Les registres de protocoles (avec dépôt ultérieur des résultats) en médecine clinique sont devenus obligatoires pour publier une recherche. Ces registres sont utilisés dans d'autres domaines, par exemple pour les revues systématiques. Le dépôt d'un protocole avant la recherche est une mesure pour s'assurer de l'intégrité de la recherche. Si des analyses non prévues au protocole sont faites à posteriori, ce qui est possible, c'est alors clairement expliqué. Les registres de données sources des publications se sont beaucoup développés.
Que faut-il faire pour les recherches animales ? Enregistrer les protocoles avant les recherches, enregistrer tous les résultats ? Cela semble compliqué pour de multiples raisons, et l'article publié dans PLOS Biology en novembre 2016 est excellent. Il s'intitule "Animal Study Registries: Results from a Stakeholder Analysis on Potential Strengths, Weaknesses, Facilitators, and Barriers". Il est signé par 3 chercheurs (allemands/canadiens) qui travaillent en sciences sociales, domaine de la santé. Ils ont analysé 11 articles, bien sélectionnés, et interviewé 21 chercheurs. Les dérives de la recherche animale ont été exposées par PLOS Biology et PLOS Medicine. Ces recherches animales seraient très mauvaises, et conduisent à des gaspillages. Plus généralement, plus de 50 % des études précliniques (dont l'animal) ne seraient pas reproductibles, soit près de 30 milliards gaspillés chaque année aux USA !! Un autre article de PLOS Biology (décembre 2016) explique que si les études animales devaient soumettre un protocole à un peer reveiw, et à un comité d'éthique, il y aurait moins de risques pour les animaux !!! Le titre : "Authorization of Animal Experiments Is Based on Confidence Rather than Evidence of Scientific Rigor". Et en janvier 2017, PLOS Biology continue en proposant de revoir la recherche animale :"The Sharing Experimental Animal Resources, Coordinating Holdings (SEARCH) Framework: Encouraging Reduction, Replacement, and Refinement in Animal Research".
Les 130 FWSB (Facilitators, Weaknesses, Strengths, Barriers) méritent lecture. J'ai traduit des extraits des résumés de cet article :
Les multiples contributions au cours des dernières années sur le «biais de publication» et la «crise de reproductibilité» dans la recherche animale ont initié un débat sur l'opportunité et l'opportunité d'établir des registres d'études animales (Animal Study Registries ou ASR) analogues aux registres d'essais cliniques. Les débats récents ont suivi des lignes d'argumentation assez larges et ont conclu que les décisions futures sur les ASR dépendaient d'une meilleure connaissance des caractéristiques pertinentes des ASR et des intérêts contradictoires des parties prenantes. Il est nécessaire de disposer de données plus qualitatives mais systématiques à cet égard. L'objectif principal de cette étude était de présenter un spectre systématiquement dérivé de toutes les forces, faiblesses, facilitateurs et barrières pertinentes (SWFB) pour les ASR. Une revue de la littérature systématique et 21 entretiens avec des experts de la recherche préclinique et clinique, de l'industrie et des organismes de réglementation ont été réalisés pour atteindre cet objectif. Nos enquêtes ont abouti à un compte rendu exhaustif et structuré de 130 questions et arguments autour des ASR. Le spectre complet des arguments et des questions autour des ASR, élaboré par des méthodes systématiques et transparentes, permet d'équilibrer le débat en cours et de faciliter ainsi une élaboration de politiques plus fondée sur des données probantes.
Il y a des arguments pour disposer d’ASR, mais certains pensent que l’enregistrement d'études animales pourrait diminuer la créativité, ajouter des charges administratives et compliquer les questions de propriété intellectuelle dans la recherche translationnelle. Tous les groupes d'intervenants ont convenu que les RSA pourraient, de diverses manières, améliorer la qualité des études sur les animaux tout en permettant de réduire leur nombre. Des mesures pourraient inclure des délais de confidentialité pour l'accès aux protocoles enregistrés prospectivement, des exigences de déclaration harmonisées dans les ASR, des examens d'éthique, des cahiers de laboratoire et des soumissions de revues.