Nous avons déjà évoqué des rétractations spontanées par des prix Nobel, comme JW Sczostak qui a rétracté deux de ses articles. Il y en a eu d’autres. RetractionWatch, le 2 janvier 2020, a expliqué ce qu’a fait Frances Arnold en demandant à Science de rétracter un article qu’elle avait cosigné. Elle a partagé le prix Nobel 2018 de chime et explique que dans une période d’euphorie, elle ne pouvait pas tout contrôler dans son laboratoire. Elle n’a pas pu reproduire une expérience et demande la rétractation. Elle l’a annoncé dans un tweet en s’excusant vis à vis de ses collègues. Science a vite publié la rétractation suivante : « After publication of the Report “Site-selective enzymatic C‒H amidation for synthesis of diverse lactams”, efforts to reproduce the work showed that the enzymes do not catalyze the reactions with the activities and selectivities claimed. Careful examination of the first author’s lab notebook then revealed missing contemporaneous entries and raw data for key experiments. The authors are therefore retracting the paper« . L’histoire est aussi sur BBC News, dans The Guardian, ainsi que sur Forbes, etc…
Cet exemple est très vertueux, car nous connaissons tous des chercheurs qui devraient spontanément rétracter des articles car ils savent qu’ils ne sont pas reproductibles, ou qu’ils savent que des données volontairement omises auraient changé les conclusions… J’ai entendu des histoires de ce type. Faudrait-il rétracter 500 000 articles par an ?
Je vous suggère de relire l’excellent billet de Sylvestre Huet : « Rétracter un article scientifique a du bon« . Il semble expliquer que les institutions françaises ne font pas toujours ce qu’elles devraient faire pour demander des rétractations. Je suspecte les institutions de protéger leur image avant de signaler des erreurs pour rétracter… Combien de responsables haut-placés connaissent des articles qui devraient être rétractés, et ils ne font rien, alors que ce serait facile d’écrire aux revues….
2 commentaires
Je connais l’histoire d’un haut responsable d’une institution de recherche française qui a cherché à faire rétracter des articles à problèmes de chercheurs de sa propre institution. Eh bien, les revues lui auraient répondu que seuls les auteurs pouvaient faire la démarche.
Quant au cas de la Ministre Vidal évoqué par Sylvestre Huet, voici un cas d’étude qui fera date car elle se trouve au sommet de la hiérarchie qui aurait autorité sur les signataires de la publication dont la rétraction a finalement été demandée par 4 de ses 8 co-auteurs (la Ministre faisant donc partie des 4 co-auteurs n’ayant pu être joints par la revue).
Ce seul exemple ridiculise tout le reste, et porte un message très explicite aux jeunes chercheurs, ceux-là même qui remporteront finalement les compétitions féroces voulues par l’actuel PDG du CNRS (vous savez, l’histoire de la loi sur la recherche qui serait plus « inégalitaire » et « darwinienne »).
Ce n’est là qu’un arbrisseau qui cache une forêt de résultats fallacieux.
Plutôt que compter sur d’improbables rétractations, il est plus sage de ne tenir aucun compte des trop nombreux travaux non reproduits.