L’actualité COVID-19 a permis de discuter d’un article très critiqué par les scientifiques (effet de l’hydroxychloroquine). Cet article, publié par la revue International Journal of Antimicrobiol Agents (facteur d’impact de 4,6), quelle que soit sa qualité devrait être cité. Ceci augmentera le facteur d’impact de la revue. Il sera d’abord cité par tous les auteurs qui voudront expliquer les nombreux biais méthodologiques et il sera aussi cité par son exposition médiatique. Ce deuxième argument est basé sur des travaux intéressants.
J’aime bien le travail fait par des chercheurs bordelais dans le domaine de la diffusion des données de la recherche. Un article de février 2020 a été publié dans Scientometrics avec le titre ci-dessous (image). C’est un article, que vous lirez avec plaisir. Je me suis permis de traduire ci-dessous le résumé intégral :
Le concept de médiatisation postule une orientation croissante de la science vers les médias grand public. En reprenant ce concept, nous avons émis l’hypothèse que si la science est effectivement médiatisée, les études rapportées dans les journaux recevront un plus grand nombre de citations. Trois études, portant sur des publications dans quelques revues scientifiques prestigieuses et sur une seule année, ont déjà montré un avantage de citation pour les études présentées dans la presse. Nous avons analysé le nombre de citations de 496 études biomédicales publiées entre 1988 et 2013 dans 38 revues distinctes évaluées par des pairs, avec des facteurs d’impact allant de 5 à 51,7. Pour démêler les effets du facteur d’impact et de la couverture médiatique sur le nombre de citations, nous avons associé des études couvertes dans des journaux anglophones à des études similaires (c’est-à-dire sur le même sujet publiées la même année et dans la même revue scientifique) non rapportées dans la presse. Nous avons confirmé que, pour l’ensemble de la période, les études rapportées dans les journaux ont reçu en moyenne plus de citations. En comparant trois niveaux de facteurs d’impact, nous avons montré que l’avantage des citations était plus prononcé pour les facteurs d’impact les plus faibles (IF < 10). Parmi les études publiées dans des revues à facteur d’impact élevé (IF ≥ 30), seules celles couvertes par au moins 10 articles de journaux ont reçu un nombre de citations plus élevé. La couverture dans les journaux influents conduit à un avantage de citation plus important. Ces observations soulèvent des inquiétudes quant à l’influence des médias sur la communication et la diffusion de la recherche.
Je remercie Estelle Dumas-Mallet