auraient dû envoyer leurs critiques au Lancet..  mais les pratiques des 2 revues sont différentes. The Lancet lit bien les lettres, donne des droits de réponse, publie dans les numéros suivants, etc.. alors que le BMJ met tout en ligne immédiatement. Quelle est la meilleure stratégie ? Je ne sais pas….

Attendons de voir d’éventuelles lettres dans Lancet Resp Med !

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8 commentaires

  • Peut-être conviendrait-il de rappeler quelques faits pour expliquer le comportement du BMJ :
    . D’abord la méta-analyse publiée dans Lancet Respiratory Medicine a été sponsorisée par le fabricant du Tamiflu
    . la Cochrane Collaboration et le BMJ ont bataillé pendant des années pour que le fabricant du Tamiflu rende publiques toutes les données de recherche.
    Quand on se souvient de la façon avec laquelle le Tamiflu a été poussé lors de la saga H1N1 n’a-t-on pas des raisons d’être, comme vous dites, activiste ?

    Répondre
  • …et Robert Dingwall serait un exemple d’objectivité [n’est-ce pas la qualité que l’on oppose aux activistes, aveuglés par leurs passions ?] quand il parle de talibanisation de la collaboration Cochrane et qu’il qualifie Jefferson d’anti-vaccine ? [ à vos drones….]
    Trish Groves, du BMJ, a consacré trois billets à cette affaire. Le dernier : http://blogs.bmj.com/bmj/2014/04/25/trish-groves-media-reaction-to-the-updated-cochrane-reviews-on-tamiflu-and-relenza/
    La discussion sur la méthodologie m’échappe malheureusement. J’en reviens donc à l’histoire pour éclairer le paysage : Peter Doshi – oui je sais de Cochrane – rappelait en 2012 « the Food and Drug Administration (FDA), which approved Tamiflu in 1999 and was aware of these same clinical trials, concluded that Tamiflu had not been shown to reduce complications, and required an explicit statement in the drug’s label to that effect [9]. FDA even cited Roche, Tamiflu’s manufacturer, for violation of the law for claims made to the contrary ». http://www.plosmedicine.org/article/info%3Adoi%2F10.1371%2Fjournal.pmed.1001201
    Pour les oublieux, le même Doshi, utilisant le logiciel Wayback Machine, avait montré que l’OMS avait subrepticement modifié sa définition de la pandémie.

    Répondre
  • Juste un détail : « But in the US, the last patent (there are three) expires in June 2017, so in the not too distant future, oseltamivir will be generic and the cost of keeping a stockpile should decline considerably – unless this and other reviews cause governments to decide that they don’t need a stockpile after all. Relenza goes off patent around the end of this year – it will be interesting to see if/when a generic emerges. »
    C’est une citation trouvée en commentaire à cet article : http://www.sciencebasedmedicine.org/new-evidence-same-conclusion-tamiflu-only-modestly-useful-for-influenza/

    Répondre
  • Je n’ai pas trouvé – pour avoir mal cherché ?- d’articles en français sur cette affaire, excepté celui de l’agence de presse québecoise Agence Science.Presse intitulé Les leçons du Tamiflu : tout publier (l’article n’évoque cependant nullement la guerre éditoriale accompagnant cette controverse autour du Tamiflu )http://www.sciencepresse.qc.ca/actualite/2014/04/17/lecons-tamiflu-publier
    L’agence de presse ( à propos de laquelle je n’ai pas trouvé d’info juridique ) a-t-elle intégré le blog (blogue en français canadien) Rédaction Médicale et Scientifique dans le recueil qu’elle publie ? (http://www.sciencepresse.qc.ca/blogue/2014/05/12/blogues-scientifiques-francophones-livre-dune-communaute ) 😉 ?

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  • Bonjour,
    merci pour vos commentaires sur une question difficile. Reconnaissons quand même que The Lancet est une revue aussi respectueuse que le BMJ, et que l’acceptation de la méta-analyse a dû être réfléchie. Dire que parce que le fabriquant sponsorise, cela est obligatoirement biaisé est un raccourci que j’observe souvent. Je crois que les biais et conflits d’intérêts sont présents dans toutes les organisations, et je n’ai pas d’arguments pour dire qu’il y en a plus dans certaines organisations… Le reste est affaire d’opinions.
    Sur le fond, je ne suis pas compétent pour évaluer la qualité de la méta-analyse, mais je constate qu’elle a été faite à partir des données des patients, ce qui n’est pas le cas de beaucoup de méta-analyse. J’ai regardé les avis d’Antoine Flahault sur des blogs (http://virchowvillerme.eu/tag/tamiflu/) , et je résume ses avis « « Le Tamiflu réduit la probabilité de transmission, en diminuant la charge virale chez celui qui le prend à titre curatif ou en diminuant le risque de contamination chez celui qui le prend à titre préventif. Le Tamiflu réduit aussi de un jour la durée de la période contagieuse, ce qui représente une action sur le taux de reproduction de l’ordre de 30%. »
    Il y a très probablement un dialogue de sourds entre les experts en faveur et contre ce médicament….. C’est probablement un bon médicament pour la collectivité, mais moins actif pour un cas individuel.. Mérite réflexion
    La citation est reprise de Rue89 http://rue89.nouvelobs.com/2009/12/21/du-tamiflu-gratuit-pour-tous-les-generalistes-scandalises-130898

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  • Merci de votre réponse. Chaque commanditaire d’une étude peut bien sur imprimer sur celle-ci la trace d’un intérêt financier ou « politique ». C’est pourquoi il convient d’être clair dans les déclarations d’intérêts dont certains sont plus facilement décelables et impératifs que d’autres. Pour ma part, en soulignant que l’étude publiée dans le Lancet avait été sponsorisée par Roche je voulais non pas disqualifier à priori cette étude mais expliquer que ce soutien pouvait expliquer la pugnacité du BMJ.
    Ne trouvez-vous pas étonnant de ne guère trouver d’informations en français au sujet de ces controverses ( sur le Tamiflu et sur le conflit éditorial Lancet/BMJ ) ?
    Ben Goldrace – partie prenante au conflit – décrit bien le comportement de Roche : http://www.theguardian.com/business/2014/apr/10/tamiflu-saga-drug-trials-big-pharma

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