La désinformation est de mise sur le COVID-19 car des chercheurs sont attirés par le sensationnel plutôt que par produire des résultats validés qui demandent du temps. Je vous laisse vous faire votre opinion sur ce que dit le Pr D Raoult dans la Provence (21 mars 2020) : "Dans mon monde, je suis une star mondiale, je ne suis pas du tout à contre-courant. Je fais de la science, pas de la politique."… Lisez tout l'article !
Je regarde au hasard les preprints, et je suis étonné par le nombre d'articles. Il y a déjà des revues systématiques qui apparaissent : c'est n'importe quoi ! Je vous rappelle qu'une bonne revue systématique demande 61 semaines, 5 personnes et inclut 3 % des articles !
- L'Inserm, avec ses partenaires d'Aviesan, a créé un consortium REACTing (REsearch and ACTion targeting emerging infectious diseases). Ce consortium fait une veille de la bonne littérature sur le sujet, en particulier en résumant les articles acceptés par des revues prestigieuses. La mise à jour du 19 mars 2020 est une excellente ressource. Je remercie ce consortium pour l'autorisation d'héberger ce document. Vous pouvez télécharger les dernières versions sur le site REACTing.
- Un preprint déposé sur medRxiv le 20 mars 2020 mérite publicité et lecture tranquille : A brief review of antiviral drugs evaluated in registered clinical trials for COVID–19. Il a été écrit par une équipe parisienne. C'est bien et ce preprint devrait passer un peer-review de qualité pour être publié. De nombreuses études ont été démarrées, mais combien seront de bonne qualité ? Je me suis permis de traduire tout le résumé, car c'est intéressant :
Contexte : Bien qu'un certain nombre d'agents antiviraux aient été évalués pour les coronavirus, il n'existe aucun médicament approuvé. Afin de donner un aperçu du paysage de la recherche thérapeutique pour COVID-19, nous avons procédé à un examen des essais cliniques enregistrés.
Méthodes : Un examen des essais cliniques actuellement enregistrés a été effectué sur les registres, y compris les bases de données chinoise (chictr.org.cn) et américaine (clinicaltrials.gov) afin d'identifier les études pertinentes jusqu'au 7 mars 2020. La recherche a été effectuée en utilisant les termes de recherche "2019-nCoV", "COVID-19", "SARS-CoV-2", "Hcov-19", "new coronavirus", "novel coronavirus". Nous avons inclus les essais cliniques interventionnels axés sur les patients atteints de COVID-19 et évaluant les médicaments ou agents antiviraux.
Résultats : Sur les 353 études identifiées, 115 essais cliniques ont été sélectionnés pour l'extraction des données. Les essais de phase IV ont été le type d'étude le plus fréquemment signalé (n=27, 23 %). Toutefois, 62 essais (54 %) ne décrivaient pas la phase de l'étude. Quatre-vingt pour cent (n=92) des essais ont été randomisés avec une assignation parallèle et le nombre médian d'inclusions prévues était de 63 (IQR, 36-120). Les études ouvertes étaient les plus fréquentes (46 %), suivies des études en double aveugle (13 %) et en simple aveugle (10 %). Les thérapies les plus fréquemment évaluées étaient les suivantes : thérapie par cellules souches (n=23 essais), lopinavir/ritonavir (n=15), chloroquine (n=11), umifenovir (n=9), hydroxychloroquine (n=7), traitement plasmatique (n=7), favipiravir (n=7), méthylprednisolone (n=5) et remdesivir (n=5). Le remdesivir a été testé dans 5 essais avec une médiane de 400 (IQR, 394-453) inclusions prévues par essai, tandis que la thérapie par cellules souches a été testée dans 23 essais, mais avec une médiane de 40 (IQR, 23-60) inclusions prévues par essai. Le lopinavir/ritonavir a été associé au plus grand nombre total d'inclusions prévues (2606), suivi du remdésivir (2155). Seuls 52 % des essais cliniques ont indiqué la dose de traitement (n=60) et seulement 34 % (n=39) la durée. Le principal critère de jugement était clinique dans 76 études (66 %), virologique dans 27 (23 %), radiologique dans 9 (8 %) ou immunologique dans trois études (3 %).
Interprétation : De nombreux essais cliniques ont été enregistrés depuis le début de l'épidémie de COVID-19, cependant, un certain nombre d'informations concernant les médicaments ou la conception des essais faisaient défaut.