La bonne nouvelle : nous avons une information régulière sur les dérives de la science, et cette information existe dans tous les médias. Nous avons vu que la presse grand public, Le Monde par exemple (mai 2015), a alerté sur les faussaires des labos.
Eh bien, le 11 mai 2016, c’est encore une tribune dans la prestigieuse revue Nature. Daniel Sarewitz est à Washington, et co-directeur du Consortium for Science. Le titre est suffisant : ‘The pressure to publish pushes down quality’, avec pour sous-titre : ‘Scientists must publish less, or good research will be swamped by the ever-increasing volume of poor work’.
Il commence par asséner ces chiffres que nous recevons tous pour nous informer des téléchargements, lectures de pages internet, citations de tous types, y compris Facebook and Twitter.. Nous recevons des chiffres flatteurs sans nous rendre compte qu’ils ne veulent rien dire. Les chercheurs mettent sur des CV des indicateurs qui viennent de Thomson Reuteurs ISI, Google Scholar, Elsevier, etc.. et avec leurs employeurs, ils deviennent obsédés par la productivité.
Dans cet éditorial, des citations de 1963 expliquant que la croissance des chercheurs et des publications serait ingérable…. Mais sans envisager que la qualité allait diminuer : des lignées cellulaires de cancer du sein ont été utilisées dans plus de 1000 publications avant de s’apercevoir qu’il s’agissait de lignées de mélanome ; estimation que 10 000 articles par an doivent citer un travail basé sur des lignées cellulaires contaminées ; etc… et ceci doit arriver dans toutes les disciplines.
Allez relire les séries du Lancet sur le gaspillage de la science : tout y est ! Cet éditorial est pessimiste : ces problèmes ne seront pas résolus par de meilleures statistiques et de meilleures pratiques de laboratoire.
La mauvaise nouvelle est toujours la même : les institutions ne bougent pas, et comme dit R Horton (Lancet) : tout le monde attend que le voisin montre le chemin !
Un commentaire
Et bien Olivier Ertzscheid montre sinon LE chemin du moins un sentier, lui qui affirme qu’il ne publiera plus jamais d’article dans une revue scientifique : http://rue89.nouvelobs.com/2016/05/19/publierai-plus-jamais-revue-scientifique-264077 ou sur son blog, en date du 17 mai 2016 : http://affordance.typepad.com//mon_weblog/